Malgré les preuves accablantes contre un lieutenant de l’armée retrouvé en possession d’un véhicule volé après un braquage, le juge Joseph Vincent de Paul Noah a prononcé un non lieu.
Le 4 mars dernier, Joseph Vincent de Paul Noah, juge d’instruction au Tribunal de grande instance du Mfoundi (Tgi) a rendu une ordonnance de non lieu dans l’affaire opposant Grace Njapdounke Alima au lieutenant Michel Effa Effa de l’armée de terre. Dans l’acte formalisé, le juge d’instruction écrit « Disons non réunis contre Michel Effa Effa les éléments constitutifs de crime et délit de vol aggravé en coaction, contrefaçon d’un certificat officiel et usage d’un tel certificat. Disons par conséquent n’y avoir lieu à poursuivre contre lui et ordonnons un non lieu ». Une décision qui a provoqué la colère de Jean Claude Mbassi Ebende, époux de Grace Njapdounke Alima, dont le véhicule avait été volé le 26 avril 2009 à Yaoundé.
Ce jour là, de retour chez elle aux environs de 22 heures, alors qu’elle est en train de se garer devant son domicile au Camp Sic Messa, une bande de malfrats armés lui tombe dessus et emporte son véhicule de marque Carina E, immatriculé CE 731 BS, de couleur rouge. La course engagée par son mari, à travers la ville de Yaoundé, pour mettre la main sur les braqueurs va s’avérer infructueuse.
Charges accablantes
Ce n’est que le 19 août 2011 que le véhicule est retrouvé de manière fortuite. La victime, qui est gérante d’une station d’essence où elle se rend, retrouve, aux environs de 14h30, son véhicule portant toujours la même plaque minéralogique garé devant le mess des officiers. Lorsqu’elle rappelle au conducteur, qui a décliné son identité comme le lieutenant Michel Effa Effa, en service à l’Ecole de guerre de Simbock à Yaoundé, qu'elle est le propriétaire dudit véhicule, celui –ci commence par indiquer le contraire et laisse entendre que cette voiture est sa propriété, tout en affirmant disposer de tous les documents le prouvant. Au moment où la victime attend qu’il descende du véhicule pour se justifier, le lieutenant choisit plutôt de démarrer en trombe et de prendre la fuite.
Convoqué par la Sécurité militaire (Semil) en octobre 2011 puis par le service de Recherches de la gendarmerie en décembre, le lieutenant Effa explique que celui qui lui a vendu le véhicule querellé, un certain Fansy Raphael Atanga, qu'on a jamais vu à l'instruction, a récupéré ladite voiture faute d’avoir été entièrement payé par lui. Néanmoins, il s’engage à retourner un véhicule identique à la victime. Il lui propose alors une Carina E Diesel, laquelle est refusée au motif qu’il s’agit d’une vieille guimbarde. Il ne donnera plus signe de vie jusqu’au 12 Juin 2012 lorsqu’il est embarqué de son bureau de l’Ecole de Guerre par des antigangs qui ont retrouvé un véhicule Carine E rouge sur les lieux mais avec une plaque minéralogique différente, le lieutenant Effa affirme alors qu’il s’agit du véhicule d’un ami. Il s'averera, après vérification du châssis qu'il s'agit bel et bien de la voiture de Grâce Njapdounke Alima et que la carte grise a été mutée frauduleusement .
Le 30 juillet, faute de n’avoir toujours rien fait, le lieutenant Effa est placé en garde à vue par la gendarmerie. Dans la foulée, il est écroué à la prison de Kondengui, le 12 août 2012, pour atteinte à un bien immobilier avec violence, ce qui est équivalent au vol, puni par les articles 318 alinéa 1 et 320 alinéa 1 du code pénal et la contrefaçon d’un certificat officiel, en l’occurrence de la carte grise du véhiculé volé, puni par l’article 207 alinéa 1 du code pénal. Seulement, malgré ces charges accablantes, le 10 septembre 2012, cette détention provisoire est substituée en surveillance judiciaire avec à la clé la remise en liberté du lieutenant .
Pour la victime et son époux, Jean Claude Mbassi Ebende, 1er adjoint au Maire de Lobo, la démarche du juge « ne contribue pas à rendre la justice et encourage les malfrats à continuer à perpétrer des crimes. Nous savons de source sûre que de l’argent a été offert par des gens qui n’ont pour activité que de s’attaquer avec violence aux paisibles citoyens pour les dépouiller de leurs biens. Ce magistrat est connu pour son côté affairiste. Il n’y a pas longtemps qu’un avocat l’a giflé en pleine audience au tribunal toujours pour sa propension à rendre des décisions iniques ». Au cabinet du juge Noah, on indique n’avoir pas à commenter une décision qui a été rendue. Outre que le président de la République a été saisi, la victime a fait appel.