Rarement
le pays a reçu un chef d’Etat occidental en première visite sur le
continent, se résignant même, dans certains cas, à voir certains lui
passer sous la barbe.
Onze ans qu’aucun président français ne s’est rendu au Cameroun. Le
dernier en date, c’est Jacques Chirac, qui y a séjourné du 17 au 19
janvier 2001 à l’occasion du sommet Afrique-France que le pays a
accueilli.
Du côté américain, la disette semble encore plus prononcée. Aucun des cinq derniers présidents des Etats-Unis n’a effectué une visite au Cameroun. De tous les cinq « grands » du Conseil de sécurité des Nations Unies, seul le chinois Hu Jintao, alors en mi-mandat, y a effectué une visite d’Etat en janvier et février 2007. Le tableau n’est pas des plus reluisants, mais ne surprend guère. Présenté comme une puissance économique et stratégique en Afrique centrale, en Afrique francophone et dans le golfe de Guinée, Yaoundé semble ne pas attirer les « grands ». Tous se sont pourtant rendus en Afrique, et parfois tout près. Eternel oublié ?
Tradition
Après son élection à la tête de l’Etat français en 2007, Nicolas Sarkozy, pour son premier voyage en terre africaine, avait choisi le Sénégal, l’Afrique du sud et le Gabon tout à côté. D’autres pays, à l’instar du Niger ou du Congo, ont connu par après les honneurs d’une visite du président français, mais pas le Cameroun. Rompant ainsi avec une tradition entretenue par Charles De Gaulle en 1953, Georges Pompidou en 1971, Valérie Giscard d’Estaing en 1979 ou encore François Mitterand en 1983. En 2009, pour sa première visite en Afrique, le président américain Barack Obama a choisi l’Egypte et le Ghana.
Dans, la même lancée, Hillary Clinton, patronne de la diplomatie américaine, lors de ses visites en Afrique a systématiquement écarté le Cameroun et privilégié certains pays francophones dont le Sénégal. Pour sa première visite en Afrique, le nouveau président français, François Hollande, a choisi la République démocratique du Congo. Un choix qui semble davantage dicté par des considérations stratégico-économiques, tant ce dernier pays a été critiqué pour l’élection présidentielle mal organisée de 2011 et le non respect des droits de l’homme. Mais la plupart des observateurs s’accordent à dire que le véritable discours africain du nouveau président français sera lu à Dakar le 13 octobre 2012.
« Désamour »
La récente sortie de l’ambassadeur Bruno Gain à propos du verdict de l’affaire Michel Thierry Atangana a aussi laissé entrevoir les réserves du pays des Gaulois quant à la qualité de la justice dans l’Opération Epervier. Les Etats-Unis aussi critiquent régulièrement le Cameroun, pour la violence politique, pour le non respect des droits de l’homme, pour la corruption ou pour le non respect de certains principes démocratiques.
S’adressant devant le Parlement ghanéen lors de sa visite en juillet 2009, Barack Obama a notamment déclaré que « le développement dépend de la bonne gouvernance. C'est un ingrédient qui a fait défaut pendant beaucoup trop longtemps, dans beaucoup trop d'endroits (...) L'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts, elle a besoin d'institutions fortes ». Signe s’il en est du « désamour » entre Yaoundé et ses partenaires occidentaux, depuis sa réélection en octobre 2011, Paul Biya n’a toujours pas reçu les félicitations des Etats-Unis et de la Grande Bretagne. La France de Sarkozy quant à elle avait mis plusieurs semaines avant de le faire.