Il aura fallu vingt ans au chef de l’Etat, Paul Biya, pour consentir à la compensation des victimes du retour à la démocratie dans les années 90 dans la région du Nord-Ouest.
Deux milliards Fcfa, c’est le montant que pourraient percevoir les victimes de la violence de la crise postélectorale qui a secoué le Cameroun en 1992. L’annonce a été faite par Paul Ghogomu, directeur du cabinet du Premier ministre samedi dernier 2 novembre 2012, au palais des congrès de Bamenda, lors de la réunion de lancement de la campagne de mobilisation des militants du Rdpc, pour les inscriptions biométriques dans la région du Nord-Ouest.
Cette annonce a été provoquée par l’ex-ministre chargé de missions, par ailleurs président du conseil de direction du Gce Board, Peter Abety Alangue qui, dans son propos, n’est pas passé par quatre chemins pour laisser entendre que près de 400 militants de la première heure du Rdpc dans cette région, victimes des violences et destructions postélectorales de 1992, ne consentent plus à faire la moindre contribution pour le rayonnement du parti de la flamme dans la région, parce qu’ils n’ont jamais reçu une compensation depuis les incidents de 1992. Pourtant c’est parce qu’ils soutenaient de façon inconditionnelle le parti de Paul Biya qu’ils ont subi « la barbarie de l’opposition en 1992 », a-t-il expliqué.
Il faut dire que s’ils obtiennent réparation aujourd’hui, c’est après une longue et périlleuse bataille judiciaire contre l’Etat du Cameroun. Après avoir épuisé les voies de recours judiciaires au Cameroun, respectivement au Tribunal de grande instance de la Mezam, à la Cour d’appel du Nord-Ouest et même au niveau de la Cour suprême où ils n’ont pas obtenu satisfaction, les victimes, à travers leur conseil, Me Amaazee Anthony, ont transposé l’affaire à la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (Cadhp). Laquelle commission leur a donné gain de cause, demandant au gouvernement de les dédommager.
Las d’attendre ce dédommagement, certains parmi eux ont même projeté, il y a moins d’un an, des marches de protestation dans la ville de Bamenda. Lesquelles marches avaient été étouffées dans l’œuf par l’administration locale. C’est dire s’il aura fallu vingt ans à Paul Biya pour consentir enfin à jeter un regard sur le sort de ses camarades de parti de la première heure. Vingt ans de galère, même si parmi ces victimes, certains comme Fon Angwafor III de Mankon continuait et continue à recevoir des subsides du chef de l’Etat. Il est d’ailleurs le premier vice-président du Rdpc depuis des lustres. Quid des autres ?