Vincent Sosthène Fouda: «Les chancelleries occidentales sont aussi des bénéficiaires du trafic d'enfants»
Douala, 22 Mars 2012
© Edouard KINGUE | Le Messager
Le 26 janvier le gouverneur de la région du Centre avait décide de faire récupérer le nourrisson qui est chez la magistrate pour le remettre à Vanessa, mais inexplicablement, le pouvoir a fait volte face...
Vincent Sosthène Fouda est un spécialiste du trafic des nourrissons. Il s'est intéressé au cas Vanessa Tchatchou en faisant une vraie enquête de police. Ses conclusions sont accablantes. Le bébé que l'on disait volé est entre les mains de la magistrate de Mfou, qui l'a «adopté» avec la complicité du ministère des Affaires sociales, mais sans le consentement de la mère. Il nous apporte ici des révélations troublantes qui contredisent les allégations du pouvoir...
Comment vous est venue l'idée de vous occuper de l'Affaire Vanessa? Avez-vous été sollicité par sa famille ou par une quelconque institution?
Je dirais que c'est depuis 2000, date à laquelle j'ai publié un ouvrage sur l'univers de l'adoption chez «L'Harmattan». Les combats dans lesquels nous nous retrouvons ne sont pas programmés, ce sont les hasards de la vie. Vanessa par son combat est venue rejoindre l'humaniste en moi, mais aussi le professionnel, je m'occupe de la petite enfance, de l'adoption nationale et internationale, la circulation des nourrissons. Voilà ce qui justifie mon engagement dans ce combat.
Connaissiez-vous et avez-vous rencontré la magistrate aujourd'hui accusée par certains activistes d'être liée à cette triste affaire?
J'ai recueilli de nombreuses informations notamment au sein de l'Hôpital Gynéco-Obstétrique et Pédiatrique de Ngousso mais aussi à l'hôpital Central, et à l'hôpital Général. J'ai eu des heures d'échanges avec le personnel de la police nationale parce que ce corps n'est pas que constitué de ripoux, il y en a parmi eux qui veulent que la vérité soit manifestée. J'ai travaillé avec des compatriotes qui ont mis à ma disposition une bonne expertise qui m'a permis de rencontrer madame le premier substitut de Mfou. Je ne pense pas qu'il y ait eu entre nous de la méfiance dès notre premier contact. Elle nous a ouvert des pistes qui ont conduit à ce que nous appelons aujourd'hui «trafic de nourrissons au Cameroun». Tout le monde sait au Cameroun que quand une femme veut un enfant, elle est prête à tout. Elle a rencontré beaucoup de démarcheurs et de vendeurs de nourrissons ; ce sont des médecins, des responsables du Minas. C'est un phénomène qui touche l'ensemble du Cameroun.
Vous accusez formellement cette magistrate de détenir le bébé de Vanessa. Sur quoi se fondent vos accusations?
Je ne l’accuse pas, ce sont les preuves qui l'accusent et l'accablent! Elle a tout simplement à son domicile un bébé dont elle n'est pas la génitrice. Elle n'est pas non plus sa maman adoptive au regard de tous les documents en notre possession.
Comment avez-vous pu entrer en possession des éléments vous ayant conduit à commander un test Adn sur le bébé détenu par la magistrate et sur Vanessa?
J'ai établi une relation de confiance entre cette magistrate et moi. Elle nous a ouvert d'ailleurs de nombreuses pistes que malheureusement le pouvoir en place refuse d'exploiter. Il est facile d'avoir un prélèvement d'un nourrisson dans notre pays parce qu'il rencontre régulièrement les médecins soit pour une vaccination, soit pour un simple contrôle de routine. Si vous admettez ceci, alors vous pouvez aussi comprendre que j'ai pu obtenir les cheveux de cette enfant que j'ai eu dans mes bras à au moins trois reprises. Dans nos sociétés, quand vous allez dans une maison où il y a un nouveau né, après vous avoir servi de l'eau je crois que c'est le nourrisson qu'on vous met dans les bras.
Avez-vous été à Nkoteng? Que pensez-vous alors de la thèse officielle selon laquelle le bébé de Vanessa est enterré aussi loin du lieu du drame?
