Vérités sur les détournements à l’Université de Douala
Vérités sur les détournements à l’Université de Douala
Par lemessager | Jeudi 15 avril 2010 | Le Messager
Le conseil d’administration de l’Université de Douala, la 25è session du genre, s’est tenu le mardi 13 avril 2010, dans la salle des actes de ce temple du savoir. Il était consacré à l’examen et à l’adoption du compte administratif et du compte de gestion de l’exercice 2009. Comme points à l’ordre du jour, l’adoption du procès verbal et du rapport d’exécution des résolutions de la 24è session du conseil d’administration du 25 février 2010, l’examen et l’adoption des comptes administratif et de gestion de l’exercice budgétaire 2009, le rapport sur les chantiers et les divers.
Au terme des travaux, une information majeure : c’est le Pr Bruno Békolo Ebé, recteur de cette Université, qui est à l’origine de la procédure qui a abouti à l’arrestation de Luc Macaire Ebe, le caissier principal qui séjourne depuis le samedi 10 avril 2010 à la division régionale de la police judiciaire du Littoral, pour un soupçon de détournement dont le montant officiel n’a pas été rendu public, même si certaines langues parlent de la rondelette somme de huit cent cinquante millions de francs Cfa. Dans le communiqué de presse N° 0030/Pca/Rud/Sg/Sic signé le 13 avril 2010 par le Pr Théophile Ngando Mpondo, le président du conseil, sanctionnant les travaux de mardi dernier, on peut lire que «le recteur a tenu à informer le conseil de ce qu’il a saisi la justice suite à des investigations qu’il a ordonnées et qui ont révélé des détournements sur les comptes bancaires des établissements. Cette plainte a abouti à l’interpellation du caissier principal, suspect principal. Le recteur a aussi fait part de sa détermination à mener la procédure jusqu’à la manifestation de la vérité».
« Rendre gorge »
Un aveu de la part des hauts responsables et administrateurs de l’Université de Douala, qui semblent par là reconnaître qu’il y a quelques problèmes de gouvernance finacière au sein de l’institution. «Le conseil a marqué sa préoccupation devant la gravité des faits portés à sa connaissance, a félicité le recteur pour sa détermination et pour toutes les diligences déjà prises, et l’a encouragé à veiller à ce que non seulement les procédures engagées aillent jusqu’à leur terme, mais aussi que les actions entreprises permettent le retour des fonds ainsi distraits». Ainsi dit, tous ceux qui ont touché à l’argent de l’Université de Douala de manière illicite devront « rendre gorge », en ce moment où le conseil a donné mandat au recteur de démanteler tous les réseaux mafieux qui ont pignon sur rue à l’Université. «Le conseil a prescrit au recteur de renforcer les contrôles internes pour minimiser les risques d’occurrence de telles situations et attiré l’attention des autorités de tutelle sur la nécessité de l’urgence de structurer l’agence comptable».
Après ce conseil quasiment consacré à la sécurisation des recettes, c’est le branle-bas à l’Université de Douala. Plusieurs agents des régies financières sont dans le collimateur de Bruno Békolo. Ce que confirme un responsable de cette structure sous anonymat. «C’est un vaste réseau de détournement de deniers publics car le caissier principal ne pouvait pas voler cet argent tout seul. Il va entraîner avec lui beaucoup de personnes qui se trouvent à la direction des affaires financières et à l’agence comptable. C’est toute une chaîne et quand le maillon central se trouve à la police judiciaire, ça devient compliqué. Le recteur qui veut à tout prix assainir la gestion financière de l’Université et donner plus de traçabilité à l’action économique ne va pas laisser passer cette occasion. ».
En attendant d’en savoir un peu plus dans cette affaire, les chefs d’établissement auraient reçu comme instruction de faire des audits sur les comptes de leurs établissements. «C’est après cela, dira notre source, qu’on saura exactement combien d’argent a été distrait.» Pour l’instant, rien ne filtre sur les entretiens entre Luc Macaire Ebé et les fins limiers de la police judiciaire. Affaire à suivre.
Etame Kouoh