Visite de Paul Biya au Vatican: Le CODE ecrit au Pape
Par Pour le CODE, M. Moïse ESSOH M. Brice NITCHEU - 21/10/2013
Par le CODE
Octobre 2013
A Sa Sainteté Le Pape François
Palais Apostolique
00120 Cité du Vatican
Saint Père,
Vous allez serrer ce 18 octobre 2013 les mains tachées de sang et
écouter la bouche pleine de mensonges et de haine du président
camerounais M. Paul Barthélemy Biya, au pouvoir depuis 31 ans et qui a
déjà vu passer trois Papes au Vatican.
Nous nous interrogeons sur l’utilité de cette visite pour laquelle M.
Biya a mobilisé une impressionnante équipe de courtisans, et ceci au
lendemain d’un énième hold-up électoral que son parti, le RDPC, vient
d’opérer aux élections législatives et municipales du 30 septembre.
Depuis votre accession au pontificat, vous montrez un intérêt évident
pour le sort des plus faibles et des plus pauvres. Nous voulons donc
vous entendre, puisque vous recevez M. Biya, sur les énormes souffrances
qu’il fait subir aux Camerounais et sur l’impunité qui règne au
Cameroun.
En effet, sous son règne sans fin, son régime est coupable
d’innombrables crimes impunis, y compris contre des religieux. Nous
pensons entre autres, de manière non exhaustive :
- à l’Abbé Joseph Mbassi, ancien rédacteur en chef de L'Effort
Camerounais, trouvé mort le matin du 26 octobre 1988 dans sa chambre,
assassinat non élucidé à ce jour ;
- à Me Ngongo Ottou, proche du clergé catholique, assassiné le 30 octobre 198 ;
- à l’Abbé Barnabé Zambo, mort le 24 mars 1989 dans des conditions non élucidées ;
- à Mgr Yves Plumey, archevêque émérite de Garoua, assassiné dans la
nuit du 3 septembre 1991, assassinat non élucidé à ce jour ;
- aux Soeurs Germaine Marie Husband et Marie Léonne Bordy, responsables
du dispensaire de la mission catholique de Djoum, abattues dans leur
résidence le 2 août 1992. Un jardinier a été tenu pour coupable, mais la
vérité reste non élucidée à ce jour ;
- au Père Amougou, mort empoisonné en 1992 ;
- au Père Engelbert Mveng, assassiné le 23 avril 1995, assassinat non élucidé à ce jour ;
- à l’Abbé Apollinaire Claude Ndi, curé de Nkol-Tob, assassiné à Yaoundé
dans la nuit du 20 au 21 avril 2001, à Nkolndongo, assassinat non
élucidé à ce jour ;
- à L’abbé Jean Marc Ela, contraint à l’exil au Canada et mort le 26 décembre 2008.
A ces hommes et femmes d’église, nous ajoutons d’autres personnalités
comme notre camarade Jacques TIWA, assassiné lors des émeutes de février
2008, réprimées dans le sang, et qui firent au moins 150 victimes. Nous
ajoutons les plus de 1000 personnes assassinées pendant « Le
Commandement Opérationnel ». Les auteurs de ces crimes continuent de
servir le régime de Paul Biya, malgré les multiples recommandations des
institutions internationales des droits de l’Homme, y compris de l’ONU,
qui l’ont plusieurs fois interpellé pour exiger la fin de l’impunité au
Cameroun.
Le Pape François
Cher Pape,
Nous exigeons donc que vous usiez de votre autorité morale pour demander
au dictateur Paul Biya de faire toute la lumière sur ces crimes de sang
et de mettre fin à l’impunité qui règne au Cameroun.
Vous trouverez en annexe quelques informations concernant les dénis de
justice, la violation des droits humains et la pauvreté que subissent
chaque jour les Camerounais.
Il s’agit des contributions que le CODE a apportées à Genève devant le
Comité d’Action contre la Torture de l’ONU en 2010 (aux côtés de l’ACAT)
et 2012, dans le cadre de notre travail citoyen en faveur des droits
humains au Cameroun, ainsi que d’un état des lieux de la situation de la
jeunesse camerounaise, dressé en 2006 et qui a gravement empiré depuis
lors.
Le régime de M. Paul Biya, qui a fait du Cameroun un Pays Pauvre Très
Endetté, a plongé les Camerounais dans une pauvreté sans précédent, et
n’offre à la jeunesse camerounaise aujourd’hui le choix qu’entre deux
options : fuir ou subir.
Fuir en étant à la merci des trafiquants d’êtres humains, fuir dans des
souffrances indescriptibles, pour parfois mourir noyés dans une
embarcation de fortune comme ce que nous voyons ces derniers jours sur
les côtes italiennes.
Subir la pauvreté, les injustices quotidiennes dans la recherche
d’emploi ou dans l’enseignement, la dégradation des mœurs et des valeurs
humaines au nom de la survie.
Saint Père,
Les points que nous soulevons ici sont essentiels pour les Camerounais.
Les religieuses et les religieux catholiques œuvrant au Cameroun le
vivent au quotidien et peuvent en attester.
Veuillez donc exigez du dictateur Paul Biya, ce 18 octobre, qu’il libère
le peuple camerounais de l’indicible souffrance dans laquelle il l’a
plongé en 31 ans de règne, qu’il quitte enfin le pouvoir et qu’il laisse
le Cameroun en paix, entre les mains des compatriotes plus soucieux de
l’avenir de leur pays !
Nous vous prions, Votre Sainteté, d’agréer l’expression de nos sentiments les meilleurs.
Pour le CODE,
M. Moïse ESSOH M. Brice NITCHEU