Yaoundé: Une nuit (noire) aux urgences de l’Hôpital Central
DOUALA - 22 JAN. 2013
© Jean François CHANNON | Le Messager
L’installation hospitalière la plus ancienne du Cameroun et de la capitale camerounaise souffre de son service d’urgences. Entre affairisme et manque d’opérationnalité du corps médical qui y travaille, doublé d’une insalubrité devenue chronique, la mort rode sans cesse aux urgences de Messa. Reportage sur une nuit choquante.
1)- En route pour quelles urgences ?
Dimanche 20 janvier 2013. Il est environ 16h. Nous sommes dans un bar populaire du quartier Tsinga à Yaoundé. Un des matchs de poule de la Coupe d’Afrique des nations, qui se déroule en ce moment en Afrique du Sud captive l’attention d’une foule de fans du football. C’est à ce moment que notre téléphone sonne. D’abord une indifférence face à l’intensité du match qui se joue à la télé. Puis, face à l’insistance du correspondant que nous avons formellement identifié, nous finissons par décrocher. Il s’agit d’un jeune frère qui nous annonce sur un ton alarmant, que Suzanne, une de nos proches parentes, est mal en point et qu’il faut agir vite. Sinon… Première réaction et suggestion immédiates : « il faut la conduire aux urgences de l’Hôpital central, et faites-moi signe lorsque vous y êtes ». En fait, bien que n’étant pas un fan du football, surtout à l’occasion de cette Can qui connait une fois de plus l’absence des Lions Indomptables, nous avons le cœur à ce duel qui oppose l’équipe du Ghana à celle de la République démocratique du Congo.
Et sans vraiment nous inquiéter, et continuant de siroter une bière bien fraiche, sous les différentes clameurs des téléspectateurs qui ont monté aux enchères des paris sur le match qui se joue, nous caressons dans le secret de notre cœur l’assurance qu’aux urgences de l’hôpital central, qui compte (selon les experts de notre ministère de la santé publique) les meilleurs praticiens de la médicine, que tout se passera bien. Et qu’il n’y aura certainement pour notre chère Suzanne plus de peur que de mal. Que nenni ! Aux environs de 18h30, presque deux heures après, un autre coup fil retentit et notre jeune frère est tout affolé : « Nous sommes là depuis un moment. Notre malade souffre atrocement, et personne ne s’est occupé d’elle. Il faut que tu viennes immédiatement. Peut-être qu’en voyant ta carrure, ils vont faire quelque chose ici… ».
Avec cette alerte, nous nous rendons immédiatement du côté de l’hôpital central. Premier accroc : le taxi qui nous y conduit à vive allure voit ses deux roues avant s’enfoncer dans un large trou béant en pleine chaussée, juste à l’embranchement du quartier grand Messa, et qui mène vers les urgences de l’Hôpital central. La réalité est que les petites planches qui recouvrent sur la chaussé les canaux d’écoulement d’eaux usées ont presque tous disparu. Laissant à leur emplacement un énorme fossé sur cette voie principale qui mène aux urgences de l’hôpital central de Yaoundé. Il nous faudra une dizaine de minutes alors qu’il fait déjà sombre et que l’éclairage public est défaillant, pour aider le taximan à dégager le véhicule du trou. Et derrière nous, des voitures qui portent des malades à destination des urgences et qui pour certains tombent dans le même trou en tentant des dépassements latéraux, ou d’autres, nous mitraillent de klaxons stridents.
2)- Mille et une misères de l’accueil
Le portail des Urgences de Messa, dans une obscurité compact, est hermétiquement fermé. Il n’ya qu’un passage pour piétons. Deux véhicules transportant des malades en viennent d’arriver et klaxonnent nerveusement. Le vigile qui doit ouvrir le portail n’est pas son poste à l’instant. On apprendra qu’il est allé s’acheter des cigarettes…Il arrive presque 5 minutes après et affiche une mine renfrogné. Un peu comme pour protester contre ces chauffeurs qui font autant de bruit la nuit. Il s’en suit d’ailleurs une altercation avec les conducteurs des deux voitures. Une fois devant le bâtiment principal des urgences de l’hôpital, le spectacle qui s’offre à nos yeux est plus que révoltant. Des personnes qui transportent eux-mêmes leurs malades, presque tous inconscients, et qui cherchent à entrer en salle font la queue. Aucun membre du corps médical pour les aider ou alors pour leur donner la moindre information. Pas de brancards non plus. Les gardes-malades transportent les malades comme ils peuvent.
