Victime d’abus: Sit-in payant pour le Pr Sindjoun Pokam
DOUALA - 27 AOUT 2014
© Souley ONOHIOLO | Le Messager
Exacerbé, visiblement amer et frustré par le service juridique de la Société camerounaise de banque (Scb) qui lui a opposé le non payement de sa pension-retraite, le philosophe hurle de colère et manifeste son ras-le-bol par quelques heures de sit-in dans l’un des bureaux de l’institution financière.
Courroucé ! Méconnaissable ! Ceux qui le connaissent affirment avoir rarement vu l’éminent enseignant, philosophe et historien, dans une colère aussi vive. Malgré l’intensité de la situation. Mais, pourtant c’est un homme métamorphosé, révolté, indigné contre la femme qui officie dans le service juridique de la Société camerounaise de banque (Scb) et qui vient de lui faire comprendre en cette matinée de lundi 25 août 2014, qu’il ne peut pas accéder à sa «pitance» que représente sa pension. «Si je n’étais pas un dur à cuire, j’aurai pu m’écrouler. De telles tracasseries, objets des violences psychologiques sont à proscrire avec véhémence. La pension est vitale pour un individu. C’est pour cela que conformément à la loi, elle est insaisissable et inviolable. Un retraité plus fébrile que moi peut en mourir devant une telle atrocité. J’observe ce sit-in pour prendre l’opinion publique à témoin. Si par de telles pratiques, l’on terrorise les gens en violant la loi ; si les hommes publics comme nous, ne les dénonçons pas c’est de la résignation. Je suis convaincu qu’il y a de nombreux Camerounais victimes de telles méchancetés et abus, mais qui gardent le silence et se sentant condamnés» s’indigne le professeur Sindjoun Pokam.
Approchée, assaillie par une flopée de journalistes venus s’enquérir de la situation d’abus, la responsable du service juridique a profité de l’instant où le philosophe était en conciliabule avec l’un des responsables de la banque pour détaler. «Je n’ai aucun commentaire à faire sans m’en référer à la hiérarchie» lance-t-elle, le regard fuyant à l’adresse des journalistes. «Je vais jusqu’au bout de la protestation parce que je pense que mon combat est juste. J’affirme avec fermeté et rigueur que la pension est incessible, insaisissable. Ce type d’injustice ne doit pas perdurer; on ne va pas continuer de se jouer de mes sentiments. Imaginez-vous que j’arrive, la dame téléphone à la hiérarchie qui bloque sans façon ma pension. C’est inadmissible» martèle le philosophe.
La banque fait marche arrière
«Je compte continuer mon action jusqu’à l’obtention du payement de ma pension ; sinon, j’attends que la Police vienne me chercher. On ne peut pas tolérer que l’Etat viole la loi, viole ses propres lois et la volonté populaire des Camerounais. La pension est insaisissable, incessible » clame le prof. Devant le radicalisme du Pr. Sindjoun Pokam, au vu de la meute des journalistes qui commençaient à investir les couloirs de la banque, face à la montée de la température, des instructions sont venues des hauts responsables de Douala, afin que l’avis aux tiers détendaires (Atd) soit levé. Que le plaignant soit rétabli dans ses droits. Un revirement spectaculaire qui ne décourage pas le philosophe dans sa bataille. Selon lui, derrière son sit-in, se trouve une action pédagogique, qui doit aller au-delà des égoïsmes et des intérêts individuels. «Dans le privé, ce sont les tiers qui reversent leurs impôts dans le trésor public ; par le biais des collecteurs d’impôts. Or, cette procédure est complètement différente en ce qui concerne les personnels fonctionnaires. C’est l’Etat lui-même qui collecte l’impôt dès la source. Je ne peux pas être redevable des impôts au point où, ma pension doive souffrir de quelque retenus ».