J'ai été à Nkoteng avec une équipe de France 2, samedi le 17 mars, venue réaliser des prises de vue dans la localité pour la réalisation de deux magasines sur «L'Affaire Vanessa Tchatchou». Est-ce vraiment important de dire ici que Nkoteng est dans le département de la Haute Sanaga? Dans cette bourgade de 50 000 habitants, les gens ont eu des choses a dire, les langues se sont déliées et je pense que ceux et celles qui prennent le peuple camerounais pour un rassemblement de moutons sans guide, l'apprendront bientôt à leur dépens. Le bébé de Nkoteng n'est pas celui de Vanessa, ce bébé de Nkoteng est de sexe masculin.
C'est le professeur Ndoh Anderson SAMA qui a inventé cette histoire pour se couvrir et donner l'impression d'avoir travaillé. Si la police ou la gendarmerie avait fait une enquête sérieuse, je crois que la première des choses aurait été de saisir un certain nombre de documents à l'Hôpital Gynéco-Obstétrique et Pédiatrique. Mais hélas, il y a des gens qui continuent à penser qu'ils servent le pays en muselant Sosthène Fouda!
Vous avez évoqué dans certaines tribunes, un cas troublant du côté de Nkoteng. Celui d'un document qui étaierait la thèse gouvernementale. De quoi s'agit-il?
Il se trouve tout simplement que la magistrate a des documents qui attestent de l'abandon d'un bébé à l'Hôpital Central de Yaoundé en date du 13 août 2011. L'infirmière qui fait cette déclaration de perte est originaire de la Haute Sanaga. Il n'y a pas de crime parfait! Pourquoi des voleurs de bébé traîneraient la dépouille d'un nourrisson de huit jours, traversant trois départements : le Mfoundi, la Lékié, et enfin la Haute-Sanaga! Vous ne trouvez pas que c'est gros! Est-ce vraiment la préoccupation première des voleurs lestés d'un corps de nourrisson qu'ils ont kidnappé d'une couveuse, de parcourir autant de kilomètre pour aller l'enterrer!
Le bébé n'ayant pas été volé selon vous, pensez-vous que le bébé a été «acheté» donc «vendu»?
Le bébé de Vanessa n'a pas été «volé». La grossesse de Vanessa a été suivie dans cet hôpital, elle a vu cependant un médecin différent à chaque rendez vous. Au moment de sa disparition, le bébé était habillé, ce que l'on ne fait pas avec un nourrisson qui doit aller en couveuse. Toutes les femmes savent qu'on ne met pas en couveuse un nourrisson habillé sauf celui de Vanessa Tchatchou. Un nourrisson vraiment exceptionnel sur tous les plans!
On a parlé de la piste «Bangou» pour insinuer un contrat sur le bébé. Pourrait-il y avoir une relation entre la famille de Vanessa, la magistrate et certains protagonistes de l'affaire?
Cette piste existe, elle aurait dû être explorée. Le fait que Vanessa Tchatchou soit Bangou, que la magistrate ait des liens familiaux avec ce groupe, qu'un des médecins impliqués dans cette affaire lui aussi ait des liens avec Bangou, tout ceci devrait amener la police à s'intéresser aux associations Bangou de Yaoundé. J'ai pris la peine de communiquer cette information en temps et heures utiles mais elle n'a pas prospéré parce que le gouvernement camerounais ne voudrait pas se dédire. Il tient à masquer la vérité pour protéger ceux et celles qui sont liés par d'autres intérêts, lesquels intérêts les obligent à se soutenir. Je voudrais dire ici que le 26 janvier était un vendredi et ce jour là le gouverneur de la région du Centre avait pris sur lui la responsabilité de faire récupérer le nourrisson qui est chez la magistrate. Nous sommes allés sur les lieux avec la police et le sous-préfet de Yaoundé IV avant qu'a la dernière minute le sous-préfet ne soit obligé de tout abandonner.
Vous qui êtes spécialiste de ces problèmes pour avoir écrit un livre sur le sujet, l'adoption d'un bébé répond-elle à des démarches particulières au Cameroun?
