USA- Cameroun: Corantin Talla " Les Camerounais ont compris que le pouvoir en place est illégitime "
USA- Cameroun: Corantin Talla " Les Camerounais ont compris que le pouvoir en place est illégitime "
Dans le cadre de nos productions, nous avons rencontré pour vous Corantin TALLA plus connu sous le nom de Général Schwarzkopf, ancien leader cofondateur du parlement des étudiants camerounais. Il vit en exil aux Etats –unis depuis plus de 17ans après avoir été radié avec 16 autres camarades étudiants, des institutions universitaires camerounaises, suite à leur activisme. Il est titulaire de plusieurs diplômes universitaires parmi lesquels un master en administration publique et un master en administration de santé tous obtenus à l’université de Floride. Il est aujourd’hui propriétaire d’une entreprise d’informatique, et CEO de l’ONG américaine dénommée conscience du Cameroun. M. Corantin TALLA, Sr Oracle Database administrator a bien voulu nous recevoir dans son domicile pour nous donner sa part de vérité, concernant lés événements des années 90 et concernant la vie politique au Cameroun en ce moment.
Bonsoir Mr Schwarzkopf
Bonsoir, vous êtes la bienvenue et je suis enchanté de vous recevoir pour cet entretien. Je vous remercie infiniment et tient à souligner que je reste attaché au Cameroun, mon pays d‘origine, j‘y suis né et j‘y rentrerai pour participer à la promotion d‘une démocratie véritable qui pourra concourir au bien être de tous sans distinction de tribu, de religion ou bien de sexe. Je suis ravi que vous me donniez l’occasion de m’exprimer directement au peuple camerounais. Merci
C’est à notre honneur. Mr TALLA on vous appelle également ‘’Général. Schwarzkopf’’ Je voudrai savoir de quelle armée êtes Général?
(Rires) De l’armée du parlement des étudiants Camerounais. C’est un nom qui m’a été donné par les étudiants camerounais sous le feu de l’action, dans les années de braises, avec l‘avènement de la démocratie au Cameroun, qui elle même a été une conséquence du mouvement du vent d’Est qui a balayé toute l’Europe de l’Est commençant par La Roumanie.
Et après le discours du Président François MITTERAND à la Baule.
Oui, les peuples réclamaient plus de démocratie.
Donc, le Cameroun ne devait pas être en reste. Nous les jeunes en tant
que fer de lance de la nation, avons pris soin de prendre notre destin
en main.
C’est comme cela qu’est donc née le parlement universitaire, le
parlement des étudiants camerounais, qui non seulement revendiquait
pour des problèmes académiques, mais s’attaquait aussi à un système
politique vicieux, juvénophobe qui s’opposait à l’émergence ‘une
nouvelle classe politique, à l’éclosion de la jeunesse camerounaise. Je
pense que cela n’a pas changé jusqu’aujourd’hui.
La jeunesse doit se lever comme un seul homme pour prendre son destin
en main. Ceci est un message fort que je voudrai donner à cette
jeunesse. Parce qu’elle a à faire à une gérontocratie qui n’est pas
prête à céder la place à une nouvelle génération, pleines d’idées
nouvelles, pouvant facilement arrimer le Cameroun à cette nouvelle
donne de la globalisation qui gère le monde aujourd’hui.
A vous écouter, on croit écouter complètement un discours politique. Aujourd’hui que vous le tenez on vous comprend. Mais à l’époque vous étiez étudiant. Est-ce que le cadre se prêtait vraiment à de telles revendications.
Je pense qu’à l’époque dans les années 1990, le
gouvernement en place disait, l’école aux étudiants, la politique aux
politiciens. D’un coté il le disait mais de l’autre coté, ils
encourageaient des manifestations de soutien au régime en place, au
sein du campus universitaire. Ce sont eux qui ont introduit la
politique à l’université. Je me souviens qu’à l’époque, quand nous
défilions, il fallait avoir des tennis marquées ‘’Paul BIYA chaud gars
et consort’’ c’était de la propagande politique ; nous avons cru bon en
tant que fer de lance de la nation de vraiment nous impliquer à ce qui
se passe dans notre pays au niveau de la gouvernance, notre action a
voulu rester strictement académique mais le pouvoir politique nous a
poussé à entrer dans le domaine politique. Je m’explique : il fallait à
chaque fois élire le représentant de chaque faculté qui étaient des
délégués d‘étudiants.
