Vote de la diaspora camerounaise: expérience rapportée de la mission d’Elecam au Sénégal
Vote de la diaspora camerounaise: expérience rapportée de la mission d’Elecam au Sénégal
(journal du cameroun 23/08/2011)
Ce récit montre à quel point il sera difficile de faire voter tous les camerounais de la diaspora installés en Afrique
Trois membres d’élécam, en provenance de Gambie, sont arrivés à Dakar samedi 20 août 2011. Les trois représentants d’elections Cameroon dont Adama Ali, Docteur en pharmacie établi à Garoua et Nsangou Issoufa Docteur en physique chargé de cours à l’université de Dschang sont entrés dans la salle sise au rez-de-chaussée de l’ambassade vers 19h. Ambassade du Cameroun où se trouvaient déjà plus d’une centaine de personnes dont l’ambassadeur Jean Koe Ntonga. La réunion annoncée par effet boule de neige – sms, mails et bouche à oreille - avait pour objectif la présentation et l’explication de deux des textes régissant le vote de la diaspora : loi électorale et décret d’application.
A Dakar plus de 300 personnes sont déjà venues s’inscrire sur les listes électorales selon Mme Blandine Ngoué présidente de la commission. Deux lots de documents recensant les inscrits ont déjà été expédiés à Yaoundé. Le dernier envoi a eu lieu vendredi 19 aout 2011 selon l’ambassadeur qui a regagné Dakar au cours de la semaine après un séjour en Europe. La rencontre entre les camerounais du Sénégal et élécam a été à la fois didactique, discursive et agitée.
Didactique pendant les deux premières heures. L’ambassadeur a fait une lecture expliquée des textes. Au préalable des copies avaient été distribuées aux participants.
Discursive lorsque des questions telles les lieux d’inscription et de vote ont été évoquées. Un compatriote présent a souhaité que des commissions mobiles aillent dans l’intérieur du Sénégal (Mbour, St Louis, Kaolack, Ziguinchor) afin inscrire les Camerounais n’ayant pas les moyens financiers* pour venir à Dakar. Les trois membres D’ELECAM ont expliqué que les ambassades et les consulats sont les seuls lieux où peuvent se tenir inscriptions et scrutin. L’interprétation des textes a causé une discussion animée entre le Pr Dieunedort Nzouabeth et Son Excellence Jean Koe Ntonga, ambassadeur du Cameroun au Sénégal, au Mali, en Mauritanie et en Gambie.
L’agrégé de droit estimant que si le personnel de l’ambassade se déplace dans un pays et occupe ne serait-ce qu’une chambre d’hôtel, elle devient de facto territoire Camerounais et le vote peut donc s’y dérouler. Cela éviterait aux milliers de Camerounais de ces pays d’être obligés de converger vers Dakar pour voter. En réponse l’ambassadeur a expliqué que n’ayant pas encore reçu et présenté les copies figurées des lettres de créances l’accréditant au Mali -où il y aurait environ 2000 Camerounais selon Jean Nkoe Ntonga-, en Mauritanie et en Gambie il ne lui est pas possible d’aller officiellement dans ces pays où ,a rappelé l’ambassadeur, ses collaborateurs ont déjà effectué des déplacements. Cette explication des contraintes diplomatiques a été admise comme telle par le Pr Nzouabeth qui a tenu à rappeler que du point de vue de la loi lui, l’agrégé de Droit, demeurait insatisfait.
Agitée lorsque qu’un camerounais, migrant illégal refoulé de Libye, a interpellé l’ambassadeur : « ma mère est morte il y a trois jours, je veux rentrer au Cameroun, je suis venu ici mais je n’ai pas reçu d’aide ». Immédiatement Mme Blandine Ngoué a précisé que la mère de ce compatriote est en réalité décédée il y a plus d’une dizaine de jours. Qu’en l’absence de l’ambassadeur elle -Mme Ngoué- avait reçu le jeune homme, lui avait permis de communiquer au téléphone avec la famille restée au Cameroun, lui avait établi une carte de séjour et un laissez-passer. Plus tard le migrant reconnaitra avoir déjà reçu des autorités de l’ambassade 50 000 F en espèces. Mais, ajoute le jeune homme « c’est insuffisant ! Je ne peux pas rentrer au Cameroun avec 50 000F !!! ». La conclusion du jeune homme grand, mince vêtu de sombre -tricot et jean retroussé découvrant ses chevilles- et qui se dit sans abri tombe comme un couperet : «le Cameroun n’a rien jamais fait pour moi ! Déjà au pays je n’avais rien c’est pour ça que j’ai été décidé de partir!».
