Vie et Pouvoir au Cameroun: Les Béti devront-ils se plaindre après Paul Biya? - Biya et les Béti: Les premiers signes d'une trahison

Yaoundé, 26 Novembre 2012
© ALAIN BERTRAND NKONGO | L'Anecdote

Depuis son accession à la magistrature suprême, le souci de l'actuel locataire du palais de l'Unité de faire participer tous les peuples du Cameroun à la gestion des affaires de la République est resté constant. Mais, Paul Biya n'aura pas manqué d'accorder une oreille plus attentive à ses «frères», à travers leurs nominations à des postes stratégiques. Mais...

De Sangmélima à Yoko, en passant par Abong-Mbang, Monatelé, Ngoumou, Yaoundé..., ces quelques localités des trois régions du Cameroun (Centre, Sud et Est) qui hébergent les peuples Béti, la question: les Béti devront-ils se plaindre après Paul Biya? est non seulement lancinante mais aussi embêtante. Des études, outre la triste réputation de zones les plus sous-développées du Cameroun, les zones Béti figurent également dans le hit parade de zone où le chômage des jeunes est le plus accentué au pays de Paul Biya. La situation dramatique n’émeut plus, elle est source parfois, de moquerie des autres tribus et ethnies qui peuplent le pays.

Charles Ateba Eyene dont nous ne partageons pas toujours les démarches en a fini par accoucher un livre. Pour décrier l'incongruité, en se limitant uniquement à la région d'origine du Chef de l'Etat, le Sud. « Le paradoxe du pays organisateur » cet autre Béti originaire comme Paul Biya du Sud met en exergue le fait que le Sud soit aussi gravement sous développé alors que les fils et les filles de cette unité administrative pullulent à des postes parfois les plus « juteux » de la République. Dans une échelle plus large, on écrirait un autre « paradoxe du pays organisateur », mettant cette fois à nu cette contradiction qui veut malheureusement que l'aire géographique des Béti soit précarisée et sous développée à ce point alors que les fils et filles Béti ont été les enfants gâtés des différents gouvernements mis en place par Paul Biya depuis 1982.

Une photographie de l'actuel gouvernement, avec focalisation sur le nombre des Béti, membres de l'équipe Yang Philémon III donnerait une illustration de ce que Paul Biya a privilégié ses frères depuis 30 ans dans la promotion aux postes non seulement stratégiques mais aussi juteux. Il n'en est pas un seul des postes de membres du gouvernement où les Béti ne sont choyés. Dans la haute administration, dans les sociétés publiques ou para publiques, les frères de Paul Biya occupent une place de choix. Une « combine » qui amène de plus en plus les autres tribus du Cameroun à parler d'équilibre régional déséquilibré en évoquant la pratique « républicaine » officieuse qui instaure un équilibre régional dans le choix des personnalités devant participer à la gestion des affaires publiques.

L'objectif étant de dénoncer les pratiques biyaeennes qui privilégient les frères Béti. Si l'heure de Paul Biya de libérer le siège présidentiel arrive un jour, ses frères Béti devront-ils se plaindre au lendemain? Paul Biya leur aura tout donné. Mais ils se sont illustrés pour la plupart en de très mauvais gestionnaires. Ce qui justifie leurs présences en grand nombre dans le dispositif de l'«Opération Epervier». Leur égocentrisme a été tel qu'ils auront perdu des postes d'officiers supérieurs et de magistrats pour la simple raison qu'il ne fallait laisser à aucun prix un autre Béti bénéficier de titres honorables. L'histoire retiendra. Nous avec.

ALAIN BERTRAND NKONGO



Biya et les Béti: Les premiers signes d'une trahison

Une histoire de procès verbal d'une réunion est à l'origine de la rupture et de la distance entre Paul Biya et ses frères béti. En fait une histoire de trahison comme il y en a tant au sein du peuple ékan-béti. Souvenir.

C'était le prélude à une histoire peu connue du grand public, sauf de ceux qui avaient participé à cette grande rencontre fraternelle entre des dignitaires béti et un de leur frère, Paul Biya qui venait d'accéder très fraîchement à la magistrature suprême du Cameroun. L'histoire se situe aux environs du début de l'année 1983. Au cours de cette rencontre à laquelle participèrent des dignitaires politiques, administratifs, religieux et traditionnels d'ethnie béti du «grand centre-sud» de l'époque, Paul Biya avait sollicité ouvertement et vivement le soutien de ses frères en leurs promettant la gratitude et la reconnaissance pour leur engagement à ses côtés dans cette lourde mission que la constitution et son prédécesseur venaient de lui accorder à la tête de l'Etat. Un procès-verbal considéré comme pacte d'alliance entre des béti et leur frère Paul Biya fut signé à la fin de cette rencontre (secrète) avec, au bas, la litanie des résolutions et des engagements des uns et des autres, les noms, prénoms, qualités et signatures des participants. Selon des témoignages de dignitaires béti qui ont accepté de témoigner avec autant de souvenir que d'amertume, le secrétaire de séance de cette palabre était tenu par un haut dignitaire digne de confiance, ancien ambassadeur du Cameroun et ancien ministre du temps de l'ancien président Ahmadou Ahidjo dont nous taisons le nom parce qu'aujourd'hui décédé.