Il s’est avéré qu’en 1991 mon camarade WAFO et moi avons créé le bureau
Reforme à la faculté des sciences, comme le bureau conscience et
consort dans d’autres facultés.
Nous avons lancé la campagne électorale. Les agents du gouvernement en service à l’université se sont rendus compte que les sondages nous donnaient favoris. Ils ont signalé ce fait au ministre de l’enseignement supérieur de l’époque Pr joseph OWONA qui ensuite à pris la décision d’annuler unilatéralement les élections en question.
Vous voulez dire que le gouvernement à l’époque représenté par le ministre Pr joseph OWONA contrôlait les élections au sein du campus?
Oui pourtant, le ministre ne devrait pas s'immiscer dans les affaires purement académiques comme les élections des représentants des étudiants. Mais il l’a fait. Nous nous sommes donc rendu compte que leur politique était de nous empêcher de progresser. Alors il fallait pour nous de nous attaquer sur deux fronts : La dénonciation des problèmes académiques et l’ingérence des politiques dans la vie estudiantine. Parlant des problèmes, je peux citer entre autre l’inadéquation entre les structures d’accueils et le nombre d’étudiants, l’absence des bibliothèques et librairies, le manque des salles d’eaux appropriées... Vous vous rendez compte que dans un amphi de 700 places l’on rencontrait facilement 1500 étudiants, assis en désordre, se servant de leurs genoux comme table pour relever les cours et cela dans un brouhaha infernal. Pour nous endormir, l’on nous gavait de la nourriture mal faite. Ce sont les sujets que mon équipe et moi avions envie de dénoncer et comptions améliorer en négociant fermement avec les responsables académiques de l’université.
Ainsi vous avez créé le mouvement Réforme. Mais aviez-vous auparavant ne serait ce qu’à titre individuel essayé de faire la remarque aux responsables de l’université ?
Non à l’époque il n' y avait pas une communication entre les étudiants engagés et l’administration. L’on vous renvoyait toujours aux délégués d’étudiants qui n’étaient que l’émanation des responsables académiques. Ils étaient plus indics que représentant des étudiants
A vous écouter, l'on a l'impression que le gouvernement avait installé un mécanisme pour contrôler le centre de l’intelligentsia camerounais qui était l’université, au lendemain du retour au pluralisme politique au Cameroun ?
Si, et même qu’il le faisait d‘ailleurs avant l’arrivée du multipartisme au Cameroun. Souvenez-vous des années 8O, il avait déjà la main mise du pouvoir en place sur l’université. Il ne voulait pas qu’il y’ait éclosion des nouvelles idées parce que les étudiants pouvaient à tout moment, mobiliser le reste de la jeunesse afin de réclamer leurs droits civiques et politiques. C’est pour cela que les membres de ce gouvernement se sont acharnés contre les structures estudiantines existantes. Pour revenir à la question de tout à l’heure, je dirai que nous avions vraiment de problème. Mais pour les poser, il fallait passer par les délégués d’étudiants qui malheureusement étaient nommés par les responsables de l’université. A un moment donné, les dirigeants de l’université ont voulu faire un semblant de vote démocratique comme cela se fait lors des consultations électorales au Cameroun.
C’est vous qui le dites...
Ils ont voulu à travers un jeu démocratique faire un semblant d’élection. Malheureusement, les étudiants favorables aux réformes étaient plus populaires ainsi le mouvement Réforme à eu le vent en poupe pendant la campagne et tout les sondages leur étaient favorables. L’administration a annulée les élections. Nous avons entamé les négociations avec eux pour sortir de la crise que cette annulation avait provoquée.
Quand vous dites vous il s’agit de qui d‘autres et vous ?