Des mots qui feront bondir les membres d’élécam. Le Dr Issofa Nsangou fera remarquer au jeune homme qu’il dit une chose et son contraire en affirmant que le Cameroun n’a rien fait pour lui tout en reconnaissant avoir reçu une aide administrative, logistique et financière à l’ambassade du Cameroun. C’est à ce moment que l’ambassadeur dira au jeune homme « peut être faites vous partie de ceux qui veulent manifester devant l’ambassade et qui ont déjà déposé une demande d’autorisation au ministère de l’intérieur Sénégalais ». Le jeune homme confirmera faire partie des personnes (entre vingt et trente selon lui) voulant effectuer cette action de protestation jeudi 25 aout 2011. L’ambassadeur a martelé qu’il est prêt à recevoir tout camerounais qui vient à l’ambassade mais qu’il ne laissera personne trainer le Cameroun dans la boue au Sénégal.
Finalement la réunion est revenue à son sujet : les élections. Les participants ont appris que seules les personnes exclusivement de nationalité Camerounaise pourront voter « toute personne s’étant déjà prévalu d’une autre nationalité ne doit pas venir ici le jour du scrutin » a dit l’ambassadeur, homme de taille moyenne mur et replet vêtu d’un costume bleu sombre sur une chemise blanche à légères rayures bleues et une cravate jaune or. Chaque bureau de vote recevra 500 électeurs s’il y a 501 inscrits il faudra en ouvrir un autre bureau.
Aucun parti politique n’a encore envoyé un représentant officiel selon Mme Blandine Ngoué qui a précisé qu’une personne se disant représentante de Jean Jacques Ekindi et une autre disant représenter l’UPC sont bien passées à l’ambassade mais aucune n’a produit des documents de son parti attestant de sa qualité. Lors de cette rencontre, seuls deux membres du RDPC se sont présentés en tant que membres de parti politique parmi eux Eugène Bello. Il représentait Jérome Bélinga le chef de file du RDPC au Sénégal et en Mauritanie absent pour raisons de santé. L’ambassadeur a plusieurs fois souhaité un vote massif et responsable car selon Jean Koe Ntonga « ce sera une échéance historique ».
Le diplomate a proposé de transmettre au Chef de l’Etat une lettre de remerciements au nom des camerounais résidant au pays d’Abdoulaye Wade. La lettre remerciera Paul Biya pour la signature du décret N 2011/237 du 8 aout 2011 portant sur les modalités d’application de la loi relative au vote des citoyens Camerounais établis et résidant à l’étranger pour l’élection présidentielle prévue en octobre prochain.
A l’ambassade du Cameroun au Sénégal les inscriptions sur les listes électorales se poursuivent jusqu’au 31 aout 2011. Il faut se munir d’une carte consulaire en cours de validité et venir entre 8h30 et 17h30 du lundi au vendredi et de 9h à 13h30 le samedi. Les trois membres D’ELECAM arrivés samedi 20 aout quitteront Dakar mardi 23 aout 2011 après d’autres échanges dans les locaux de l’ambassade avec les Camerounais du Sénégal « nous devons expliquer, c’est le but de ces réunions publiques » a tenu à dire Nsangou Issoufa « nous devons bien expliquer la loi, ses implications et ses applications pour que demain personne ne dise que nous sommes venus faire des choses en cachette avec les autorités de l’ambassade ».
*Il faut dépenser entre 4500F si l’on vient de Kaolack -deux heures de voyage environ- et une quinzaine de mille si l’on vient de Ziguinchor -au moins une journée de voyage- pour payer le transport aller retour vers ou à partir de Dakar. Frais de taxi urbain (individuels au Sénégal) non compris.
