La peur des représailles et l'ambition personnelle des patrons sont à l'origine de l'inertie qui empêche ce corps de maîtriser l'insécurité ambiante qui règne dans nos villes.La lutte contre l'insécurité d'une manière générale est-elle réellement possible au Cameroun ? Tel un serpent de mer, on a vraiment l'impression que cet engagement cher au chef de l'Etat est resté un vœu pieux. Ces derniers temps, l'on assiste impuissant à un regain d'insécurité suite aux agressions et braquages perpétrés ça et là dans les quartiers. Apparemment, la police de proximité instaurée à travers la prolifération des postes de police ne tient pas la promesse des fleurs. Les agressions sont plutôt allées crescendo. La palme d'or des agressions revenant aux transports en commun notamment les taxis. Il ne se passe pas une journée sans que plusieurs citoyens soient extorqués dans ce moyen de transport.
Tristes exemples
De l'avis des observateurs avertis, l'inertie engendrée par la peur des sanctions à tort et au travers de l'ancien patron de la police, la peur de perdre le poste et un nouveau code de procédure pénale plus exigeant, sont à l'origine de cette recrudescence de l'insécurité.
Plusieurs policiers rencontrés ont reconnu
l'inertie en question: " Vous savez, chacun protège son gagne pain. On
ne peut pas agir tout en sachant qu'on court le risque d'être
sanctionné. Moi j'ai mon camarade qui était l'un des meilleurs éléments
du Gso. Il a été sanctionné parce qu’il a tiré sur les bandits qui
semait la terreur à la frontière avec le Tchad lors d'une mission. Vous
pensez qu'une telle personne puisse encore donner le meilleur de lui
même un jour."
Cet officier de police qui a requis l'anonymat poursuit :" les exemples
de cet ordre sont légion. Une équipe en patrouille a été priée
d'arranger le véhicule de service alors qu'ils ont été victimes d’un
accident en poursuivant les malfrats. Les actes de ce genre découragent.
En plus, même le fonctionnaire n'a pas l'obligation du résultat. Le
salaire passe toujours."
A en croire ce policier, le nouvel homme fort de la police M. Emmanuel
Edou à intérêt à remobiliser ses troupes qui ont été meurtris par les
méthodes de son prédécesseur. Edgar Alain Mebe Ngo’o, puisqu’il s’agit
de lui, avait la sanction facile, source de démotivation parmi tant
d'autres.
L'autre problème évoqué est l'attitude moribonde de la plupart des patrons. Ils ne prennent jamais d'initiative par peur de mal faire. "Très peu de responsables à la police osent. Ils préfèrent protéger leurs postes, sources d’autoréalisation. Aucun risque susceptible de faire perdre les avantages liés à ce poste ne doit être pris. Conséquence, ils vont parfois jusqu'à empêcher leurs subalternes de travailler. Le comble est que ce sont de hauts gradés aux confins de la retraite qui affichent plus ces comportements. Pourtant à cet âge, on devrait être plus soucieux d'avoir à son actif des faits d'armes," souligne un jeune commissaire de police qui par la même occasion confirme les aveux des précédents interlocuteurs : "à la police, l'inertie est la règle. Personne ne prend vraiment son travail au sérieux. C'est la course au poste et au grade. Ce n'est pas étonnant que le 17 et le 117 ne servent pas à grand chose."
L'autre source de démotivation est l'application du nouveau code de procédure pénale qui protège plus les malfrats. Un cas d'espèce évoqué par un officier de police:" un élément d'une patrouille a abattu un bandit surpris en flagrant délit au niveau de Mvog-Betsi et qui tentait de s'enfuir malgré les injonctions des policiers de s'arrêter. Le policier a été tancé par le Procureur de la République qui pensait que ce dernier ne devrait tirer qu'en cas de légitime défense. Et pourtant, il faut imaginer que le bandit soit armé et qu'il tire sur lui le premier.» Autant de choses qui découragent.