Wikileaks : Les confidences de Marafa Hamidou Yaya à Janet Garvey
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Wikileaks : Les confidences de Marafa Hamidou Yaya à Janet Garvey (Bonaberi 06/09/2011)
Dans un mémo de l'ex ambassadeur publié par Wikileaks, une conversation avec le Minatd. Au menu, décentralisation, opération épervier, élections et extrémisme islamique.
Marafa Hamidou Yaya, ministre de l'administration territoriale et de la décentralisation Un nouveau câble Wikileaks a été publié, câble évoquant une conversation du 09 Février 2010 entre Janet Garvey, à l’époque ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, et Marafa Hamidou Yaya, ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation – MINATD.
Une conversation aux airs de confidences du ministre s’étant révélé inquiet de la conduite de l’opération épervier et du processus électoral mis en place avec Elecam. « Marafa Hamidou Yaya semblait résigné quant à la capacité d’Elecam de conduire une bonne élection. Les officiels sont tous incompétents et corrompus, et une élection ratée en 2011 pourrait causer de l’agitation civile », a déclaré l’ex-ambassadeur du Cameroun en introduction de son mémo.
En effet, d’après Janet Garvey, Marafa pensait que Elecam fonçait dans un mur, étant presqu’exclusivement constitué d’incompétents qui voulaient toucher le pactole grâce aux élections. Il aurait confié sa peur d’un possible « bain de sang avec l’éclatement d’une insurrection » en cas d’élections ratées ; il aurait d’ailleurs proposé un nouveau code électoral à Paul Biya, où les élections auraient été organisées par Elecam en collaboration avec le Minatd.
Concernant l’opération épervier, le ministre a ironisé en déclarant qu’il pourrait finir en prison, avant de préciser que cette opération avait apporté un climat de nervosité auprès de nombreux hauts fonctionnaires, même auprès de ceux qui avaient choisi de rembourser l’argent détourné pour rester en liberté, ces derniers ayant l’impression de pouvoir retourner en prison à tout instant.
Il a par ailleurs déploré le manque de professionnalisme dans la mise en place de l’opération, admettant que même si cela ne reflétait pas l’entière réalité des choses, il était vrai que Paul Biya avait utilisé l’épervier pour se débarrasser de ses adversaires. Atangana Mebara a du sérieusement éternuer à ce moment.
Le ministre a aussi évoqué les difficultés dans le processus de mise en place de la décentralisation qu’elle était perfectible : d’après lui, les dépenses gouvernementales pouvaient diminuer de 30 à 40% avec une décentralisation effective, même si le risque de corruption s’en retrouverait augmenté.
En fin de note, Janet Garvey a parlé de la montée de l’extrémisme islamique au Nigeria au Cameroun, avec des afflux inexpliqués d’argent pour certains de ces groupes.
En conclusion de sa note, l’ambassadeur des Etats-Unis a décrit Marafa comme l’un des « plus ouverts, astucieux et puissants ministres du RDPC, musulman du nord et bien intégré dans la communauté du Nord ». D’après cette dernière, il semble attaché à la décentralisation, même s’il est décourageant par sa vue candide de ce processus amorphe. Son inconfort vis-à-vis d’Elecam ne viendrait du fait que son ministère a été dépossédé des élections pour la commission.
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