USA- Cameroun: Le Cameroun interdit d’ouvrir de comptes bancaires aux USA
USA- Cameroun: Le Cameroun interdit d’ouvrir de comptes bancaires aux USA
« Si ça n’avait été son immunité diplomatique, l’ambassadeur du Cameroun aux Usa aurait été placé sous arrêt pour agression ». C’est ce qui se lit dans le Rapport de la police de Washington, la capitale américaine, concluant son enquête à la suite des événements de novembre 2009, quand l’ambassadeur, Foe Atangana, s’était chargé de disperser par la manière forte des Camerounais qui manifestaient devant son bureau. Ledit rapport dont Le Messager a pu avoir copie, indique que c’est grâce à un appel anonyme signalant une émeute en préparation que la police est arrivée au 2349 Massachusetts Avenue.
Sans hésitation, le personnel de l’Ambassade approché par la police, dénoncera le compatriote en grève d’avoir lancé un assaut physique contre l’Ambassadeur. Le gréviste, manifestement pris de court par le débarquement de la police, tentera de prendre la poudre d’escampette. En vain. Il est cueilli par la police qui le conduit illico presto au poste situé à la 1806 24e rue NW jusqu’à ce que surgissent de nouveaux éléments accablants plutôt l’ambassadeur Foe Atangana. « Une enquête sur le terrain révèlera que l’ambassadeur du Cameroun aura été l’assaillant », témoigne le Rapport de la police qui identifie une deuxième victime de sexe féminin. Les deux victimes furent conduites l’un à l’hôpital George Washington, par la 23e unité des pompiers, l’autre à l’hôpital de Georgetown par la 29e unité des sapeurs pompiers. En plus des coups qui ont provoqué la blessure sur le cou d’une des victimes, un appareil photo endommagé renforce les évidences de l’attaque de l’ambassadeur Foe Atangana qui, se sentant pris en chasse par la police, se retranchera dans son bureau et brandira la carte qui lui confère l’immunité diplomatique.
Autant le dire, l’ambassadeur du Cameroun aux USA se retrouve ainsi dans de sales draps pour une histoire qui ne le concernait pourtant pas au premier chef, à en croire de bonnes sources. En effet, les auteurs de ce qui fut baptisé « marche contre la corruption », en avaient après le percepteur des finances de l’ambassade, François Ngoubene. « Pendant que le bâtiment abritant l’ambassade se fait vétuste, M. Ngoubene s’enrichit. Ngoubene connaît toutes les méthodes pour détourner les fonds publics et ceci n’a pas commencé aujourd’hui à Washington », dénonçaient entre autres les grévistes qui se réclamaient d’ailleurs du RDPC, le parti au pouvoir à Yaoundé dont le percepteur Ngoubene assure les fonctions de conseiller dans l’une des cellules créées à Washington en 2007. Mais l’ambassadeur Foe Atangana mettant de côté toute diplomatie, volera au secours du percepteur qu’il avait logé pendant les deux premiers mois de son séjour à Washington au Ritz Council hôtel, l’un des hôtels les plus coûteux sur la place américaine. Mal lui en a pris. Foe Atangana peut rester en liberté aujourd’hui, mais les charges retenues contre lui dans le rapport de la police ne sont pas pour autant levées. L’homme vit donc une sorte de sursis qui pourrait prendre une allure dramatique si jamais Paul Biya lui sort la savate du genre qu’il avait assenée à son prédécesseur Jérôme Mendouga.
Biens mal acquis
L’ambassadeur Foe Atangana n’est pas le seul diplomate camerounais sur le sol américain ne survivant plus que grâce à son immunité diplomatique. Les autorités américaines indexent en effet un bon nombre de diplomates de notre pays de s’être appropriés des maisons à travers le pays, foulant ainsi aux pieds la loi qui régit les rapports diplomatiques entre Etats. Le nom le plus célèbre, pour le moment, de ces diplomates camerounais entassant des fortunes aux Usa est celui du percepteur Francois Ngoubene. Ce dernier, à s’en tenir seulement au rapport du commissaire de la police camerounaise, Carson Ndongo Efemba, possède « deux maisons dans le Maryland dont une habitée par lui-même, et l’autre par sa maîtresse ». L’Etat du Cameroun laisse ainsi sur le carreau quelque 200 millions Fcfa dans cette affaire. Une lecture plus attentative du rapport du commissaire Ndongo Efemba (il a exercé à Washington pendant dix ans comme Premier conseiller), indique que François Ngoubene est une cible potentielle de l’opération Epervier si celle-ci n’était pas plutôt, comme le déplorait Célestin Bedzigui, une « épuration politique ». Morceaux choisis dudit rapport : « Le percepteur aurait fait déloger le compte bancaire de l’ambassade de l’adresse officielle de l’ambassade du Cameroun à Washington, DC à son adresse privée située dans l’Etat du Maryland voisin… M. Ngoubene aurait ainsi, « sans s’en référer à l’ambassadeur », établi sans limite des chèques aux montants faramineux pour son propre bénéfice ». Un montant de 179 millions Fcfa est sorti des caisses de l’ambassade en quelques mois seulement au cours de l’année 2008.
Si à Yaoundé, personne ne s’émeut des coups de François Ngoubene, des sources bien introduites signalent que le percepteur camerounais possède désormais une fiche sur les murs des services secrets américains. Le Federal bureau of investigation (FBI), s’intéresserait vivement de connaître l’origine et surtout l’usage des sommes faramineuses souvent déposées dans le compte de l’ambassade du Cameroun à Washington. Les fins limiers américains sont d’autant plus en alerte qu’ils ont remarqué que les fonds déposés dans les comptes de l’ambassade du Cameroun étaient souvent quasi-immédiatement vidés. C’est que François Ngoubene qui est le gestionnaire unique de ce flot d’argent arrivant du Cameroun est devenu, aux yeux des Américains, un sujet très intéressant pour qui veut dépister le shema de fuite de l’argent du contribuable camerounais au bénéfice de l’élite au pouvoir qui accumule des biens mal acquis à l’étranger presque de façon détournée, mais apparemment légale. Le stratège camerounais a, à un moment créé des comptes dans plusieurs banques américaines pour brouiller les pistes. Mais le pot aux roses a été découvert. C’est pourquoi, il est désormais interdit à l’ambassade du Cameroun d’ouvrir de compte dans une banque sur le sol américain.
© Le Messager : Celestin Ngoa Balla, à New York