Le prof en appelle à la prudence, à la vigilance de tous. « C’est parce que j’ai protesté que mes droits ont été rétablis. Je suis sûr que bien des fonctionnaires camerounais sont victimes de cette illégalité qu’il faut dénoncer à travers les médias. L’on ne peut pas minimiser l’incident. Je suggère que le mal soit combattu à la racine » lance le prof. Et de poursuivre, qu’il est inadmissible que l’Etat se permette un matin de prendre à un tiers son argent, à cause des fantaisies et les caprices de certains individus qui veulent volontairement nuire. « Ce sont des mesquineries qui doivent être combattues avec fermeté. Ils me font attendre comme s’ils me faisaient une faveur. Or, je n’affectionne pas trop les faveurs » conclut-il.
Souley ONOHIOLO
Pr Sindjoun Pokam: «Le Cameroun est un Etat délinquant qui ne respecte pas ses lois»
L’enseignant, le philosophe, l’historien aujourd’hui retraité a manifesté sa colère contre ce qu’il a qualifié d’abus des agents d’une banque de la place ayant refusé de lui payer sa pension. Il revient sur les circonstances de son ras-le-bol et donne un sens à son coup de gueule !
Qu’est-ce qui peut justifier votre présence dans la salle d’attente de la Scb ?
Je suis venu toucher ma modeste pension, et on m’a opposé une fin de non-recevoir. Cette pension a l’habitude d’être payée. Ce matin, la dame qui est chargée de faire cette opération m’a annoncé qu’elle a reçu les instructions formelles pour que je ne puisse pas toucher ma pension. Ma pension est frappée d’un Atd (avis aux tiers détendaires). C’est un jargon juridique des impôts. Les faits remontent à 1998, je reçois un commandement des impôts, qui m’apprend que je reste devoir de l’argent à l’Etat relativement aux impôts. Je suis surpris. Il faut dire qu’ils avaient fermé mon compte où était versé mon salaire ; je ne pouvais par conséquent y accéder. Je me suis rapproché des services des impôts qui m’ont dit qu’ils ne pouvaient procéder à une main levée que lorsque j’aurai payé une somme qui avoisinait deux millions. Très affolé, je n’ai rien compris ; j’ai présenté mon bulletin de paie où, j’ai fait constater qu’en tant que fonctionnaire, mes impôts sont prélevés depuis la source. Après cette protestation, dans un premier temps, ils ont fait une main levée, puis après, le problème s’est reposé. Je ne sais pas s’il y a eu un mouvement de personnels à ce poste. Toujours est-il que je constate que mon compte est à nouveau bloqué. Cette fois-là, ils ont frappé ma pension. Je leur ai expliqué que ma pension est incessible, insaisissable comme la loi le prévoit. On est en 2003. J’ai écrit au ministre des Finances. Commencent alors des péripéties, des frustrations et des tracasseries insoupçonnées et insupportables. De temps à autre, je vais à ma banque, ils se comportent comme s’ils me donnaient des faveurs ou de l’aumône. Un coup, ils me donnent ce qu’ils peuvent, un autre rien du tout. Je deviens ainsi le clochard, le mendiant de ma pension qui me revient de droit. Mais c’est intolérable !
Plusieurs années sont passées sans que la situation soit définitivement réglée ?
Le dossier qui dure depuis 2003 est enveloppé de plusieurs tracasseries et brimades que je viens de décrier. Il se trouve en ce moment entre les mains du ministre délégué Pierre Titi. Cela dure depuis des mois. Je me suis plains, j’ai saisi tout le monde même la présidence de la République, pour attirer leur attention à savoir qu’ils sont en train de violer la loi. Je soutiens qu’ils sont en train de violer la loi. Plus grave, je condamne cela car la violation de la loi est inacceptable. Pour quelqu’un comme moi qui connais la loi, je suis persuadé que beaucoup de fonctionnaires camerounais sont pris dans ce jeu, dans cet engrenage, dans cette nasse… Je trouve cela révoltant et inadmissible. Face à ce que tout cela pose comme désagréments, il faut s’en insurger, condamner ces pratiques avec véhémence et fermeté. Je me battrai jusqu’à ce que ma pension me soit versée. Que l’avis aux tiers détendaires (Atd) soit levé.