Une dame choquée par cette indifférence qui règne se met à crier son désespoir à haute voix : « s’il vous aidez-moi, ma mère va mourir ! » Une infirmière attirée par ce cri sort de la salle de petite chirurgie et lui répond sèchement : « Et puis quoi ? Il faut vous calmer hein ! Ici on ne crie pas. » Nous nous faufilons entre ces malades portés à califourchon par des parents où des personnes d bonne volonté, et dont certains ont des regards de zombies, pour chercher dans la salle où se trouve Suzanne, notre malade. La salle des urgences de Messa est chaude. Il est règne une chaleur accablante. Moins d’une minute de présence et nous voilà tout transpirant. Les malades sont disposés sur des lits qui font un cercle face à un box en verre où sont assis infirmiers et infirmières qui causent en toute quiétude. Suzanne notre malade, est installée sur le lit n°4. Autour d’elles ses sœurs dont certaines, assises à même le sol, les mains sur la tête et sur les joues. Depuis qu’elles sont là avec leur malade voilà près de trois heures, personne parmi les membres du corps médical de ces urgences, dont certains sont en train de rigoler dans le box vitré, n’a daigné prendre ses paramètres comme on peut s’attendre dans tous les services d’urgences d’un hôpital normal.
Fortement écœuré, nous fonçons vers le box, le pas alerte et attiré par la blouse verte d’un médecin qui y était assis. Le jeune médecin, (un anglophone vu son accent), commence par nous désarmer avec son large sourire. « On va s’occuper de votre malade. Calmez-vous », nous lance –t-il au regard de notre attitude de désolation. Le médecin disparait. Presque trente minutes après, il n’est pas toujours revenu. Nous nous impatientons. Surtout que la pauvre Suzanne se plaint d’avoir très mal à la tête et d’étouffer lorsqu’elle tente de respirer.
3)- Des moustiques pour «guérir» des malades
Il faut absolument trouver quelqu’un pour s’occuper d’elle. Nous fonçons vers la salle des soins. En passant, nous jetons un coup d’œil sur le lit n°16 où est installé presque dans le coma une septuagénaire. Elle est entourée de ses proches parents tous en larmes. Personne parmi les infirmiers qui vont et viennent, n’a le temps de s’occuper d’eux malgré leurs supplications. Un vigile arrive et leur demande de se mettre dehors. La vieille femme déchire l’air avec des cris de détresse. A côté d’elle, sur le lit voisin, une jeune fille d’une vingtaine d’années se tortille en vomissant de temps à autre. Alors que nous avançons, le cœur meurtri, vers les salles de soins, notre regard se fige sur un jeune homme installé sur un lit en fer, sans matelas, dans une des salles. Il a le corps recouvert de poussière et de boue. Il est tout seul et presque inconscient. Sur sa jambe gauche on aperçoit toute béante, une blessure sur laquelle le sang a coagulé. « Ce monsieur est là depuis deux heures du matin. Il a fait un accident. On attend toujours que sa famille arrive avant de s’occuper de lui », commente, émue, une garde-malade. Il est pourtant déjà presque 21h. Et cet accidenté est arrivé là, grâce à la générosité d’une âme généreuse depuis deux heures du matin et est resté jusqu’à 21h sans le moindre soin.
Préoccupé par le cas de notre malade, nous allons à la recherche d’un infirmier qui pourrait nous aider. Après une série de va-et-vient qui va durer près de vingt minutes, une jeune infirmière consent enfin à s’occuper de Suzanne. Ceci après une petite « motivation » faite de belles paroles… Il faut absolument payer les premiers frais hospitaliers. D’abord le billet de session qui coûte près de 7 000Fcfa. Puis les frais de soins pour environ 10 000Fcfa. Nous qui exigeons qu’avant de placer la perfusion avec sa poche de glucosé, que soit effectué un test de glycémie et s’assurer que notre malade n’a pas de diabète. L’infirmière qui voulait déjà ajuster la perfusion consent, mais nous exige 1000Fcfa pour le dit test.