La procédure d'adoption est particulièrement longue au Cameroun et doit suivre les démarches suivantes : La demande d'adoption (cosignée par les deux conjoints, le cas échéant) est adressée au ministère des Affaires sociales. Pour un examen rapide du dossier, les pièces suivantes doivent être jointes : - Un rapport d'enquête sociale et psychologique ; l'acte de naissance de chacun des adoptants ; -l'acte de mariage (le cas échéant) ; - les certificats de moralité des adoptants ; - une copie de la carte d'identité (ou de séjour) de chacun des adoptants (du passeport pour les camerounais résidant à l'Etranger) ; - la copie du livret de famille ; - pour les personnes célibataires : un engagement certifié d'un membre de la famille de s'occuper de l'enfant adopté en cas d'incapacité ou de décès ; - un justificatif de revenu (copie du dernier bulletin de salaire ou autres) ; - un certificat médical attestant, le cas échéant, de la stérilité des requérants, et que ces derniers ne sont pas porteurs d'une maladie contagieuse. Tout ceci ne met pas moins de 12 mois. Dans le cas qui nous intéresse, l'agrément a été délivré à la magistrate en deux mois! J'ajouterai que la ministre Bakang Mbock avait appelé la magistrate qui est une amie, à aller récupérer ce papier au Palais des Congrès. C'était durant le dernier congrès du Rdpc!
Avez-vous essayé de prendre langue avec les autorités afin de travailler ensemble pour la manifestation de la vérité?
Avant de porter cette affaire au niveau de l'opinion publique nationale et internationale, j'ai mis l'ensemble de mon expertise à la disposition de nos autorités. J'ai rencontré les enquêteurs, les membres du gouvernement et assimilés. Le directeur de la PJ vous dira que j'ai passé des heures dans ses services pour essayer de trouver une solution à l'amiable. Mon épouse et moi avons d'ailleurs proposé de récupérer le bébé et de le remettre à Vanessa sans faire de vague! Avec des dirigeants éclairés et des hommes compétents on aurait trouvé rapidement un dénouement heureux! C'était sans compter avec la conception du pouvoir et de l'autorité que nous avons au Cameroun!
Professeur, vous êtes débordant d'activité dans cette affaire. Qui finance vos déplacements et vos actions?
Mon épouse et moi avons embrassé cette affaire sans savoir qu'elle était aussi absorbante. J'ai lancé un collectif sur facebook «rendons lui son bébé» qui compte 6000 membres à travers le monde. Il a pris en charge par des cotisations des uns et des autres un certain nombre d'activités. Par exemple l'expulsion brutale de Vanessa de l'hôpital Gynéco-Obstétrique et Pédiatrique de Ngousso. Il a fallu trouver une clinique pour l'accueillir. C’est ce collectif qui a tout pris en charge. Personnellement je suis arrivé au bout d'un cycle d'engagement dans cette affaire. Je vais m'occuper du volet international du trafic de nourrisson dans notre pays en portant ce combat dans les chancelleries occidentales en premier parce que ces pays sont aussi des bénéficiaires de ce trafic mais aussi parce que le Cameroun refuse d'ouvrir les yeux et de trouver des solutions. Ce pays marche sur la tête! C'est le seul pays au monde qui a des lois particulières en matière d'adoption et surtout qui a refusé de ratifier de nombreuses conventions internationales sur l'adoption, histoire de rester et d'entretenir le flou. Ce sont des fonctionnaires camerounais qui l'ont fait c'est leur `"gombo" comme on dit au quartier.
Ne serait-ce pas pour vous l'opportunité d'avoir un statut de réfugié auprès de la communauté internationale?
J'ai une résidence à Québec que je partage avec mon épouse ; j'ai une résidence en France ; je suis donc résident dans ces deux pays, je peux aussi ajouter le Sénégal où j'ai fait une partie de mes études. De mes quatre enfants, un seul est né au Cameroun. Il serait donc difficile de penser que Vincent Sosthène FOUDA cherche un statut de refugié, si tel est le cas alors je ne suivrai que l'exemple de mes maîtres, Karls Jaspers, Hannah Arendt et Jean-Marc ELA. J'ai simplement choisi de me battre auprès de mes compatriotes en leur apportant ce que je sais faire de mieux.
Pour ne pas conclure, quelle est la suite de l'affaire?
Dès le 27 mars, je vais porter cette affaire au Congrès Américain puis quelques jours après je serai à la Chambre des Communes du Canada le Professeur Alain Fogué va continuer le combat sur place avec Vanessa Tchatchou jusqu'à ce qu'on nous restitue cet enfant parce que tout ceci a trop duré.
