Yaoundé/Paris: Du champagne pour arroser une campagne
Yaoundé, 28 Janvier 2013
© Valentin Siméon Zinga | La Nouvelle Expression
En se rendant en France, dans le cadre d’une « visite d’amitié et de travail », Paul Biya ne se refait pas seulement une petite santé diplomatique. Il a aussi fait une grosse opération de marketing. Repères.
© Valentin Siméon Zinga | La Nouvelle Expression
En se rendant en France, dans le cadre d’une « visite d’amitié et de travail », Paul Biya ne se refait pas seulement une petite santé diplomatique. Il a aussi fait une grosse opération de marketing. Repères.
Le triomphe a beau être modeste pour
le moment, un air de soulagement parcourt depuis quelques jours,
l’entourage présidentiel. Les proches collaborateurs de Paul Biya le
savent, et l’avouent, l’air de ne pas dévoiler quelque secret: c’est
bien dans le but de veiller aux derniers réglages de sa «visite d’amitié
et de travail» à Paris, que le chef de l’Etat a écourté son séjour
Génévois. Et qu’il a regagné Yaoundé le 21 janvier dernier.
Ultimes réglages : telle est la première vérité des coulisses. Car, c’est depuis le mois de novembre 2012 que Yaoundé s’active à obtenir ce rendez-vous en terre française. De nombreuses réunions se sont tenues, bien avant que leur rythme ne s’accélère ces derniers jours à Etoudi. Une part de la stratégie se règle au niveau du Cabinet civil- Martin Belinga Eboutou y est à la manouvre-, tandis que certains aspects techniques-voire technocratiques- relèvent, pour une grande partie, du secrétariat général de la présidence de la République, qui en chapeaute l’élaboration, sous le regard vigilant des ministres Ferdinand Ngoh Ngoh et Séraphin Magloire Fouda. Et cela, en étroite concertation avec le secrétariat général des services du Premier ministre, dont le fauteuil est occupé par Louis-Paul Motaze, notoirement connu comme un fin connaisseur des «projets structurants».
Depuis de longues semaines, des concertations «transversales» se tiennent autour du Ministère de l’Economie, du plan et de l’aménagement du territoire, sous la coordination d’Emmanuel Nganou Djoumessie. Secteurs concernés: le tourisme et les loisirs, les travaux publics, l’eau et l’énergie, les mines etc. Dès les premiers signaux favorables à cette visite, Paul Biya avait annoncé ses préférences calendaires: le chef de l’Etat espérait un rendez-vous «autour du 15 décembre». Paris, n’y était pas favorable. Quant à l’ambassade de France à Yaoundé, elle suggérait une visite «pendant le printemps». En clair : entre mars et avril 2013 ». On en était là, lorsqu’une brusque accélération du processus s’est produite.
Prenant de cours les diplomates français en poste à Yaoundé. Vraisemblablement à la faveur de la mobilisation des «réseaux» et autres «relais» du régime de Yaoundé au sein de la gauche française au pouvoir.
Ce qui n’est pas, aux yeux d’Etoudi, une mince affaire. A défaut d’une victoire » diplomatique. Et cela, d’autant que la réélection du président camerounais à la faveur du scrutin du 9 décembre 2011, n’avait pas suscité une franche vague de satisfaction au sein de l’opinion internationale. Illustration: Barack Obama, s’était refusé à tout compliment en direction de Yaoundé. Paris, avait clairement pointé des irrégularités ayant entaché le scrutin, et émis le vœu de voir Paul Biya œuvrer au perfectionnement de Elections Cameroon, et s’atteler à la mise en œuvre des institutions prévues par la Constitution de Janvier 1996…
Sur ce point, le chef de l’Etat camerounais, ne se rend pas à Paris, les parapheurs vides: il a, au moins partiellement répondu à certaines attentes hexagonales, en tentant de crédibiliser le travail de Elecam, et en annonçant des sénatoriales cette année, et la mise en place du Conseil constitutionnel. Même si le calendrier électoral, et l’agenda politique restent enveloppés, comme de tradition, d’une épaisse couche de mystère, la rencontre prévue entre Paul Biya et François Hollande au palais de l’Elysée le 30 janvier dans l’après-midi, s’affiche déjà en rupture avec la prise de contact, plus ou moins « improvisée » à Kinshassa, entre les deux chefs d’Etat, en marge du dernier sommet de la Francophonie tenu les 13 14 octobre 2012.