Il est 21h30 minutes, depuis 16 h qu’elle est aux urgences, Suzanne peut enfin recevoir les premiers soins d’une infirmière que nous avons presque contraint à la tâche. Dans la salle des urgences où elle est installée avec d’autres malades dont certains cas sont alarmants. Un ballet de moustiques harcèlent tous qui sont là. L’infirmière lui conseille de se recouvrir le corps pour se protéger. « Comment cela madame ? Il n’y a pas de moustiquaires pour les malades ici ? Et on ne désinfecte pas la salle au quotidien ? » Un peu surprise par notre question, la jeune infirmière pressée d’aller se rassoir dans le box nous indique qu’« il y a une boite à suggestions à l’entrée du bâtiment. Vous pouvez aller faire vos propositions là-bas. Ne venez pas nous embêter ici en bas ».
L’ordonnance nous est tendue. Il faut se procurer les médicaments urgents pour près de 30 000Fcfa. Le problème est que la pharmacie de l’hôpital central n’a presque jamais de médicaments. Il faut aller en ville chercher une pharmacie de garde. « Faites attention à l’entrée vers grand Messa. Il y a toujours des brigands et des agresseurs qui dépouillent chaque nuit les gardes malades qui vont vers les pharmacies », prévient une garde malade habituée des lieux.
A 3h du matin. Suzanne, après avoir fait tous des examens, et prit ses médicaments s’est assoupie. Elle semble désormais indifférente aux piqures des moustiques. Elle n’a pas de choix. Entre temps il y a eu d’autres malades, qui arrivent et sont reçus aussi promptement que le suggèrent leurs portefeuilles. Après avoir passé la nuit à la belle étoile, nous décidons de quitter les lieux dès le lever du jour avec notre malade. En espérant que la prochaine fois, nous serons peut-être mieux reçus. Qui sait ?
© Jean François CHANNON | Le Messager
L’installation hospitalière la plus ancienne du Cameroun et de la capitale camerounaise souffre de son service d’urgences. Entre affairisme et manque d’opérationnalité du corps médical qui y travaille, doublé d’une insalubrité devenue chronique, la mort rode sans cesse aux urgences de Messa. Reportage sur une nuit choquante.
1)- En route pour quelles urgences ?
Dimanche 20 janvier 2013. Il est environ 16h. Nous sommes dans un bar populaire du quartier Tsinga à Yaoundé. Un des matchs de poule de la Coupe d’Afrique des nations, qui se déroule en ce moment en Afrique du Sud captive l’attention d’une foule de fans du football. C’est à ce moment que notre téléphone sonne. D’abord une indifférence face à l’intensité du match qui se joue à la télé. Puis, face à l’insistance du correspondant que nous avons formellement identifié, nous finissons par décrocher. Il s’agit d’un jeune frère qui nous annonce sur un ton alarmant, que Suzanne, une de nos proches parentes, est mal en point et qu’il faut agir vite. Sinon… Première réaction et suggestion immédiates : « il faut la conduire aux urgences de l’Hôpital central, et faites-moi signe lorsque vous y êtes ». En fait, bien que n’étant pas un fan du football, surtout à l’occasion de cette Can qui connait une fois de plus l’absence des Lions Indomptables, nous avons le cœur à ce duel qui oppose l’équipe du Ghana à celle de la République démocratique du Congo.
Et sans vraiment nous inquiéter, et continuant de siroter une bière bien fraiche, sous les différentes clameurs des téléspectateurs qui ont monté aux enchères des paris sur le match qui se joue, nous caressons dans le secret de notre cœur l’assurance qu’aux urgences de l’hôpital central, qui compte (selon les experts de notre ministère de la santé publique) les meilleurs praticiens de la médicine, que tout se passera bien. Et qu’il n’y aura certainement pour notre chère Suzanne plus de peur que de mal. Que nenni ! Aux environs de 18h30, presque deux heures après, un autre coup fil retentit et notre jeune frère est tout affolé : « Nous sommes là depuis un moment. Notre malade souffre atrocement, et personne ne s’est occupé d’elle. Il faut que tu viennes immédiatement. Peut-être qu’en voyant ta carrure, ils vont faire quelque chose ici… ».
