Yaoundé: Week-end noir au marché Mokolo
YAOUNDÉ - 18 Juin 2012
© Dorine Ekwé | Mutations
C'est donc inévitablement que samedi, le 16 juin dernier, l'altercation entre la vendeuse et le policier a dégénéré. Très vite, les voies d'accès au marché sont bloquées.
© Dorine Ekwé | Mutations
C'est donc inévitablement que samedi, le 16 juin dernier, l'altercation entre la vendeuse et le policier a dégénéré. Très vite, les voies d'accès au marché sont bloquées.
Les faits
Armés de gourdins et le regard noir, des éléments de la commune d'arrondissement de Yaoundé Il reconnaissables aux bouts d'étoffe orange accrochés à leurs bras gauche se laissent guider par le commissaire Ayissi du commissariat du 2ème arrondissement de Yaoundé où est situé le marché Mokolo qui, depuis quelques semaines vit une période de tension.
Ce dimanche 17 juin, ce dernier dit ne pas vouloir céder du terrain à ces vendeurs à la sauvette que ses hommes et lui aident la commune à pourchasser. «Ils occupent illégalement l'espace et ne veulent pas entendre parler de déguerpissement. Avant ils se réfugiaient derrière l'argument selon lequel il n'y avait pas assez de boutiques. Maintenant que c'est fait, ils ne veulent pas les occuper au prétexte que les clients ne vont pas à l'intérieur du marché. Il faut bien qu'ils apprennent à suivre les instructions» lance le commissaire qui ordonne à ses hommes de saisir les marchandises installées sur le sol.
Echaudées par les échauffourées observées dans ce marché la veille, samedi 16 juin, les populations venues faire des courses s'enfuient sans demander leur reste. Les vendeurs, eux, emballent précipitamment leurs marchandises et les mettent à l'abri avant d'affronter «l'ennemi». «Remettez-nous d'abord les marchandises que vous nous prenez tous les jours et revendez. Ça va chauffer ici nous sommes fatigués de vos actions», lance hargneux un vendeur. Ainsi accusé, le commissaire Ayissi affirme: «Il faut savoir que nous venons tout juste prêter main forte aux éléments de la communauté urbaine. De plus, nous n'avons pas de salle où stocker toutes ces affaires. Nous les brulons et donnons ce que nous pouvons aux orphelinats; la nourriture notamment. Qu'ils apprennent à respecter l'ordre et ils n'auront pas de problèmes».
Comme lors de la révolte du 14 décembre 2010 sur ces mêmes lieux, ce samedi, 16 juin, c'est une altercation entre un policier et une revendeuse du marché qui a mis le feu aux poudres. Selon des sources; alors que la dame se dirigeait à l’intérieur du marché avec ses effets elle est interpellée par un policier du commissariat qui lui intime l'ordre de le suivre et se saisit de ses ballots de friperie. Une «énième» bévue policière que les commerçants entendent bien sanctionner.
Ce d'autant que dès le vendredi 15 juin déjà, la tension est montée d'un cran au marché. Epuisés par cette chasse permanente des forces de l'ordre, les vendeurs à la sauvette se disaient prêts à en découdre alors que ceux, installés dans les hangars, priaient tous les dieux pour que ces derniers soient, enfin, chassés de la rue. «Depuis trois semaines, nous vivons sous pression ici à Mokolo. Le 31 mai, les agents de la communauté urbaine ont cassé les hangars qui avaient été érigés dans une zone qui était allouée aux vendeurs. Nous leur avons demandé de nous recaser. Ils n'ont pas satisfait ces désirs. C'est donc naturellement que nous avons repris le chemin de nos hangars», affirme le vice-président de l'association des vendeurs du marché Mokolo.
Rebelote
C'est donc inévitablement que samedi, le 16 juin dernier, l'altercation entre la vendeuse et le policier a dégénéré. Très vite, les voies d'accès au marché sont bloquées. Ça court de partout tandis que furieux, des vendeurs incendient des pneus alors que de grosses pierres volent dans l'air. En direction des éléments du commissariat du 2ème arrondissement accusés d'être au centre de toutes les souffrances de ces vendeurs qui, ce jour, disent bruyamment leur mécontentement ils érigent des barricades avec des pneus, des poubelles et des kiosques avant d'y mettre du feu.
Appelés en renfort, policiers et gendarmes, armes au poing, casques anti-émeute sur la tête et boucliers au bras, leur font face, essuyant de temps en temps des jets de pierres. Le préfet du département et le délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Yaoundé, Gilbert Tsimi Evouna, accourent sans pouvoir calmer la furie des commerçants.
Au jet de pierre des commerçants, ils répondent par des jets d'eau, des rafales tirées en l'air et des grenades lacrymogènes. C’est d'ailleurs l'une de ces grenades qui est à l'origine du décès d'Annie Yankam Ngatcha. Venue faire des courses dans ce marché, la jeune femme de 31 ans a été atteinte à la nuque par la goupille d'une grenade. Malgré ce décès, nul entre commerçant et agents de police ne compte baisser la garde. «Nous allons les emmener à partir», affirme un responsable policier en faction au commissariat ce dimanche. En face, les commerçants se plaignent d'être arnaqués par des policiers du commissariat du 2ème arrondissement avec qui ils affirment avoir «passé deal» qu'ils entendent bien faire respecter.