Vous affirmez que tantôt ils payent, des fois ils ne payent pas et le problème dure depuis 2003…
Nous sommes dans une situation d’arbitraire totale, sans bornes. Ils font comme ils veulent. J’ai le sentiment qu’il y a un agenda caché, une main invisible qui nargue et se joue de la vie des autres. Ils n’avancent aucune raison singulière les obligeant à ne pas me payer. C’est fait de manière volontaire. Ils disent avoir reçu des instructions de leur hiérarchie, mais rien n’est prouvé. Dans mon compte, il n’y a que ma pension ; et pas autre chose. Je persiste et signe ne pas devoir d’impôts à l’Etat du Cameroun. J’ai été fonctionnaire de ma vie, j’ai fait un honnête boulot, je me retrouve à la retraite où, je continue d’exercer dans mes activités intellectuelles sans aucune pression. Je proteste vigoureusement et je vais continuer ; je viendrai régulièrement demander à être payé. C’est un premier signal fort pour les amener à me payer. Auquel cas, je vais agir énergiquement par le biais d’une autre stratégie. Je n’entends pas voir la loi être violée. Je ne supporte aucune violation de la loi. S’il s’avère que l’on ne respecte plus la loi, il faut la changer. En attendant qu’on en arrive à la changer, pour le moment, j’ai le droit de jouir paisiblement de ma pension retraite. Je suis fondé à le dire d’autant que je sais que beaucoup de Camerounais sont dans cette situation. Cela devient insupportable. J’entends mener une lutte farouche jusqu’à ce que cette main levée soit effective.
Qu’est-ce qui peut justifier de telles frustrations à votre encontre et surtout la motivation à ériger de telles barrières ?
Il s’observe là une grande dose de mépris. J’ai le sentiment que le Cameroun, à commencer par l’Etat, ne respecte pas ses lois. Et c’est très dangereux. Un pays qui ne respecte pas ses lois, est un Etat délinquant, extrêmement dangereux et impitoyable pour ses populations. Les lois sont l’expression de la volonté populaire. Il faut rappeler cela. Car si dans un Etat l’on se permet de piétiner la République, de tout mettre sens dessus dessous, on fonce et glisse facilement dans un Etat de non loi. Même si tout le temps, dans divers coins du pays, les populations souffrent de voir, en permanence leurs droits être violés, il faut qu’on s’accorde sur un fait historique qui est tel que les gens n’accepteront pas indéfiniment que leurs droits soient violés. De toutes les façons, en ce qui me concerne, je ne l’ai jamais accepté ; je n’accepterai jamais sans m’indigner que mes droits soient violés.
Qu’est-ce qui peut motiver le fait pour la banque de ne pas payer. Est-ce qu’il n’y a pas d’argent dans votre compte ?
J’ai l’argent dans mon compte ; ma pension est régulièrement versée. Mais la banque, manipulée par je ne sais quelle main invisible, fait main basse sur ma pension et ne veut pas me payer. C’est depuis 2003 que j’ai saisi l’administration des finances publiques, le service des impôts, mais ils font ce qu’ils veulent dans la violation constante de la loi. Je ne crois pas être redevable des impôts ; bien au contraire, ce sont les services des impôts qui ont prélevé de l’argent dans mon compte. Ils m’ont prélevé plus de 800.000Fcfa que j’ai instamment demandé que cela soit reversé dans mon compte ; mais ils ne l’ont jamais fait. C’est une brimade ; une mesure vexatoire pour me sortir de mes gongs. Mais, ils m’entendront passer. On ne me brime pas si facilement comme ça. Impunément, sans que je proteste. J’ai décidé d’impliquer, d’attirer l’attention de l’opinion publique, parce que je suis sûr ne pas être le seul dans cette situation. Vous vous imaginez que l’on vous prive de jouir d’une petite pension, cela veut dire qu’on vous précipite vers la mort. Ce n’est pas permis par la loi. L’Etat du Cameroun me doit de l’argent qu’il m’a pris de façon arbitraire, plus de 800.000Fcfa. Il n’est pas question qu’il me massacre éternellement. Ils passeront par mon cadavre cette fois-ci pour m’anéantir.
