Vanessa Tchatchou: Une journée hors de l'hôpital Gynéco

YAOUNDÉ - 14 Mars 2012
© Olivier A. Ndenkop | L'Actu

La jeune mère expulsée a immédiatement été conduite dans une autre formation hospitalière.

«A 21 h 30 minutes, le délégué régional de la sûreté nationale est arrivé avec une cinquantaine de policiers», explique le frère de Vanessa qui a vécu la scène et dit avoir subit les bavures des policiers. Ce dernier, toujours sous le choc de l'émotion, ajoute: «le délégué est allé rencontrer le directeur de l'hôpital et est revenu avec une infirmière qui lui dit: voilà Vanessa». Il ne tarit pas en révélations: «c'est en ce moment que le délégué lui a demandé de s'apprêter pour rentrer. Face à cela, Vanessa se tourne pour me demander d'aller prendre son téléphone qui était à la maternité». Mais, le téléphone sera aussitôt saisi par le flic en chef. Lequel a sommé ses éléments d'embastiller Vanessa, apprend-on des témoins oculaires.

La résistance s'installe. La jeune Tchatchou refuse de quitter l'Hôpital Gynéco sans son enfant. Mais, une partie des policiers se ruent sur elle et la jette derrière un pick-up. Direction? L'inconnu. «A un niveau, il ont dit qu'ils nous amènent au commissariat. Mais, on sera surpris de nous retrouver au Carrefour Jamot. C'est d'ailleurs là qu'ils nous demandent le chemin de la maison», explique un membre de la famille. Arrivé au lieu dit Etoudi, le délégué régional aurait requis les services des benkineurs pour qu'ils accompagnent le «cortège» au domicile des parents de Vanessa. Car, «lorsqu'il est arrivé ici, le Délégué a sorti de l'argent de ses poches pour remettre aux benkineurs», révèle un frère de Vanessa, assis devant la maison qui héberge la famille éplorée. Impossible de vérifier cette information à la délégation générale de la sûreté nationale du Centre où «le délégué n'est pas disponible», d'après les policiers en faction.

Toujours est-il que, jetée à l'entrée du domicile familiale-parce qu'elle refusait de descendre du véhicule de la police-Vanessa perd conscience. «Elle ne parlait plus et ne refermait plus ses yeux. On l'a réanimé en lui donnant de l'eau sucrée», détaille sa mère. Le lendemain, c'est-à-dire hier, elle a été conduite chez un médecin. Elle s'y trouvait encore au moment où nous mettions sous presse. «Comme on m'a roulé par terre, j'ai les blessures sur le corps», conclue la victime qui disait être sous soins médicaux.

La scène ressemble étrangement à un film policier. Certes, les flics, conduits par le Délégué régional à la Sûreté nationale du Centre en sont les principaux acteurs, mais il ne s'agit pas d'un film. En effet, juste après son installation par André Mama Fouda le ministre de la Santé publique, Angwafor III Fru Fobushi dans ses nouvelles fonctions de Directeur général (DG) de l'Hôpital Gynéco Obstétrique et pédiatrique de Ngoussou, décide de mettre un terme à ce qui est devenu l'Affaire Vanessa. «Immédiatement après son installation, le nouveau DG nous a fait appeler dans son bureau. On croyait que c'est pour s'imprégner du problème. Mais, il a commencé à dire: comme vous les Bamiléké vous aimez trop les enfants, on verra ce qu'on va faire [...] Après il nous a dit qu'il va rendre compte au chef de l'Etat», explique Sylvie Jueyep qui tient à préciser que «lors de cet échange, le nouveau Directeur ne nous a pas dit qu'il voulait nous expulser».


14/03/2012
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