Listes des blessés de l’hôpital central:
Marius Payip, 24 ans (étudiant)
Avomo Bessala
Brigitte Kuissi
Olivier Ngemeni
Armés de gourdins et le regard noir, des éléments de la commune d'arrondissement de Yaoundé Il reconnaissables aux bouts d'étoffe orange accrochés à leurs bras gauche se laissent guider par le commissaire Ayissi du commissariat du 2ème arrondissement de Yaoundé où est situé le marché Mokolo qui, depuis quelques semaines vit une période de tension.
Ce dimanche 17 juin, ce dernier dit ne pas vouloir céder du terrain à ces vendeurs à la sauvette que ses hommes et lui aident la commune à pourchasser. «Ils occupent illégalement l'espace et ne veulent pas entendre parler de déguerpissement. Avant ils se réfugiaient derrière l'argument selon lequel il n'y avait pas assez de boutiques. Maintenant que c'est fait, ils ne veulent pas les occuper au prétexte que les clients ne vont pas à l'intérieur du marché. Il faut bien qu'ils apprennent à suivre les instructions» lance le commissaire qui ordonne à ses hommes de saisir les marchandises installées sur le sol.
Echaudées par les échauffourées observées dans ce marché la veille, samedi 16 juin, les populations venues faire des courses s'enfuient sans demander leur reste. Les vendeurs, eux, emballent précipitamment leurs marchandises et les mettent à l'abri avant d'affronter «l'ennemi». «Remettez-nous d'abord les marchandises que vous nous prenez tous les jours et revendez. Ça va chauffer ici nous sommes fatigués de vos actions», lance hargneux un vendeur. Ainsi accusé, le commissaire Ayissi affirme: «Il faut savoir que nous venons tout juste prêter main forte aux éléments de la communauté urbaine. De plus, nous n'avons pas de salle où stocker toutes ces affaires. Nous les brulons et donnons ce que nous pouvons aux orphelinats; la nourriture notamment. Qu'ils apprennent à respecter l'ordre et ils n'auront pas de problèmes».
Comme lors de la révolte du 14 décembre 2010 sur ces mêmes lieux, ce samedi, 16 juin, c'est une altercation entre un policier et une revendeuse du marché qui a mis le feu aux poudres. Selon des sources; alors que la dame se dirigeait à l’intérieur du marché avec ses effets elle est interpellée par un policier du commissariat qui lui intime l'ordre de le suivre et se saisit de ses ballots de friperie. Une «énième» bévue policière que les commerçants entendent bien sanctionner.
Ce d'autant que dès le vendredi 15 juin déjà, la tension est montée d'un cran au marché. Epuisés par cette chasse permanente des forces de l'ordre, les vendeurs à la sauvette se disaient prêts à en découdre alors que ceux, installés dans les hangars, priaient tous les dieux pour que ces derniers soient, enfin, chassés de la rue. «Depuis trois semaines, nous vivons sous pression ici à Mokolo. Le 31 mai, les agents de la communauté urbaine ont cassé les hangars qui avaient été érigés dans une zone qui était allouée aux vendeurs. Nous leur avons demandé de nous recaser. Ils n'ont pas satisfait ces désirs. C'est donc naturellement que nous avons repris le chemin de nos hangars», affirme le vice-président de l'association des vendeurs du marché Mokolo.
Rebelote
C'est donc inévitablement que samedi, le 16 juin dernier, l'altercation entre la vendeuse et le policier a dégénéré. Très vite, les voies d'accès au marché sont bloquées. Ça court de partout tandis que furieux, des vendeurs incendient des pneus alors que de grosses pierres volent dans l'air. En direction des éléments du commissariat du 2ème arrondissement accusés d'être au centre de toutes les souffrances de ces vendeurs qui, ce jour, disent bruyamment leur mécontentement ils érigent des barricades avec des pneus, des poubelles et des kiosques avant d'y mettre du feu.
Appelés en renfort, policiers et gendarmes, armes au poing, casques anti-émeute sur la tête et boucliers au bras, leur font face, essuyant de temps en temps des jets de pierres. Le préfet du département et le délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Yaoundé, Gilbert Tsimi Evouna, accourent sans pouvoir calmer la furie des commerçants.
Au jet de pierre des commerçants, ils répondent par des jets d'eau, des rafales tirées en l'air et des grenades lacrymogènes. C’est d'ailleurs l'une de ces grenades qui est à l'origine du décès d'Annie Yankam Ngatcha. Venue faire des courses dans ce marché, la jeune femme de 31 ans a été atteinte à la nuque par la goupille d'une grenade. Malgré ce décès, nul entre commerçant et agents de police ne compte baisser la garde. «Nous allons les emmener à partir», affirme un responsable policier en faction au commissariat ce dimanche. En face, les commerçants se plaignent d'être arnaqués par des policiers du commissariat du 2ème arrondissement avec qui ils affirment avoir «passé deal» qu'ils entendent bien faire respecter.
Listes des blessés de l’hôpital central:
Marius Payip, 24 ans (étudiant)
Avomo Bessala
Brigitte Kuissi
Olivier Ngemeni