Réalisé par Souley ONOHIOLO
© Souley ONOHIOLO | Le Messager
Exacerbé, visiblement amer et frustré par le service juridique de la Société camerounaise de banque (Scb) qui lui a opposé le non payement de sa pension-retraite, le philosophe hurle de colère et manifeste son ras-le-bol par quelques heures de sit-in dans l’un des bureaux de l’institution financière.
Courroucé ! Méconnaissable ! Ceux qui le connaissent affirment avoir rarement vu l’éminent enseignant, philosophe et historien, dans une colère aussi vive. Malgré l’intensité de la situation. Mais, pourtant c’est un homme métamorphosé, révolté, indigné contre la femme qui officie dans le service juridique de la Société camerounaise de banque (Scb) et qui vient de lui faire comprendre en cette matinée de lundi 25 août 2014, qu’il ne peut pas accéder à sa «pitance» que représente sa pension. «Si je n’étais pas un dur à cuire, j’aurai pu m’écrouler. De telles tracasseries, objets des violences psychologiques sont à proscrire avec véhémence. La pension est vitale pour un individu. C’est pour cela que conformément à la loi, elle est insaisissable et inviolable. Un retraité plus fébrile que moi peut en mourir devant une telle atrocité. J’observe ce sit-in pour prendre l’opinion publique à témoin. Si par de telles pratiques, l’on terrorise les gens en violant la loi ; si les hommes publics comme nous, ne les dénonçons pas c’est de la résignation. Je suis convaincu qu’il y a de nombreux Camerounais victimes de telles méchancetés et abus, mais qui gardent le silence et se sentant condamnés» s’indigne le professeur Sindjoun Pokam.
Approchée, assaillie par une flopée de journalistes venus s’enquérir de la situation d’abus, la responsable du service juridique a profité de l’instant où le philosophe était en conciliabule avec l’un des responsables de la banque pour détaler. «Je n’ai aucun commentaire à faire sans m’en référer à la hiérarchie» lance-t-elle, le regard fuyant à l’adresse des journalistes. «Je vais jusqu’au bout de la protestation parce que je pense que mon combat est juste. J’affirme avec fermeté et rigueur que la pension est incessible, insaisissable. Ce type d’injustice ne doit pas perdurer; on ne va pas continuer de se jouer de mes sentiments. Imaginez-vous que j’arrive, la dame téléphone à la hiérarchie qui bloque sans façon ma pension. C’est inadmissible» martèle le philosophe.
La banque fait marche arrière
«Je compte continuer mon action jusqu’à l’obtention du payement de ma pension ; sinon, j’attends que la Police vienne me chercher. On ne peut pas tolérer que l’Etat viole la loi, viole ses propres lois et la volonté populaire des Camerounais. La pension est insaisissable, incessible » clame le prof. Devant le radicalisme du Pr. Sindjoun Pokam, au vu de la meute des journalistes qui commençaient à investir les couloirs de la banque, face à la montée de la température, des instructions sont venues des hauts responsables de Douala, afin que l’avis aux tiers détendaires (Atd) soit levé. Que le plaignant soit rétabli dans ses droits. Un revirement spectaculaire qui ne décourage pas le philosophe dans sa bataille. Selon lui, derrière son sit-in, se trouve une action pédagogique, qui doit aller au-delà des égoïsmes et des intérêts individuels. «Dans le privé, ce sont les tiers qui reversent leurs impôts dans le trésor public ; par le biais des collecteurs d’impôts. Or, cette procédure est complètement différente en ce qui concerne les personnels fonctionnaires. C’est l’Etat lui-même qui collecte l’impôt dès la source. Je ne peux pas être redevable des impôts au point où, ma pension doive souffrir de quelque retenus ».
