L’occupation du site du Ngondo, la fête traditionnelle du peuple Sawa par la cimenterie Dangote sur les berges du wouri à Douala ne finit pas de faire des vagues. Pour des raisons évidentes de protection de la tradition et de préservation de ce sanctuaire, des voix s’élèvent au sein de la communauté Sawa pour protester contre cette expropriation. Un comité a été mis sur pied, le patriarche Valère Epee en fait partie. Il donne le bien fondé de la lutte pour la maintient du sanctuaire de cette fête millénaire.
Qu’est en réalité le site du Ngondo ?
Que nul ne vous trompe : aucun peuple au monde n’est prêt à brader ses sanctuaires. Aucune cause n’est assez bonne pour un tel sacrifice. On brûlerait plutôt sur le bûcher de la Raison ancestrale tout traître qui oserait vendre son âme à une cause sacrilège.
Le fleuve Wouri n’a pas valu au Cameroun son nom par un hasard colonial : ce en quoi les explorateurs portugais et espagnols n’avaient vu que des « camaroês » ou « camarones » (de simples crevettes), les ancêtres Sawa y voyant tout autre chose les avaient déjà rituellement baptisés « Ñambe ya Towa » (des grâces divines à ramasser), en abrégé « Mbeatowe ». Un aliment sacré, par conséquent ; offert par la Main Divine aux Sawa, seul peuple au monde dont le mot de salutation—premier mot social de l’homme (à savoir : « Nje’ tuse ? » Ñambe !)—est un véritable hymne à l’Absolu Divin.
Voilà ce qu’hébergent les Berges du Wouri. Voilà
ce que représente pour le Peuple du Fleuve le site de la Base Elf : CA
NE SE VEND PAS ! Et ce, tout simplement parce que L’AME D’UN PEUPLE NE
PEUT NI SE NEGOCIER NI ENCORE MOINS S’ALIENER.
La longue et lourde histoire du peuple muet qui du fond de son silence
vous regarde devrait suffire à interpeller toutes les consciences, car
tôt ou tard, inéluctablement, ce qui s’est passé chez les Coqs se
passera chez les Canards. Et ceux qui croient jouer au Chat et à la
Souris avec leurs frères de sang auront tôt fait de réaliser que la
Souris n’est pas ce qu’ils croyaient !
Le Fleuve a peut-être son mot à dire après tout. Gare aux catastrophes !
A bon entendeur…