Avec cette alerte, nous nous rendons immédiatement du côté de l’hôpital central. Premier accroc : le taxi qui nous y conduit à vive allure voit ses deux roues avant s’enfoncer dans un large trou béant en pleine chaussée, juste à l’embranchement du quartier grand Messa, et qui mène vers les urgences de l’Hôpital central. La réalité est que les petites planches qui recouvrent sur la chaussé les canaux d’écoulement d’eaux usées ont presque tous disparu. Laissant à leur emplacement un énorme fossé sur cette voie principale qui mène aux urgences de l’hôpital central de Yaoundé. Il nous faudra une dizaine de minutes alors qu’il fait déjà sombre et que l’éclairage public est défaillant, pour aider le taximan à dégager le véhicule du trou. Et derrière nous, des voitures qui portent des malades à destination des urgences et qui pour certains tombent dans le même trou en tentant des dépassements latéraux, ou d’autres, nous mitraillent de klaxons stridents.
2)- Mille et une misères de l’accueil
Le portail des Urgences de Messa, dans une obscurité compact, est hermétiquement fermé. Il n’ya qu’un passage pour piétons. Deux véhicules transportant des malades en viennent d’arriver et klaxonnent nerveusement. Le vigile qui doit ouvrir le portail n’est pas son poste à l’instant. On apprendra qu’il est allé s’acheter des cigarettes…Il arrive presque 5 minutes après et affiche une mine renfrogné. Un peu comme pour protester contre ces chauffeurs qui font autant de bruit la nuit. Il s’en suit d’ailleurs une altercation avec les conducteurs des deux voitures. Une fois devant le bâtiment principal des urgences de l’hôpital, le spectacle qui s’offre à nos yeux est plus que révoltant. Des personnes qui transportent eux-mêmes leurs malades, presque tous inconscients, et qui cherchent à entrer en salle font la queue. Aucun membre du corps médical pour les aider ou alors pour leur donner la moindre information. Pas de brancards non plus. Les gardes-malades transportent les malades comme ils peuvent.
Une dame choquée par cette indifférence qui règne se met à crier son désespoir à haute voix : « s’il vous aidez-moi, ma mère va mourir ! » Une infirmière attirée par ce cri sort de la salle de petite chirurgie et lui répond sèchement : « Et puis quoi ? Il faut vous calmer hein ! Ici on ne crie pas. » Nous nous faufilons entre ces malades portés à califourchon par des parents où des personnes d bonne volonté, et dont certains ont des regards de zombies, pour chercher dans la salle où se trouve Suzanne, notre malade. La salle des urgences de Messa est chaude. Il est règne une chaleur accablante. Moins d’une minute de présence et nous voilà tout transpirant. Les malades sont disposés sur des lits qui font un cercle face à un box en verre où sont assis infirmiers et infirmières qui causent en toute quiétude. Suzanne notre malade, est installée sur le lit n°4. Autour d’elles ses sœurs dont certaines, assises à même le sol, les mains sur la tête et sur les joues. Depuis qu’elles sont là avec leur malade voilà près de trois heures, personne parmi les membres du corps médical de ces urgences, dont certains sont en train de rigoler dans le box vitré, n’a daigné prendre ses paramètres comme on peut s’attendre dans tous les services d’urgences d’un hôpital normal.
Fortement écœuré, nous fonçons vers le box, le pas alerte et attiré par la blouse verte d’un médecin qui y était assis. Le jeune médecin, (un anglophone vu son accent), commence par nous désarmer avec son large sourire. « On va s’occuper de votre malade. Calmez-vous », nous lance –t-il au regard de notre attitude de désolation. Le médecin disparait. Presque trente minutes après, il n’est pas toujours revenu. Nous nous impatientons. Surtout que la pauvre Suzanne se plaint d’avoir très mal à la tête et d’étouffer lorsqu’elle tente de respirer.