Le prof en appelle à la prudence, à la vigilance de tous. « C’est parce que j’ai protesté que mes droits ont été rétablis. Je suis sûr que bien des fonctionnaires camerounais sont victimes de cette illégalité qu’il faut dénoncer à travers les médias. L’on ne peut pas minimiser l’incident. Je suggère que le mal soit combattu à la racine » lance le prof. Et de poursuivre, qu’il est inadmissible que l’Etat se permette un matin de prendre à un tiers son argent, à cause des fantaisies et les caprices de certains individus qui veulent volontairement nuire. « Ce sont des mesquineries qui doivent être combattues avec fermeté. Ils me font attendre comme s’ils me faisaient une faveur. Or, je n’affectionne pas trop les faveurs » conclut-il.
Souley ONOHIOLO
Pr Sindjoun Pokam: «Le Cameroun est un Etat délinquant qui ne respecte pas ses lois»
L’enseignant, le philosophe, l’historien aujourd’hui retraité a manifesté sa colère contre ce qu’il a qualifié d’abus des agents d’une banque de la place ayant refusé de lui payer sa pension. Il revient sur les circonstances de son ras-le-bol et donne un sens à son coup de gueule !
Qu’est-ce qui peut justifier votre présence dans la salle d’attente de la Scb ?
Je suis venu toucher ma modeste pension, et on m’a opposé une fin de non-recevoir. Cette pension a l’habitude d’être payée. Ce matin, la dame qui est chargée de faire cette opération m’a annoncé qu’elle a reçu les instructions formelles pour que je ne puisse pas toucher ma pension. Ma pension est frappée d’un Atd (avis aux tiers détendaires). C’est un jargon juridique des impôts. Les faits remontent à 1998, je reçois un commandement des impôts, qui m’apprend que je reste devoir de l’argent à l’Etat relativement aux impôts. Je suis surpris. Il faut dire qu’ils avaient fermé mon compte où était versé mon salaire ; je ne pouvais par conséquent y accéder. Je me suis rapproché des services des impôts qui m’ont dit qu’ils ne pouvaient procéder à une main levée que lorsque j’aurai payé une somme qui avoisinait deux millions. Très affolé, je n’ai rien compris ; j’ai présenté mon bulletin de paie où, j’ai fait constater qu’en tant que fonctionnaire, mes impôts sont prélevés depuis la source. Après cette protestation, dans un premier temps, ils ont fait une main levée, puis après, le problème s’est reposé. Je ne sais pas s’il y a eu un mouvement de personnels à ce poste. Toujours est-il que je constate que mon compte est à nouveau bloqué. Cette fois-là, ils ont frappé ma pension. Je leur ai expliqué que ma pension est incessible, insaisissable comme la loi le prévoit. On est en 2003. J’ai écrit au ministre des Finances. Commencent alors des péripéties, des frustrations et des tracasseries insoupçonnées et insupportables. De temps à autre, je vais à ma banque, ils se comportent comme s’ils me donnaient des faveurs ou de l’aumône. Un coup, ils me donnent ce qu’ils peuvent, un autre rien du tout. Je deviens ainsi le clochard, le mendiant de ma pension qui me revient de droit. Mais c’est intolérable !
Plusieurs années sont passées sans que la situation soit définitivement réglée ?
Le dossier qui dure depuis 2003 est enveloppé de plusieurs tracasseries et brimades que je viens de décrier. Il se trouve en ce moment entre les mains du ministre délégué Pierre Titi. Cela dure depuis des mois. Je me suis plains, j’ai saisi tout le monde même la présidence de la République, pour attirer leur attention à savoir qu’ils sont en train de violer la loi. Je soutiens qu’ils sont en train de violer la loi. Plus grave, je condamne cela car la violation de la loi est inacceptable. Pour quelqu’un comme moi qui connais la loi, je suis persuadé que beaucoup de fonctionnaires camerounais sont pris dans ce jeu, dans cet engrenage, dans cette nasse… Je trouve cela révoltant et inadmissible. Face à ce que tout cela pose comme désagréments, il faut s’en insurger, condamner ces pratiques avec véhémence et fermeté. Je me battrai jusqu’à ce que ma pension me soit versée. Que l’avis aux tiers détendaires (Atd) soit levé.