C’est qu’en sus de cet aspect diplomatiquement symbolique dont le président camerounais tirera le plus grand bénéfice personnel, la dimension économique de l’équipée camerounaise en terre française n’est pas en reste. La suite officielle de Paul Biya, va, sous sa houlette, «vendre» la destination Cameroun aux investisseurs français. En cette matière, rien de nouveau sous le soleil du Renouveau. La chronique de la sollicitation des opérateurs économiques français n’est pas avare de repères. Cette fois-ci, Yaoundé a décidé d’activer quelques leviers dont il espère qu’ils susciteront l’enthousiasme au sein des milieux d’affaires français. Deux thèmes- au lieu des quatre qui avaient été envisagés il y a trois mois- devraient faire l’objet d’exposés de la part des ministres camerounais en direction du Medef: le climat des affaires, et les opportunités d’affaires. Les autorités camerounaises ont décidé de mettre à contribution, pour accompagner cette « communication spéciale», deux catégories d’acteurs dont elles espèrent que leurs témoignages feront foi: des investisseurs français en activité au Cameroun- probablement dans le domaine de la téléphonie- et des représentants des milieux d’affaires camerounais – le Groupement inter-patronal du Cameroun , et la Chambre du commerce , faisaient partie, en fin de semaine dernière du casting alors en cours de finalisation-. Selon de fiables prévisions, Paul Biya en personne, devrait venir conclure par une allocution, cette rencontre d’échanges, entres camerounais et français, au sortir de son tête-à-tête avec François Hollande. Tout un programme de marketing. Tout un symbole aussi.
Le Cameroun ne fait pas grand mystère de ses attentes au terme de cette campagne vers la France: le pays escompte un afflux d’investisseurs autour des « projets structurants » et de nombreux autres en attente de financement. Une vingtaine de dossiers et projets meublent ainsi les parapheurs de la République depuis quelques mois. Ils ont trait à des domaines variés. On y recense des infrastructures portuaires (création du port en eaux profondes de Limbé , dragage du chenal du port de Douala), des infrastructures portuaires ( rénovation de l’aéroport de Douala), des infrastructures électriques ( interconnexion Cameroun-Nigeria, électrification rurale concernant des dizaines de localités, aménagement hydroélectrique de Njock et de Son Dong, barrage hydroélectrique de Birni, construction d’une centrale éolienne dans les Bamboutos, etc.), des infrastructures routières et socio-économiques, parmi d’autres repères d’importance tels que les projets miniers ou les « constructions urbaines».
Alors qui peut parier des retombées de cette campagne, qui n’est pas la première du genre? Question à mille euros.
Ultimes réglages : telle est la première vérité des coulisses. Car, c’est depuis le mois de novembre 2012 que Yaoundé s’active à obtenir ce rendez-vous en terre française. De nombreuses réunions se sont tenues, bien avant que leur rythme ne s’accélère ces derniers jours à Etoudi. Une part de la stratégie se règle au niveau du Cabinet civil- Martin Belinga Eboutou y est à la manouvre-, tandis que certains aspects techniques-voire technocratiques- relèvent, pour une grande partie, du secrétariat général de la présidence de la République, qui en chapeaute l’élaboration, sous le regard vigilant des ministres Ferdinand Ngoh Ngoh et Séraphin Magloire Fouda. Et cela, en étroite concertation avec le secrétariat général des services du Premier ministre, dont le fauteuil est occupé par Louis-Paul Motaze, notoirement connu comme un fin connaisseur des «projets structurants».
Depuis de longues semaines, des concertations «transversales» se tiennent autour du Ministère de l’Economie, du plan et de l’aménagement du territoire, sous la coordination d’Emmanuel Nganou Djoumessie. Secteurs concernés: le tourisme et les loisirs, les travaux publics, l’eau et l’énergie, les mines etc. Dès les premiers signaux favorables à cette visite, Paul Biya avait annoncé ses préférences calendaires: le chef de l’Etat espérait un rendez-vous «autour du 15 décembre». Paris, n’y était pas favorable. Quant à l’ambassade de France à Yaoundé, elle suggérait une visite «pendant le printemps». En clair : entre mars et avril 2013 ». On en était là, lorsqu’une brusque accélération du processus s’est produite.