© Edouard KINGUE | Le Messager
Le 26 janvier le gouverneur de la région du Centre avait décide de faire récupérer le nourrisson qui est chez la magistrate pour le remettre à Vanessa, mais inexplicablement, le pouvoir a fait volte face...
Vincent Sosthène Fouda est un spécialiste du trafic des nourrissons. Il s'est intéressé au cas Vanessa Tchatchou en faisant une vraie enquête de police. Ses conclusions sont accablantes. Le bébé que l'on disait volé est entre les mains de la magistrate de Mfou, qui l'a «adopté» avec la complicité du ministère des Affaires sociales, mais sans le consentement de la mère. Il nous apporte ici des révélations troublantes qui contredisent les allégations du pouvoir...
Comment vous est venue l'idée de vous occuper de l'Affaire Vanessa? Avez-vous été sollicité par sa famille ou par une quelconque institution?
Je dirais que c'est depuis 2000, date à laquelle j'ai publié un ouvrage sur l'univers de l'adoption chez «L'Harmattan». Les combats dans lesquels nous nous retrouvons ne sont pas programmés, ce sont les hasards de la vie. Vanessa par son combat est venue rejoindre l'humaniste en moi, mais aussi le professionnel, je m'occupe de la petite enfance, de l'adoption nationale et internationale, la circulation des nourrissons. Voilà ce qui justifie mon engagement dans ce combat.
Connaissiez-vous et avez-vous rencontré la magistrate aujourd'hui accusée par certains activistes d'être liée à cette triste affaire?
J'ai recueilli de nombreuses informations notamment au sein de l'Hôpital Gynéco-Obstétrique et Pédiatrique de Ngousso mais aussi à l'hôpital Central, et à l'hôpital Général. J'ai eu des heures d'échanges avec le personnel de la police nationale parce que ce corps n'est pas que constitué de ripoux, il y en a parmi eux qui veulent que la vérité soit manifestée. J'ai travaillé avec des compatriotes qui ont mis à ma disposition une bonne expertise qui m'a permis de rencontrer madame le premier substitut de Mfou. Je ne pense pas qu'il y ait eu entre nous de la méfiance dès notre premier contact. Elle nous a ouvert des pistes qui ont conduit à ce que nous appelons aujourd'hui «trafic de nourrissons au Cameroun». Tout le monde sait au Cameroun que quand une femme veut un enfant, elle est prête à tout. Elle a rencontré beaucoup de démarcheurs et de vendeurs de nourrissons ; ce sont des médecins, des responsables du Minas. C'est un phénomène qui touche l'ensemble du Cameroun.
Vous accusez formellement cette magistrate de détenir le bébé de Vanessa. Sur quoi se fondent vos accusations?
Je ne l’accuse pas, ce sont les preuves qui l'accusent et l'accablent! Elle a tout simplement à son domicile un bébé dont elle n'est pas la génitrice. Elle n'est pas non plus sa maman adoptive au regard de tous les documents en notre possession.
Comment avez-vous pu entrer en possession des éléments vous ayant conduit à commander un test Adn sur le bébé détenu par la magistrate et sur Vanessa?
J'ai établi une relation de confiance entre cette magistrate et moi. Elle nous a ouvert d'ailleurs de nombreuses pistes que malheureusement le pouvoir en place refuse d'exploiter. Il est facile d'avoir un prélèvement d'un nourrisson dans notre pays parce qu'il rencontre régulièrement les médecins soit pour une vaccination, soit pour un simple contrôle de routine. Si vous admettez ceci, alors vous pouvez aussi comprendre que j'ai pu obtenir les cheveux de cette enfant que j'ai eu dans mes bras à au moins trois reprises. Dans nos sociétés, quand vous allez dans une maison où il y a un nouveau né, après vous avoir servi de l'eau je crois que c'est le nourrisson qu'on vous met dans les bras.
Avez-vous été à Nkoteng? Que pensez-vous alors de la thèse officielle selon laquelle le bébé de Vanessa est enterré aussi loin du lieu du drame?