Vous affirmez que tantôt ils payent, des fois ils ne payent pas et le problème dure depuis 2003…
Nous sommes dans une situation d’arbitraire totale, sans bornes. Ils font comme ils veulent. J’ai le sentiment qu’il y a un agenda caché, une main invisible qui nargue et se joue de la vie des autres. Ils n’avancent aucune raison singulière les obligeant à ne pas me payer. C’est fait de manière volontaire. Ils disent avoir reçu des instructions de leur hiérarchie, mais rien n’est prouvé. Dans mon compte, il n’y a que ma pension ; et pas autre chose. Je persiste et signe ne pas devoir d’impôts à l’Etat du Cameroun. J’ai été fonctionnaire de ma vie, j’ai fait un honnête boulot, je me retrouve à la retraite où, je continue d’exercer dans mes activités intellectuelles sans aucune pression. Je proteste vigoureusement et je vais continuer ; je viendrai régulièrement demander à être payé. C’est un premier signal fort pour les amener à me payer. Auquel cas, je vais agir énergiquement par le biais d’une autre stratégie. Je n’entends pas voir la loi être violée. Je ne supporte aucune violation de la loi. S’il s’avère que l’on ne respecte plus la loi, il faut la changer. En attendant qu’on en arrive à la changer, pour le moment, j’ai le droit de jouir paisiblement de ma pension retraite. Je suis fondé à le dire d’autant que je sais que beaucoup de Camerounais sont dans cette situation. Cela devient insupportable. J’entends mener une lutte farouche jusqu’à ce que cette main levée soit effective.
Qu’est-ce qui peut justifier de telles frustrations à votre encontre et surtout la motivation à ériger de telles barrières ?
Il s’observe là une grande dose de mépris. J’ai le sentiment que le Cameroun, à commencer par l’Etat, ne respecte pas ses lois. Et c’est très dangereux. Un pays qui ne respecte pas ses lois, est un Etat délinquant, extrêmement dangereux et impitoyable pour ses populations. Les lois sont l’expression de la volonté populaire. Il faut rappeler cela. Car si dans un Etat l’on se permet de piétiner la République, de tout mettre sens dessus dessous, on fonce et glisse facilement dans un Etat de non loi. Même si tout le temps, dans divers coins du pays, les populations souffrent de voir, en permanence leurs droits être violés, il faut qu’on s’accorde sur un fait historique qui est tel que les gens n’accepteront pas indéfiniment que leurs droits soient violés. De toutes les façons, en ce qui me concerne, je ne l’ai jamais accepté ; je n’accepterai jamais sans m’indigner que mes droits soient violés.
Qu’est-ce qui peut motiver le fait pour la banque de ne pas payer. Est-ce qu’il n’y a pas d’argent dans votre compte ?
J’ai l’argent dans mon compte ; ma pension est régulièrement versée. Mais la banque, manipulée par je ne sais quelle main invisible, fait main basse sur ma pension et ne veut pas me payer. C’est depuis 2003 que j’ai saisi l’administration des finances publiques, le service des impôts, mais ils font ce qu’ils veulent dans la violation constante de la loi. Je ne crois pas être redevable des impôts ; bien au contraire, ce sont les services des impôts qui ont prélevé de l’argent dans mon compte. Ils m’ont prélevé plus de 800.000Fcfa que j’ai instamment demandé que cela soit reversé dans mon compte ; mais ils ne l’ont jamais fait. C’est une brimade ; une mesure vexatoire pour me sortir de mes gongs. Mais, ils m’entendront passer. On ne me brime pas si facilement comme ça. Impunément, sans que je proteste. J’ai décidé d’impliquer, d’attirer l’attention de l’opinion publique, parce que je suis sûr ne pas être le seul dans cette situation. Vous vous imaginez que l’on vous prive de jouir d’une petite pension, cela veut dire qu’on vous précipite vers la mort. Ce n’est pas permis par la loi. L’Etat du Cameroun me doit de l’argent qu’il m’a pris de façon arbitraire, plus de 800.000Fcfa. Il n’est pas question qu’il me massacre éternellement. Ils passeront par mon cadavre cette fois-ci pour m’anéantir.
Réalisé par Souley ONOHIOLO