Visite : Les misères de Paul Biya à l’aéroport
En partance pour le Brésil hier, le chef de l’Etat a dit au revoir à ses
collaborateurs dans une salle incommode; il a dû attendre plus d’une
heure pour que des questions logistiques soient résolues.
Le fait
est rare et inédit. Le chef de l’Etat obligé d’utiliser un salon
improvisé, en chantier presque, pour donner les dernières instructions à
ses collaborateurs avant de s’envoler pour le Brésil hier en fin de
matinée, pour une visite officielle. Au lieu du prestigieux salon
d’honneur du pavillon présidentiel. Plus étrange encore, Paul Biya et
son épouse, déjà privés de pavillon présidentiel, ont été contraints,
selon des sources à l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen,
d’emprunter leur avion au niveau de l’aérogare commerciale.
D’après
les premières informations obtenues sur place de diverses sources
généralement dignes de foi, l’avion du chef de l’Etat n’a pas pu se
déplacer de l’aérogare commerciale pour le pavillon présidentiel. Les
mêmes sources indiquent que cela est du au fait que le «repousseur» de
l’aéroport (chariot qui aide les avions à effectuer les déplacements sur
la piste d’atterrissage), n’était pas adapté au gabarit de l’appareil
affrété par l’état major particulier du président. Mais les déboires du
président de la République à l’aéroport de Nsimalen hier, ont commencé
avec l’inspection des deux appareils, affrétés par l’état major
particulier du président de la République, par le directeur du cabinet
civil de la présidence, Martin Belinga Eboutou.
Au cours de
cette descente sur les lieux, racontent des témoins, Martin Belinga
Eboutou, tout furieux, n’a pas apprécié le fait qu’on ait affrété un
Boeing 737 «ayant un confort inapproprié» pour le président et son
épouse, alors que les autres personnalités de sa suite dite «technique»
allaient emprunter le 757. Aussi, pour Belinga Eboutou, cet avion est
indigne du chef de l’Etat. «Le président ne mérite pas ce type d’avion ;
les aménagements intérieurs sont indignes du chef de l’Etat», tempête
le directeur du cabinet civil qui poursuit en indiquant que «ceux qui
ont affrété ce type d’avion pour le président méritent d’être jetés en
prison, et leur cas sera examiné !»
Du coup, tous les aménagements
subis par le 737 ne sont plus utiles. Il faut changer d’appareil et
aménager le 757 dont les équipements techniques de traitement se
trouvent uniquement à l’aéroport international de Douala. D’après les
responsables des Adc, seule la compagnie Ethiopian airlines possède ce
type d’appareil ; or, cette compagnie n’a pas de vol sur
Yaoundé-Nsimalen. Pour effectuer les aménagements intérieurs nécessaires
dans cet appareil, il faut le déplacer. Mais contre toute attente, le
pilote oppose une fin de non recevoir à la requête du directeur du
cabinet civil. «Mon contrat est clair : je ne peux pas activer mes
réacteurs pour quelques centaines de mètres. Si quelqu’un veut monter
dans mon avion, qu’il se déplace vers cet appareil», rétorque fermement
le pilote du 757 aux autorités de l’aéroport.
Matériel inadapté
A
côté de ce refus, un responsable technique des Adc précise : «l’avion a
un gabarit qui ne correspond pas aux installations et aux équipements
techniques de l’aéroport de Nsimalen ; cet avion est arrivé pour la
première fois à Yaoundé parce que pour ce type de voyage, il faut un
appareil capable de couvrir de longues distances sans faire d’escale. Il
faut pour cela une autonomie en moyenne de 12 heures de vol. Or au
moment de faire venir cet avion que nous n’avons jamais reçu ici, ils ne
se sont pas assurés de la compatibilité des équipements et
installations techniques dont dispose l’aéroport de Nsimalen.»
«On a
constaté la veille seulement que les équipements techniques ne
pouvaient pas traiter l’appareil depuis le pavillon présidentiel parce
qu’il faut un matériel adapté au traitement de cet appareil dont nous ne
disposons pas ; ce matériel doit permettre qu’on déplace l’appareil
pour le pavillon présidentiel», précise-t-on à Nsimalen. Aussi, le temps
de réaction des équipes techniques de l’aéroport retarde-t-il le vol
présidentiel d’environ une heure et demie, selon des sources proches du
dossier.
Entre-temps, le chef de l’Etat qui est arrivé avec son
épouse, est orienté vers l’aérogare commerciale. Les problèmes
techniques du repousseur et le refus du pilote ayant immobilisé
l’appareil à l’aérogare commerciale, le chef de l’Etat et son épouse
sont privés de pavillon présidentiel. Mais tous les salons de cette
partie de l’aéroport étant en réfection, le président est installé dans
un salon improvisé. «On a dû installer le chef de l’Etat et son épouse
dans une salle apprêtée à l’improviste ; c’est là qu’il a reçu ses
collaborateurs avant de s’envoler pour le Brésil», renseigne une source à
Nsimalen. Pour emprunter le 757, le chef de l’Etat remonte en voiture
et file vers l’appareil immobilisé à l’aérogare commerciale.
Pierre Célestin Atangana