J'ai été à Nkoteng avec une équipe de France 2, samedi le 17 mars, venue réaliser des prises de vue dans la localité pour la réalisation de deux magasines sur «L'Affaire Vanessa Tchatchou». Est-ce vraiment important de dire ici que Nkoteng est dans le département de la Haute Sanaga? Dans cette bourgade de 50 000 habitants, les gens ont eu des choses a dire, les langues se sont déliées et je pense que ceux et celles qui prennent le peuple camerounais pour un rassemblement de moutons sans guide, l'apprendront bientôt à leur dépens. Le bébé de Nkoteng n'est pas celui de Vanessa, ce bébé de Nkoteng est de sexe masculin.
C'est le professeur Ndoh Anderson SAMA qui a inventé cette histoire pour se couvrir et donner l'impression d'avoir travaillé. Si la police ou la gendarmerie avait fait une enquête sérieuse, je crois que la première des choses aurait été de saisir un certain nombre de documents à l'Hôpital Gynéco-Obstétrique et Pédiatrique. Mais hélas, il y a des gens qui continuent à penser qu'ils servent le pays en muselant Sosthène Fouda!
Vous avez évoqué dans certaines tribunes, un cas troublant du côté de Nkoteng. Celui d'un document qui étaierait la thèse gouvernementale. De quoi s'agit-il?
Il se trouve tout simplement que la magistrate a des documents qui attestent de l'abandon d'un bébé à l'Hôpital Central de Yaoundé en date du 13 août 2011. L'infirmière qui fait cette déclaration de perte est originaire de la Haute Sanaga. Il n'y a pas de crime parfait! Pourquoi des voleurs de bébé traîneraient la dépouille d'un nourrisson de huit jours, traversant trois départements : le Mfoundi, la Lékié, et enfin la Haute-Sanaga! Vous ne trouvez pas que c'est gros! Est-ce vraiment la préoccupation première des voleurs lestés d'un corps de nourrisson qu'ils ont kidnappé d'une couveuse, de parcourir autant de kilomètre pour aller l'enterrer!
Le bébé n'ayant pas été volé selon vous, pensez-vous que le bébé a été «acheté» donc «vendu»?
Le bébé de Vanessa n'a pas été «volé». La grossesse de Vanessa a été suivie dans cet hôpital, elle a vu cependant un médecin différent à chaque rendez vous. Au moment de sa disparition, le bébé était habillé, ce que l'on ne fait pas avec un nourrisson qui doit aller en couveuse. Toutes les femmes savent qu'on ne met pas en couveuse un nourrisson habillé sauf celui de Vanessa Tchatchou. Un nourrisson vraiment exceptionnel sur tous les plans!
On a parlé de la piste «Bangou» pour insinuer un contrat sur le bébé. Pourrait-il y avoir une relation entre la famille de Vanessa, la magistrate et certains protagonistes de l'affaire?
Cette piste existe, elle aurait dû être explorée. Le fait que Vanessa Tchatchou soit Bangou, que la magistrate ait des liens familiaux avec ce groupe, qu'un des médecins impliqués dans cette affaire lui aussi ait des liens avec Bangou, tout ceci devrait amener la police à s'intéresser aux associations Bangou de Yaoundé. J'ai pris la peine de communiquer cette information en temps et heures utiles mais elle n'a pas prospéré parce que le gouvernement camerounais ne voudrait pas se dédire. Il tient à masquer la vérité pour protéger ceux et celles qui sont liés par d'autres intérêts, lesquels intérêts les obligent à se soutenir. Je voudrais dire ici que le 26 janvier était un vendredi et ce jour là le gouverneur de la région du Centre avait pris sur lui la responsabilité de faire récupérer le nourrisson qui est chez la magistrate. Nous sommes allés sur les lieux avec la police et le sous-préfet de Yaoundé IV avant qu'a la dernière minute le sous-préfet ne soit obligé de tout abandonner.
Vous qui êtes spécialiste de ces problèmes pour avoir écrit un livre sur le sujet, l'adoption d'un bébé répond-elle à des démarches particulières au Cameroun?
