Zones rurales: Pourquoi les enseignants fuient
YAOUNDE - 12 SEPT. 2012
© Yvette MBASSI-BIKELE | Cameroon Tribune
Avec ses bâtiments en planches et le sol en terre battue, l’école ne paie pas de mine. Les parents d’élèves ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour atteindre ce niveau.
Avec ses bâtiments en planches et le sol en terre battue, l’école ne paie pas de mine. Les parents d’élèves ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour atteindre ce niveau. En cette période de rentrée scolaire, alors qu’ils ont encore maille à partir avec les fournitures de leurs rejetons, le directeur refuse de remettre sur la table le dossier « maîtres des parents ». A l’étroit avec ceux que l’administration centrale a daigné leur envoyer, le directeur s’est résolu à dispenser les cours dans quatre classes en plus de son travail de coordonnateur de l’établissement. « La situation est vraiment préoccupante. Si je ne procède pas ainsi, nous ne nous en sortirons pas. Nous aurons carrément des salles de classe sans maître. Pour colmater les brèches, je regroupe tous les CM1, puis tous les CM2 pour que tous les enfants soient instruits. Mes trois autres collègues font pareil avec les autres niveaux », explique le directeur. Conscient de la gravité de la situation, il a sensibilisé la communauté à s’impliquer dans l’éducation de ses enfants. C’est dans ce cadre que deux maîtres, payés par les parents ont été recrutés. Ce sont des fils du village ayant poussé les études jusqu’en 3e. « Même s’ils n’ont pas le Bepc, ils nous sont d’une aide précieuse pour la Sil et le CP où ils enseignent pour 15.000 F. par mois », assure le directeur.
La situation de cette école, dans une bourgade enclavée du département de la Lékié, n’est pas exceptionnelle. La plupart des écoles en zone rurale et dans les zones dites d’éducation prioritaire (Zep) sont confrontées au manque criard de maîtres. Trois ou quatre instituteurs pour six classes semble être devenu la norme. Pire, le personnel-enseignant ne se réduit parfois qu’au directeur et à un seul vacataire à certains endroits. La situation a même tendance à devenir banale et paraît paradoxale, quand on sait que des milliers d’instituteurs sont formés chaque année. « C’est un dossier complexe, étant donné que les recrutements se sont arrêtés à la Fonction publique. Avec l’opération de contractualisation des Ivac, 55.000 instituteurs ont été intégrés et priorité a été accordée aux zones reculées. Mais, il en faut manifestement plus », explique un responsable au ministère de l’Education de base.
Au Cameroun, on compte officiellement plus de 11 000 écoles primaires publiques pour 55 266 instituteurs chargés d'encadrer près de 3 millions d'élèves, soit en moyenne un maître pour 54 élèves. Un ratio qui dépasse la norme fixée par l'Unesco : un enseignant pour 45 élèves. De l’avis même d’un syndicaliste du secteur de l’éducation, la gent féminine qui domine les effectifs d’enseignants dans le primaire est pour beaucoup dans le déséquilibre constaté. « « Beaucoup d’institutrices restent dans les villes au prétexte qu’elles suivent leur époux. Du coup, il y a une forte concentration des maîtresses dans les écoles urbaines : deux voire trois par classe. Du coup, vous avez des écoles de 12 classes qui ont une quarantaine d’enseignants, alors qu’à une vingtaine de kilomètres de là, d’autres rêvent de maîtresse », explique le syndicaliste. Et ce n’est certainement pas demain que le problème trouvera définitivement une solution.
© Yvette MBASSI-BIKELE | Cameroon Tribune
Avec ses bâtiments en planches et le sol en terre battue, l’école ne paie pas de mine. Les parents d’élèves ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour atteindre ce niveau.
Avec ses bâtiments en planches et le sol en terre battue, l’école ne paie pas de mine. Les parents d’élèves ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour atteindre ce niveau. En cette période de rentrée scolaire, alors qu’ils ont encore maille à partir avec les fournitures de leurs rejetons, le directeur refuse de remettre sur la table le dossier « maîtres des parents ». A l’étroit avec ceux que l’administration centrale a daigné leur envoyer, le directeur s’est résolu à dispenser les cours dans quatre classes en plus de son travail de coordonnateur de l’établissement. « La situation est vraiment préoccupante. Si je ne procède pas ainsi, nous ne nous en sortirons pas. Nous aurons carrément des salles de classe sans maître. Pour colmater les brèches, je regroupe tous les CM1, puis tous les CM2 pour que tous les enfants soient instruits. Mes trois autres collègues font pareil avec les autres niveaux », explique le directeur. Conscient de la gravité de la situation, il a sensibilisé la communauté à s’impliquer dans l’éducation de ses enfants. C’est dans ce cadre que deux maîtres, payés par les parents ont été recrutés. Ce sont des fils du village ayant poussé les études jusqu’en 3e. « Même s’ils n’ont pas le Bepc, ils nous sont d’une aide précieuse pour la Sil et le CP où ils enseignent pour 15.000 F. par mois », assure le directeur.
La situation de cette école, dans une bourgade enclavée du département de la Lékié, n’est pas exceptionnelle. La plupart des écoles en zone rurale et dans les zones dites d’éducation prioritaire (Zep) sont confrontées au manque criard de maîtres. Trois ou quatre instituteurs pour six classes semble être devenu la norme. Pire, le personnel-enseignant ne se réduit parfois qu’au directeur et à un seul vacataire à certains endroits. La situation a même tendance à devenir banale et paraît paradoxale, quand on sait que des milliers d’instituteurs sont formés chaque année. « C’est un dossier complexe, étant donné que les recrutements se sont arrêtés à la Fonction publique. Avec l’opération de contractualisation des Ivac, 55.000 instituteurs ont été intégrés et priorité a été accordée aux zones reculées. Mais, il en faut manifestement plus », explique un responsable au ministère de l’Education de base.
Au Cameroun, on compte officiellement plus de 11 000 écoles primaires publiques pour 55 266 instituteurs chargés d'encadrer près de 3 millions d'élèves, soit en moyenne un maître pour 54 élèves. Un ratio qui dépasse la norme fixée par l'Unesco : un enseignant pour 45 élèves. De l’avis même d’un syndicaliste du secteur de l’éducation, la gent féminine qui domine les effectifs d’enseignants dans le primaire est pour beaucoup dans le déséquilibre constaté. « « Beaucoup d’institutrices restent dans les villes au prétexte qu’elles suivent leur époux. Du coup, il y a une forte concentration des maîtresses dans les écoles urbaines : deux voire trois par classe. Du coup, vous avez des écoles de 12 classes qui ont une quarantaine d’enseignants, alors qu’à une vingtaine de kilomètres de là, d’autres rêvent de maîtresse », explique le syndicaliste. Et ce n’est certainement pas demain que le problème trouvera définitivement une solution.