Cilas Kemedjio (Introduction, annotations, analyses). Mémoires des années de braise : la grève estudiantine de 1991 expliquée. Yaoundé : Éditions Terroirs, 2013.Les grèves qui secouèrent l’Université de Yaoundé au début des années 1990 ont à jamais bouleversé le paysage académique camerounais. Les mouvements de protestation marquaient le climax d’un malaise exacerbé par la dépression économique qui allait, entre autres, conduire à la fermeture de la Société des Transports Urbains du Cameroun, la dévaluation du Franc CFA, les coupures drastiques des salaires des fonctionnaires du service public. Les grèves participaient aussi d’un mouvement politique plus global que l’on désigne généralement sous l’expression de seconde indépendance, autrement dit la mort du parti unique. Les textes du Parlement permettent de comprendre, à travers une analyse des slogans démagogiques qui ont toujours caractérisés la rhétorique politique de Monsieur Paul Biya, l’impasse dans laquelle se trouve la démocratisation de la société camerounaise. Les grèves de l’Université de Yaoundé, immortalisées dans l’imaginaire populaire sous la forme du Parlement, eurent comme conséquences la suppression des bourse et l’institution des frais de scolarité, l’érection d’un mur de la honte autour du campus, mais aussi et surtout la naissance d’une conscience qui faisait des étudiants les acteurs et actrices de leur destinées.
Les textes qui accompagnèrent ce mouvement furent distribués souvent dans la clandestinité. Les journaux de l’époque, de la revue Peuples Noirs-Peuples Africains de Mongo Beti à Galaxie en passant par Le Combattant, Le Messager et La Nouvelle Expression, publièrent des fragments de ces mémoires de la grève. Plus de vingt ans après, Mémoires des années de braise : la grève estudiantine de 1991 expliquée offre pour la première fois une édition des textes les plus significatifs écrits à l’époque par les parlementaires de la plume. Mémoires des années de braise : la grève estudiantine de 1991 expliquée ajoute une pièce aux archives de l’histoire intellectuelle et politique du Cameroun. Les générations qui n’ont pas vécu directement le mouvement y trouveront des éléments qui pourront inspirer, dans le sens de la contradiction, de l’adhésion ou de la mise en perspective, leurs propres combats et réflexions. Les générations qui vécurent les heures chaudes de 1990 retourneront comme par nostalgie à ces moments qui influencèrent leur passage sur le campus de l’Université de Yaoundé.
Les textes du Parlement symbolisent les archives
des utopies qui guidèrent les Camerounaises et les Camerounais dans ces
années de braise. Les textes sont publiés dans leur version originale,
avec des notes explicatives qui les rendent plus intelligibles. La
troisième partie du livre s’intéresse à l’impact du Parlement sur la
société camerounaise, des romanciers et cinéastes en passant par les
anciens acteurs impliqués dans le mouvement. Nous commençons par des
commentaires faits par Mongo Beti sur la signification des événements de
1991 à l’Université de Yaoundé. Gilbert Doho, dramaturge, commente sur
la signification du théâtre en face des brutalités inédites d’un pouvoir
aux abois. Patrice Nganang, parlementaire et romancier de renom, médite
sur la signification du Parlement. Jean-Bosco Tagne, parlementaire
radié des universités camerounaises, témoigne sur les forces et les
faiblesses du Parlement avant de tirer les leçons pour les futures
générations.
Extrait du Communiqué de Presse du 24 Avril 1991.
“Les étudiants de l’Université de Yaoundé ont décidé d’observer,
depuis le 2 avril 1991, un mouvement de grève pour protester contre les
conditions de dégradation inquiétantes que connait le campus. La grève
avait aussi pour but d’attirer l’attention de l’administration
universitaire, du gouvernement de la République et de la communauté
nationale sur l’impasse rencontrée par les étudiants après leur cycle
universitaire.
Ces revendications n’avaient jamais trouvé une oreille attentive auprès
de l’administration universitaire, du ministère de l’Enseignement
Supérieur et de la Présidence, ces dernières étant plus préoccupées par
les manœuvres carriéristes et politiciennes destinées à décerveler les
étudiants et les enseignants encore volontaires. Pour mieux exercer un
contrôle policier, les autorités administratives ont procédé au
démantèlement des structures de concertation et de dialogue que sont les
associations d’étudiants. En l’absence des responsables
démocratiquement élus, des fonctionnaires de la police politique ont été
installés à la tête desdites associations.” Mémoires des années de braise. La grève estudiantine de 1991 expliquée, page 102.
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Prix du livre (édition bilingue français-anglais) : $30.00 (frais de port inclus)
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