3)- Des moustiques pour «guérir» des malades
Il faut absolument trouver quelqu’un pour s’occuper d’elle. Nous fonçons vers la salle des soins. En passant, nous jetons un coup d’œil sur le lit n°16 où est installé presque dans le coma une septuagénaire. Elle est entourée de ses proches parents tous en larmes. Personne parmi les infirmiers qui vont et viennent, n’a le temps de s’occuper d’eux malgré leurs supplications. Un vigile arrive et leur demande de se mettre dehors. La vieille femme déchire l’air avec des cris de détresse. A côté d’elle, sur le lit voisin, une jeune fille d’une vingtaine d’années se tortille en vomissant de temps à autre. Alors que nous avançons, le cœur meurtri, vers les salles de soins, notre regard se fige sur un jeune homme installé sur un lit en fer, sans matelas, dans une des salles. Il a le corps recouvert de poussière et de boue. Il est tout seul et presque inconscient. Sur sa jambe gauche on aperçoit toute béante, une blessure sur laquelle le sang a coagulé. « Ce monsieur est là depuis deux heures du matin. Il a fait un accident. On attend toujours que sa famille arrive avant de s’occuper de lui », commente, émue, une garde-malade. Il est pourtant déjà presque 21h. Et cet accidenté est arrivé là, grâce à la générosité d’une âme généreuse depuis deux heures du matin et est resté jusqu’à 21h sans le moindre soin.
Préoccupé par le cas de notre malade, nous allons à la recherche d’un infirmier qui pourrait nous aider. Après une série de va-et-vient qui va durer près de vingt minutes, une jeune infirmière consent enfin à s’occuper de Suzanne. Ceci après une petite « motivation » faite de belles paroles… Il faut absolument payer les premiers frais hospitaliers. D’abord le billet de session qui coûte près de 7 000Fcfa. Puis les frais de soins pour environ 10 000Fcfa. Nous qui exigeons qu’avant de placer la perfusion avec sa poche de glucosé, que soit effectué un test de glycémie et s’assurer que notre malade n’a pas de diabète. L’infirmière qui voulait déjà ajuster la perfusion consent, mais nous exige 1000Fcfa pour le dit test.
Il est 21h30 minutes, depuis 16 h qu’elle est aux urgences, Suzanne peut enfin recevoir les premiers soins d’une infirmière que nous avons presque contraint à la tâche. Dans la salle des urgences où elle est installée avec d’autres malades dont certains cas sont alarmants. Un ballet de moustiques harcèlent tous qui sont là. L’infirmière lui conseille de se recouvrir le corps pour se protéger. « Comment cela madame ? Il n’y a pas de moustiquaires pour les malades ici ? Et on ne désinfecte pas la salle au quotidien ? » Un peu surprise par notre question, la jeune infirmière pressée d’aller se rassoir dans le box nous indique qu’« il y a une boite à suggestions à l’entrée du bâtiment. Vous pouvez aller faire vos propositions là-bas. Ne venez pas nous embêter ici en bas ».
L’ordonnance nous est tendue. Il faut se procurer les médicaments urgents pour près de 30 000Fcfa. Le problème est que la pharmacie de l’hôpital central n’a presque jamais de médicaments. Il faut aller en ville chercher une pharmacie de garde. « Faites attention à l’entrée vers grand Messa. Il y a toujours des brigands et des agresseurs qui dépouillent chaque nuit les gardes malades qui vont vers les pharmacies », prévient une garde malade habituée des lieux.
A 3h du matin. Suzanne, après avoir fait tous des examens, et prit ses médicaments s’est assoupie. Elle semble désormais indifférente aux piqures des moustiques. Elle n’a pas de choix. Entre temps il y a eu d’autres malades, qui arrivent et sont reçus aussi promptement que le suggèrent leurs portefeuilles. Après avoir passé la nuit à la belle étoile, nous décidons de quitter les lieux dès le lever du jour avec notre malade. En espérant que la prochaine fois, nous serons peut-être mieux reçus. Qui sait ?