Par Thomas Ayissi résident camerounais à Dakar au Sénégal - 23/08/2011
(journal du cameroun 23/08/2011)
Ce récit montre à quel point il sera difficile de faire voter tous les camerounais de la diaspora installés en Afrique
Trois membres d’élécam, en provenance de Gambie, sont arrivés à Dakar samedi 20 août 2011. Les trois représentants d’elections Cameroon dont Adama Ali, Docteur en pharmacie établi à Garoua et Nsangou Issoufa Docteur en physique chargé de cours à l’université de Dschang sont entrés dans la salle sise au rez-de-chaussée de l’ambassade vers 19h. Ambassade du Cameroun où se trouvaient déjà plus d’une centaine de personnes dont l’ambassadeur Jean Koe Ntonga. La réunion annoncée par effet boule de neige – sms, mails et bouche à oreille - avait pour objectif la présentation et l’explication de deux des textes régissant le vote de la diaspora : loi électorale et décret d’application.
A Dakar plus de 300 personnes sont déjà venues s’inscrire sur les listes électorales selon Mme Blandine Ngoué présidente de la commission. Deux lots de documents recensant les inscrits ont déjà été expédiés à Yaoundé. Le dernier envoi a eu lieu vendredi 19 aout 2011 selon l’ambassadeur qui a regagné Dakar au cours de la semaine après un séjour en Europe. La rencontre entre les camerounais du Sénégal et élécam a été à la fois didactique, discursive et agitée.
Didactique pendant les deux premières heures. L’ambassadeur a fait une lecture expliquée des textes. Au préalable des copies avaient été distribuées aux participants.
Discursive lorsque des questions telles les lieux d’inscription et de vote ont été évoquées. Un compatriote présent a souhaité que des commissions mobiles aillent dans l’intérieur du Sénégal (Mbour, St Louis, Kaolack, Ziguinchor) afin inscrire les Camerounais n’ayant pas les moyens financiers* pour venir à Dakar. Les trois membres D’ELECAM ont expliqué que les ambassades et les consulats sont les seuls lieux où peuvent se tenir inscriptions et scrutin. L’interprétation des textes a causé une discussion animée entre le Pr Dieunedort Nzouabeth et Son Excellence Jean Koe Ntonga, ambassadeur du Cameroun au Sénégal, au Mali, en Mauritanie et en Gambie.
L’agrégé de droit estimant que si le personnel de l’ambassade se déplace dans un pays et occupe ne serait-ce qu’une chambre d’hôtel, elle devient de facto territoire Camerounais et le vote peut donc s’y dérouler. Cela éviterait aux milliers de Camerounais de ces pays d’être obligés de converger vers Dakar pour voter. En réponse l’ambassadeur a expliqué que n’ayant pas encore reçu et présenté les copies figurées des lettres de créances l’accréditant au Mali -où il y aurait environ 2000 Camerounais selon Jean Nkoe Ntonga-, en Mauritanie et en Gambie il ne lui est pas possible d’aller officiellement dans ces pays où ,a rappelé l’ambassadeur, ses collaborateurs ont déjà effectué des déplacements. Cette explication des contraintes diplomatiques a été admise comme telle par le Pr Nzouabeth qui a tenu à rappeler que du point de vue de la loi lui, l’agrégé de Droit, demeurait insatisfait.
Agitée lorsque qu’un camerounais, migrant illégal refoulé de Libye, a interpellé l’ambassadeur : « ma mère est morte il y a trois jours, je veux rentrer au Cameroun, je suis venu ici mais je n’ai pas reçu d’aide ». Immédiatement Mme Blandine Ngoué a précisé que la mère de ce compatriote est en réalité décédée il y a plus d’une dizaine de jours. Qu’en l’absence de l’ambassadeur elle -Mme Ngoué- avait reçu le jeune homme, lui avait permis de communiquer au téléphone avec la famille restée au Cameroun, lui avait établi une carte de séjour et un laissez-passer. Plus tard le migrant reconnaitra avoir déjà reçu des autorités de l’ambassade 50 000 F en espèces. Mais, ajoute le jeune homme « c’est insuffisant ! Je ne peux pas rentrer au Cameroun avec 50 000F !!! ». La conclusion du jeune homme grand, mince vêtu de sombre -tricot et jean retroussé découvrant ses chevilles- et qui se dit sans abri tombe comme un couperet : «le Cameroun n’a rien jamais fait pour moi ! Déjà au pays je n’avais rien c’est pour ça que j’ai été décidé de partir!».
