Vatican: des évêques gays poussent Benoit XVI à la démission
Dans leurs articles du 22 février, rtl.fr, francetvinfo.fr et bfmtv.com nous montrent que des spéculations, que le Vatican n'a pas confirmées, sont apparues jeudi dans la presse italienne sur un "lobby gay" qui aurait exercé du chantage sur certains prélats du petit État, dans le contexte du scandale de fuites "Vatileaks" de l'an dernier.
L'article était à la "Une" du quotidien italien "Repubblica" jeudi (mais un quotidien - de droite celui-là, "Panorama" - ne dit pas autre chose). Il affirmait que la décision de Benoît XVI de renoncer à sa charge pourrait avoir été renforcée par sa vive contrariété après avoir pris connaissance des résultats de l'enquête ultrasecrète menée au sein de la Curie par une commission de trois cardinaux à la retraite. Ceux-ci avaient été nommés l'an dernier par Benoît XVI après l'éclatement de fuites "Vatileaks".
Le porte-parole, le père Federico Lombardi, a réagi en jugeant fantaisistes ou faux plusieurs points de l'article. Il a annoncé qu'il n'y aurait ni "démentis, ni commentaires, ni confirmations" sur les "affirmations et opinions" diffusées par la presse en cette période, et que les trois cardinaux n'accorderaient pas d'interviews. Le père Lombardi avait indiqué auparavant que la décision historique du pape de renoncer à sa charge n'était due à aucune "dépression", ni à des motifs psychologiques mais à l'affaiblissement de ses forces.
"Repubblica" affirme ainsi que des prélats ont l'habitude d'entretenir des liaisons homosexuelles. Selon un proche des cardinaux auteurs du rapport, "tout tourne autour des Sixième et Septième commandements". Le premier enjoint de ne pas voler ; le second interdit l'adultère. Mais selon le Guardian, il est aussi interprété par les catholiques comme une interdiction de l'homosexualité. D'après La Repubblica, ces liaisons se seraient déroulées dans "une villa hors de Rome, un sauna, un salon de beauté" mais aussi "les chambres du Vatican elles-mêmes". Enfin, des laïcs menaceraient de les dénoncer, exerçant un chantage sur les prélats et des personnes haut placées au Vatican.
Dans un article aux accents volontiers sensationnalistes, intitulé "Sexe et carrière, les chantages au Vatican derrière la renonciation de Benoît XVI", "Repubblica" établit un lien direct entre le rapport des cardinaux Juliàn Herranz, Jozef Tomko et Salvatore De Giorgi et la décision du pape de renoncer. Selon le journal, le cardinal espagnol Herranz aurait évoqué le 9 octobre devant lui le dossier "le plus scabreux", à savoir "un réseau transversal uni par l'orientation sexuelle" et, "pour la première fois, le mot homosexualité était prononcé" dans l'appartement pontifical.
Dans la foulée de ce rapport, Benoît XVI aurait donc décidé de lâcher son poste, confiant ses désirs à Peter Seewald, qui a coécrit le livre d'entretiens Lumière du monde en 2011. Le Guardian raconte de son côté que le souverain pontife a pris soin d'enfermer le rapport explosif dans un coffre-fort et envisagerait de le transmettre à son successeur.
D'après "Repubblica", le rapport indiquerait que certains prélats auraient subi "l'influence extérieure" (autrement dit le chantage) de laïcs auxquels ils seraient liés par des liens de "nature mondaine". Deux jours plus tard, le Pape, dans un discours improvisé au ton pessimiste, évoquait sous forme de métaphore "les mauvais poissons" qui sont pêchés dans le filet de l'Église, le soir même de l'ouverture de l'Année de la foi. Le rapport final aurait été remis au Pape le 17 décembre par les trois hauts prélats: soit deux tomes de 300 pages, contenant noms et détails de l'affaire "Vatileaks".
L’historien des religions, Odon Vallet, a ainsi expliqué comment les informations publiées dans la presse italienne, jeudi, sur un "lobby gay" au sein du Vatican cachent en réalité des problèmes plus profonds. "Il y a certainement des évêques qui ont des relations avec des hommes. Est-ce qu’il faut parler de réseau, c’est difficile à dire. Il y a des associations de croyants homosexuels chez les musulmans, les juifs et les catholiques dont font partie certains prêtres voire très discrètement certains évêques", explique l’historien.
"Mais de-là à voir une espèce de fraternité entre homosexuels, c’est peut-être allé un peu vite en besogne. Il est, par contre, très possible qu’il y ait eu de reproches adressés à certains prélats et une certaine tendance à faire un front anti-homo", suppose Odon Vallet. "Quand l’ambiance n’est pas bonne on cherche toujours à trouver une raison cachée. On va chercher dans le croustillant des problèmes de sexualité. Il y a une différence entre la doctrine de l’Eglise et les actes des fidèles. ‘L’esprit est fort mais la chair est faible’, comme le dit l’Evangile selon saint Marc", conclut-il.
Ces rumeurs pourront amener l'Église à enfin se réformer et à mettre fin à sa politique du secret, car comme l'avait dit Jésus :
"Rien, en effet, n'est voilé qui ne sera révélé, rien de caché qui ne sera connu." (Matthieu 10, 26)