VOLONTE POLITIQUE AUCUNE

VOLONTE POLITIQUE AUCUNE

par Ayah Paul Abine, samedi 31 mars 2012, 21:49

Le 31 mars 2012

 

VOLONTÉ POLITIQUE AUCUNE

De AYAH Paul ABINE

 

La première session parlementaire ordinaire de l’année 2012 est dans la quatrième semaine et à moins d’une semaine de la clôture. A son ouverture, la plupart des Camerounais étaient pris d’émotion suivant la déclaration d’ELECAM qu’elle allait désormais établir les listes électorales par le système biométrique. Quelques Camerounais qui connaissent assez bien le régime RDPC avaient affiché un optimisme plutôt mesuré. En ce moment, il semblerait que les derniers n’avaient pas tellement tort.

 

On comprend mal que le projet de loi sur le code électoral ne soit pas déposé à l’Assemblée Nationale jusqu’à présent. Même si cela se faisait dans les jours qui suivent, le retard entraverait sans doute les actions subséquentes. Car parmi les trois options disponibles, aucune d’elles peut nous mener à croire qu’une fois à jamais le gouvernement fera preuve d’une volonté politique avérée en la matière.

 

Premièrement, même si l’on déposait le projet de loi aujourd’hui même, les députés n’auraient pas le temps de faire un examen approfondi d’un texte d’une importance aussi capitale. On se retrouverait dans les mêmes circonstances qui nous obligent toujours à confier un projet de loi a une commission à dix heures ; suivi des débats en commission à quatorze heures le même jour, (c’est-à-dire en moins de quart heures); et pour l’adopter en plénière le lendemain à dix heures.

 

Dans le cas où le gouvernement prenait la deuxième option qui consiste en la convocation d’une session extraordinaire, le temps imparti, peut-être trois jours comme par le passé, n’échapperait guère à la procédure d’urgence qui anime nos honorables députés à dessein. Ici non plus, le gouvernement ne pourrait-il démontrer son sérieux devant une loi qui, dans les démocraties dites avancées, garantit la paix et une transition paisible.

 

Le gouvernement pourra faire usage de la troisième option - le renvoi du projet de loi à la session de juin. Mais dans le contexte actuel de la prorogation du mandat des députés pour six mois, cette option compliquerait la tâche pour ELECAM. Car cet organe ne peut procéder aux inscriptions dans les listes électorales suivant le processus de la biométrie sans violer le code électoral actuel. En effet, le présent code prévoit la distribution des cartes des électeurs par une commission pendant une période subséquente aux inscriptions. Livrer des cartes des inscription sur le champ comme se veut le système biométrique serait contraire à la lettre de cette disposition. Au cas contraire, ELECAM sera alors obligé d’attendre la fin de la session de juin pour se mettre au travail. Ceci ne peut ne pas avoir d’effets néfastes sur des étapes suivantes compte tenu du temps restant.

 

Tout cela nous amène à demander de savoir ce qui justifie le choix d’une période de six mois «éventuellement renouvelable». On répondrait sans hésitation aucune qu’il manque encore au Président de la République la volonté politique de légiférer pour des élections crédibles et transparentes au Cameroun. Evidemment, l’on ne cache pas la vérité dans un filet! Le sérieux aurait été une période d’au moins douze mois pour que nous soyons mieux fixés sur les dates des élections avec précision. Ceci a l’avantages de toutes les parités.

 

Faut-il redire ici que nous savons tous que Mr le Président seul cannait les dates exactes des élections au Cameroun? Mais de tel monopole ne fait que lui confier la liberte d’organiser les élections par embuscades en sa faveur, et/ou en faveur de son parti le RDPC. Sachant très bien que ses adversaires peuvent se préparer en conséquences s’ils sont au courant des dates précises, Mr. Le Président a pris refuge, sans scrupules comme d’habitude, dans la logique d’embuscade en choisissant six mois de manière aléatoire. C’est donc le même jeu aux files des années qui a persisté.

 

Il n’est pas moins vrai que tel que nous le connaissons, il n’est pas exclu que Mr. Président nous dise à la fin de la période de six mois que, parce que ELECAM n’a pas pu suffisamment saisir la biométrie en six mois, nous devions recourir aux inscriptions manuelle existante pour les élections actuelles, et de n’appliquer la biométrie qu’ultérieurement. Il en suivra comme toujours et bien sûr des millions des motions du soutien préparées à répétition. Conséquence attendue: le maintien pour le RDPC de la majorité automatique à l’Assemblée Nationale avec des conséquences fâcheuses bien connues – le piétinement nationale sans pareil!

 

En général, l’émotion engendrée par l’annonce de l’adoption du système biométrique semble ne pas avoir été aux beaux fixes. Le certain c’est que le système biométrique exclurera sans doute les morts des listes électorales. Mais la biométrie n’a aucun effet sur la multiplicité des inscriptions tant qu’il n’existe pas une centrale pour effacer les inscriptions frauduleuses telles que des doublons par exemple. Nous ne sommes pas si nombreux qui doutons encore que la carte nationale identité informatisée n’a pas pu empêcher des Camerounais malhonnêtes d’en avoir plusieurs à la fois. Combien différent est-il le système biométrique?

 

L’on ne peut ne pas conclure donc que, même si la biométrie est efficace, cela ne va pas empêcher le RDPC à pratiquer les fraudes électorales si l’on ira pas plus loin. Lors de la dernière présidentielle, les bulletins de vote des candidats autres que Mr. Biya n’était pas toujours sur les tables aux bureaux de vote. Le silence du gouvernement jusqu’ici sur notre exigence qu’il y ait un bulletin de vote unique ne fait que renforcer notre doute relative à la volonté politique de Mr le Président de faire effectivement des réformes électorales au Cameroun. A dieu ce qui est à lui de droit s’il vous plaît!




01/04/2012
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