Des mots qui feront bondir les membres d’élécam. Le Dr Issofa Nsangou fera remarquer au jeune homme qu’il dit une chose et son contraire en affirmant que le Cameroun n’a rien fait pour lui tout en reconnaissant avoir reçu une aide administrative, logistique et financière à l’ambassade du Cameroun. C’est à ce moment que l’ambassadeur dira au jeune homme « peut être faites vous partie de ceux qui veulent manifester devant l’ambassade et qui ont déjà déposé une demande d’autorisation au ministère de l’intérieur Sénégalais ». Le jeune homme confirmera faire partie des personnes (entre vingt et trente selon lui) voulant effectuer cette action de protestation jeudi 25 aout 2011. L’ambassadeur a martelé qu’il est prêt à recevoir tout camerounais qui vient à l’ambassade mais qu’il ne laissera personne trainer le Cameroun dans la boue au Sénégal.
Finalement la réunion est revenue à son sujet : les élections. Les participants ont appris que seules les personnes exclusivement de nationalité Camerounaise pourront voter « toute personne s’étant déjà prévalu d’une autre nationalité ne doit pas venir ici le jour du scrutin » a dit l’ambassadeur, homme de taille moyenne mur et replet vêtu d’un costume bleu sombre sur une chemise blanche à légères rayures bleues et une cravate jaune or. Chaque bureau de vote recevra 500 électeurs s’il y a 501 inscrits il faudra en ouvrir un autre bureau.
Aucun parti politique n’a encore envoyé un représentant officiel selon Mme Blandine Ngoué qui a précisé qu’une personne se disant représentante de Jean Jacques Ekindi et une autre disant représenter l’UPC sont bien passées à l’ambassade mais aucune n’a produit des documents de son parti attestant de sa qualité. Lors de cette rencontre, seuls deux membres du RDPC se sont présentés en tant que membres de parti politique parmi eux Eugène Bello. Il représentait Jérome Bélinga le chef de file du RDPC au Sénégal et en Mauritanie absent pour raisons de santé. L’ambassadeur a plusieurs fois souhaité un vote massif et responsable car selon Jean Koe Ntonga « ce sera une échéance historique ».
Le diplomate a proposé de transmettre au Chef de l’Etat une lettre de remerciements au nom des camerounais résidant au pays d’Abdoulaye Wade. La lettre remerciera Paul Biya pour la signature du décret N 2011/237 du 8 aout 2011 portant sur les modalités d’application de la loi relative au vote des citoyens Camerounais établis et résidant à l’étranger pour l’élection présidentielle prévue en octobre prochain.
A l’ambassade du Cameroun au Sénégal les inscriptions sur les listes électorales se poursuivent jusqu’au 31 aout 2011. Il faut se munir d’une carte consulaire en cours de validité et venir entre 8h30 et 17h30 du lundi au vendredi et de 9h à 13h30 le samedi. Les trois membres D’ELECAM arrivés samedi 20 aout quitteront Dakar mardi 23 aout 2011 après d’autres échanges dans les locaux de l’ambassade avec les Camerounais du Sénégal « nous devons expliquer, c’est le but de ces réunions publiques » a tenu à dire Nsangou Issoufa « nous devons bien expliquer la loi, ses implications et ses applications pour que demain personne ne dise que nous sommes venus faire des choses en cachette avec les autorités de l’ambassade ».
*Il faut dépenser entre 4500F si l’on vient de Kaolack -deux heures de voyage environ- et une quinzaine de mille si l’on vient de Ziguinchor -au moins une journée de voyage- pour payer le transport aller retour vers ou à partir de Dakar. Frais de taxi urbain (individuels au Sénégal) non compris.
Par Thomas Ayissi résident camerounais à Dakar au Sénégal - 23/08/2011
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