La procédure d'adoption est particulièrement longue au Cameroun et doit suivre les démarches suivantes : La demande d'adoption (cosignée par les deux conjoints, le cas échéant) est adressée au ministère des Affaires sociales. Pour un examen rapide du dossier, les pièces suivantes doivent être jointes : - Un rapport d'enquête sociale et psychologique ; l'acte de naissance de chacun des adoptants ; -l'acte de mariage (le cas échéant) ; - les certificats de moralité des adoptants ; - une copie de la carte d'identité (ou de séjour) de chacun des adoptants (du passeport pour les camerounais résidant à l'Etranger) ; - la copie du livret de famille ; - pour les personnes célibataires : un engagement certifié d'un membre de la famille de s'occuper de l'enfant adopté en cas d'incapacité ou de décès ; - un justificatif de revenu (copie du dernier bulletin de salaire ou autres) ; - un certificat médical attestant, le cas échéant, de la stérilité des requérants, et que ces derniers ne sont pas porteurs d'une maladie contagieuse. Tout ceci ne met pas moins de 12 mois. Dans le cas qui nous intéresse, l'agrément a été délivré à la magistrate en deux mois! J'ajouterai que la ministre Bakang Mbock avait appelé la magistrate qui est une amie, à aller récupérer ce papier au Palais des Congrès. C'était durant le dernier congrès du Rdpc!
Avez-vous essayé de prendre langue avec les autorités afin de travailler ensemble pour la manifestation de la vérité?
Avant de porter cette affaire au niveau de l'opinion publique nationale et internationale, j'ai mis l'ensemble de mon expertise à la disposition de nos autorités. J'ai rencontré les enquêteurs, les membres du gouvernement et assimilés. Le directeur de la PJ vous dira que j'ai passé des heures dans ses services pour essayer de trouver une solution à l'amiable. Mon épouse et moi avons d'ailleurs proposé de récupérer le bébé et de le remettre à Vanessa sans faire de vague! Avec des dirigeants éclairés et des hommes compétents on aurait trouvé rapidement un dénouement heureux! C'était sans compter avec la conception du pouvoir et de l'autorité que nous avons au Cameroun!
Professeur, vous êtes débordant d'activité dans cette affaire. Qui finance vos déplacements et vos actions?
Mon épouse et moi avons embrassé cette affaire sans savoir qu'elle était aussi absorbante. J'ai lancé un collectif sur facebook «rendons lui son bébé» qui compte 6000 membres à travers le monde. Il a pris en charge par des cotisations des uns et des autres un certain nombre d'activités. Par exemple l'expulsion brutale de Vanessa de l'hôpital Gynéco-Obstétrique et Pédiatrique de Ngousso. Il a fallu trouver une clinique pour l'accueillir. C’est ce collectif qui a tout pris en charge. Personnellement je suis arrivé au bout d'un cycle d'engagement dans cette affaire. Je vais m'occuper du volet international du trafic de nourrisson dans notre pays en portant ce combat dans les chancelleries occidentales en premier parce que ces pays sont aussi des bénéficiaires de ce trafic mais aussi parce que le Cameroun refuse d'ouvrir les yeux et de trouver des solutions. Ce pays marche sur la tête! C'est le seul pays au monde qui a des lois particulières en matière d'adoption et surtout qui a refusé de ratifier de nombreuses conventions internationales sur l'adoption, histoire de rester et d'entretenir le flou. Ce sont des fonctionnaires camerounais qui l'ont fait c'est leur `"gombo" comme on dit au quartier.
Ne serait-ce pas pour vous l'opportunité d'avoir un statut de réfugié auprès de la communauté internationale?
J'ai une résidence à Québec que je partage avec mon épouse ; j'ai une résidence en France ; je suis donc résident dans ces deux pays, je peux aussi ajouter le Sénégal où j'ai fait une partie de mes études. De mes quatre enfants, un seul est né au Cameroun. Il serait donc difficile de penser que Vincent Sosthène FOUDA cherche un statut de refugié, si tel est le cas alors je ne suivrai que l'exemple de mes maîtres, Karls Jaspers, Hannah Arendt et Jean-Marc ELA. J'ai simplement choisi de me battre auprès de mes compatriotes en leur apportant ce que je sais faire de mieux.
Pour ne pas conclure, quelle est la suite de l'affaire?
Dès le 27 mars, je vais porter cette affaire au Congrès Américain puis quelques jours après je serai à la Chambre des Communes du Canada le Professeur Alain Fogué va continuer le combat sur place avec Vanessa Tchatchou jusqu'à ce qu'on nous restitue cet enfant parce que tout ceci a trop duré.