Vie et fin du système Biya
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- Publié le Lundi 16 juillet 2012 16:08
- Écrit par Titus Edzoa. Médiations de prison. Pp35-36
La terreur politique, c’est une arme cynique, dont savent volontiers
abuser les faibles d’esprit, pusillanimes introvertis, hantés qu’ils
sont par une fausse et prétendue supériorité, et pourtant en réalité,
imbibés de médiocrité notoire, en même temps qu’ils sont, à l’envi
dévorés par un virus narcissique qu’ils s’évertuent, en vain de
dissimuler.
La société victime de cette terreur, végète dans
l’agonie, suffoquant par le sevrage impitoyable du rêve légitime de la
liberté et du mieux-être ; elle finit par se refermer sur elle-même,
dans un reflexe atonique, avorté de l’espoir, de survie. La rumeur y est
privilégiée : dans le vent, tout est futile, possible et impossible à
la fois ; elle honore malgré elle, la délation et le fantasme ; il faut
bien se référer à quelque chose, à défaut des vertus sociétales
méthodiquement incinérées ; elle devient ma matrice de l’hypocrisie, du
griotisme : l’ogre, le bourreau, insatiable, s’en nourrit, car il se
délecte à régner sur des spectres ; il ne peut exister que par
l’annihilation de l’autre. La violence, comme de la suie, infiltre
toutes les couches de la société, réalité préventivement entretenue par
une soi-disant pérennité du système.
Et pourtant, la sagesse enseigne
que l’Histoire humaine n’aura jamais été muette sur la terreur. Energie
explosive à souhait, elle véhicule en son sein sa propre destruction,
une espèce d’auto-réactivité. Tôt ou tard, elle s’épuise, s’estompe,
laissant avec une désolation déconcertante, un vide, un « trou noir »,
pour enfin exploser en compensation dramatique de son supposé essor
d’hier. Quelquefois, la société, dans un dernier sursaut, interpelle
inconsciemment l’intervention d’un nouveau Prince, féru de l’expérience
des affaires d’Etat et doué d’une haute dimension et du génie des
valeurs humaines et sociétales. Très souvent, hélas, elle erre
longtemps, très longtemps dans un pandémonium infernal, où l’anarchie,
la misère, l’insécurité et le desespoir soufflent tel un ouragan, avant
de connaître épuisée la voie qui mène vers la paix et l’épanouissement…
Mais à quel prix ?