Le document, qui était Sensé n'être connu que par les signataires ne restera secret que le temps d'une nuit, voire de quelques heures puisque ladite réunion de famille s'était terminée aux premières heures de la matinée au palais de l'unité. Tenu secret en principe. Pourtant il n'a fallu que quelques heures pour que l'ancien chef de l'Etat du Cameroun, déjà en perte de confiance avec son successeur Paul Biya depuis quelques semaines après son départ, brandissent le procès-verbal détaillé de cette réunion à Paul Biya. Qui a vendu la mèche? Un dignitaire béti, aujourd'hui disparu, et sans doute avec la complicité d'autres frères béti.

Notre source nous avoue que c'est depuis cette réunion secrète de mars 1983 à Yaoundé que Paul Biya a cesser de faire confiance à ses frères béti. Il leur a pourtant donné des postes peut être par cynisme. En tout cas l'histoire et les statistiques montrent aujourd’hui que les béti, à ces postes ont trahi leur frère.

Lui apparemment, n'attendait qu'une occasion pour leur faire payer une trahison ancienne qu'ils avaient déjà sans doute oubliée. Le procès de celui qui a vendu à Ahidjo le procès-verbal de la réunion secrète entre Paul Biya et ses frères béti en mars 1983 reste en suspens. C'est pourquoi des organisations béti présupposées secrètes telles «essingan» n'ont jamais prospéré.

ANATOLE BIHINA


La grande trahison des Béti: Et puis vint le G11

La vraie vérité de la grande nébuleuse «G11» n'est connue que par ceux qui l'ont créée sans le vouloir. En premier lieu, l'ancien secrétaire général de la présidence de la République, Jean Marie Atangana Mebara, coupable d'avoir voulu organiser la famille.

Les patriarches béti que nous avons rencontré se rappellent de cette assise. Jean Marie Atangana Mebara, alors secrétaire général face aux hypocrisies des autres tribus et à l'atonie des béti convoqua une grande réunion des frères béti. Le secrétaire général de la Présidence de la République, excédé de voir passer sur son bureau des correspondances nocives contre des cadres béti, émanant de hauts fonctionnaires et dignitaires béti et adressées au Chef de l'Etat, convoqua une réunion à son domicile. Les témoins, encore vivants, se souviennent que Jean Marie Atangana Mebara, ne put contenir son courroux et sa déception face à cette propension à la trahison et à la délation dans la grande famille béti. Les participants à cette réunion firent leur repentance et s'accordent le pardon, jurant de ne plus recommencer.

Cette réunion qui devait servir de prélude à un cadre de rassemblement et de concertation entre les frères béti sera sabordée quelques jours plus tard par des fuites et des trahisons au sein de la grande famille. Une certaine presse mise à contribution à coups de francs CFA par des dignitaires béti, entraînée par des intellectuels béti contraires de Jean Marie Atangana Mebara, répandirent des soupçons de velléités présidentielles à l'instigateur de la concertation. Le fameux «G11» naquit sans que l'on connaisse son visage et sa définition. Ils étaient onze, dont 6 ministres de la République certains encore en fonction (dont nous taisons les noms faute de temps pour les procès), 5 directeurs généraux de sociétés d'Etat. Onze! Plus de hauts cadres et hauts fonctionnaires de l'administration béti. L'indicatif Onze fut retenu par les traîtres pour donner une identité à ce qui n'a jamais existé, c'est à la conquête du pouvoir par des «quadra» en 2011, face à un Président de la République vieillissant et en pas d'idée. Les traîtres béti, pour se prévaloir auprès de celui qu'ils voulaient plaire, livrèrent Jean Marie Atangana Mebara, coupable d'avoir pensé à résoudre les problèmes de famille.

On en a appris sur le «G11». On ne sait pas que ce n'est qu'une traîtrise des béti contre leur frère, Jean Marie Atangana Mebara. Des colonnes de journaux ont été écrites, des universitaires se sont longuement penchés sur cette notion que personne ne pouvait définir intellectuellement. Pourtant ce n'est que le fruit d'une traîtrise au sein de la grande famille des dignitaires béti. Et voilà le fameux «G11» dont j’ai honte.


ANATOLE BIHINA


27/11/2012
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