Prenant de cours les diplomates français en poste à Yaoundé. Vraisemblablement à la faveur de la mobilisation des «réseaux» et autres «relais» du régime de Yaoundé au sein de la gauche française au pouvoir.
Ce qui n’est pas, aux yeux d’Etoudi, une mince affaire. A défaut d’une victoire » diplomatique. Et cela, d’autant que la réélection du président camerounais à la faveur du scrutin du 9 décembre 2011, n’avait pas suscité une franche vague de satisfaction au sein de l’opinion internationale. Illustration: Barack Obama, s’était refusé à tout compliment en direction de Yaoundé. Paris, avait clairement pointé des irrégularités ayant entaché le scrutin, et émis le vœu de voir Paul Biya œuvrer au perfectionnement de Elections Cameroon, et s’atteler à la mise en œuvre des institutions prévues par la Constitution de Janvier 1996…
Sur ce point, le chef de l’Etat camerounais, ne se rend pas à Paris, les parapheurs vides: il a, au moins partiellement répondu à certaines attentes hexagonales, en tentant de crédibiliser le travail de Elecam, et en annonçant des sénatoriales cette année, et la mise en place du Conseil constitutionnel. Même si le calendrier électoral, et l’agenda politique restent enveloppés, comme de tradition, d’une épaisse couche de mystère, la rencontre prévue entre Paul Biya et François Hollande au palais de l’Elysée le 30 janvier dans l’après-midi, s’affiche déjà en rupture avec la prise de contact, plus ou moins « improvisée » à Kinshassa, entre les deux chefs d’Etat, en marge du dernier sommet de la Francophonie tenu les 13 14 octobre 2012.
C’est qu’en sus de cet aspect diplomatiquement symbolique dont le président camerounais tirera le plus grand bénéfice personnel, la dimension économique de l’équipée camerounaise en terre française n’est pas en reste. La suite officielle de Paul Biya, va, sous sa houlette, «vendre» la destination Cameroun aux investisseurs français. En cette matière, rien de nouveau sous le soleil du Renouveau. La chronique de la sollicitation des opérateurs économiques français n’est pas avare de repères. Cette fois-ci, Yaoundé a décidé d’activer quelques leviers dont il espère qu’ils susciteront l’enthousiasme au sein des milieux d’affaires français. Deux thèmes- au lieu des quatre qui avaient été envisagés il y a trois mois- devraient faire l’objet d’exposés de la part des ministres camerounais en direction du Medef: le climat des affaires, et les opportunités d’affaires. Les autorités camerounaises ont décidé de mettre à contribution, pour accompagner cette « communication spéciale», deux catégories d’acteurs dont elles espèrent que leurs témoignages feront foi: des investisseurs français en activité au Cameroun- probablement dans le domaine de la téléphonie- et des représentants des milieux d’affaires camerounais – le Groupement inter-patronal du Cameroun , et la Chambre du commerce , faisaient partie, en fin de semaine dernière du casting alors en cours de finalisation-. Selon de fiables prévisions, Paul Biya en personne, devrait venir conclure par une allocution, cette rencontre d’échanges, entres camerounais et français, au sortir de son tête-à-tête avec François Hollande. Tout un programme de marketing. Tout un symbole aussi.
Le Cameroun ne fait pas grand mystère de ses attentes au terme de cette campagne vers la France: le pays escompte un afflux d’investisseurs autour des « projets structurants » et de nombreux autres en attente de financement. Une vingtaine de dossiers et projets meublent ainsi les parapheurs de la République depuis quelques mois. Ils ont trait à des domaines variés. On y recense des infrastructures portuaires (création du port en eaux profondes de Limbé , dragage du chenal du port de Douala), des infrastructures portuaires ( rénovation de l’aéroport de Douala), des infrastructures électriques ( interconnexion Cameroun-Nigeria, électrification rurale concernant des dizaines de localités, aménagement hydroélectrique de Njock et de Son Dong, barrage hydroélectrique de Birni, construction d’une centrale éolienne dans les Bamboutos, etc.), des infrastructures routières et socio-économiques, parmi d’autres repères d’importance tels que les projets miniers ou les « constructions urbaines».
Alors qui peut parier des retombées de cette campagne, qui n’est pas la première du genre? Question à mille euros.