Je voudrai parler des responsables des autres
facultés, de mon camarade WAFFO et moi. Tous ces candidats qui avaient
le vent en poupe dans ses différentes facultés se sont réunis pour
réclamer qu’ont reprennent les élections. Mais au lieu de le faire, ils
ont plutôt convoqué tout les leaders et, à coup de menaces, ont proposé
de faire un bureau consensuel.
A moi il a été proposé le poste de vice-président et à un autre plus
proche de l’administration au nom de ALIMA, par ailleurs donné perdant
dans les sondages, le poste de président. Nous nous sommes opposés en
exigeant le respect des règles démocratiques. Pour nous il était hors
de question d’accepter ou de participer à un bureau qui n’était pas
issu d’une compétition électorale juste. Parce qu’un tel état de chose
nous faisait perdre notre crédibilité et par ricochet celle de ce
bureau auprès des étudiants. Or quand vous n’avez pas de crédibilité,
vous n’êtes pas respectés et on ne suit pas vos directives, étant donné
que les gens préfèrent suivre les directives des personnes qu’ils ont
librement choisi et non des personnes qui leur sont imposées. C’est
d’ailleurs pour cela qu’aujourd’hui pour faire un parallèle, que
beaucoup refusent de payer les impôts au Cameroun depuis que les
élections sont tripatouillées. Les camerounais ont compris que le
pouvoir en place est illégitime.
C’est après tout ces manquements qu’est donc né le parlement estudiantin ?
Oui le parlement était un forum de débat et de prise de décision consensuel par les étudiants et pour le bien des étudiants. C’est pour cela que nous l’avons dénommé le parlement. Mais au départ, le 2 avril 1991 qui est le jour du lancement de cette organisation, il est toujours question de faire seulement des réclamations d’ordre académiques.
C’était à la suite des élections bafoués. Etais-ce la continuation de Réforme ? Pourquoi avez-vous changé de nom ? Quel était son contenu ?
Oui c’était une continuation de Reforme mais,
nous avons changé le nom parce que c’était une organisation un peu
plus globalisante car issue d‘une coalition de toute les autres
organisations qui avaient participées aux élections. Nous voulions
faire de cela, un organe délibératif, un forum de débat et de prise de
conscience estudiantin.
Je dois rappeler que ce 2 avril 1991 cet organisation n’était pas lancé
sous le nom parlement mais plutôt des membres frustrés des élections.
Quelques jours plutôt, nous avions affichés des tracts dans les campus
et les environs appelant à une marche de protestation auprès de
l’administration académique pour le 2avril 1991.Des forces de l’ordre
ont été prostrées de part et d’autre de notre parcours initial dans le
but d’empêcher notre marche. Nous les avons semés. Alors qu’ils nous
attendaient par le château, nous sommes passés par Mokolo bravant ainsi
leur dispositif de répression qu’ils avaient mis sur pieds, et sommes
entrés au campus. Je reconnais qu’il y a quand’ même une centaine
d’étudiants qui ont été arrêtés et torturés dans les commissariats à
Yaoundé. C'est à l’issu de cette épreuve que nous avons décidé au cours
d’un meeting improvisé d‘être plus formel en baptisant notre
organisation : Parlement.
Nos recherches nous révèlent que vous teniez en ce moment là des discours politiques forts alors qu’à la base vous étiez étudiants. Est-ce qu’il n y avait pas là un décalage ?
Tout le monde, chaque citoyen, étudiant ou pas, est libre de faire de la politique. Voyez vous tous les gestes que nous posons au quotidiens ont un caractère politique. Même faire des revendications purement académiques est un acte à connotation politique puisque il y a déjà à la base un jeu d’intérêt. On ne peut pas se passer de la politique. Nous étions aussi influencés par les mouvements similaires dans les pays voisins qui réclamaient plus. Bref il fallait un nouvel ordre académique et politique. Les étudiants sont considérés comme les éclaireurs du reste de la nation. On ne peut pas nous appeler le fer de lance de la nation pour rien. C’était notre devoir de jouer ce rôle. En plus, qui mieux que les étudiants peut prendre le destin de la jeunesse en main? Nous avons été longuement écrasés par une gérontocratie qui s’est enracinée au pouvoir et continue à nous écraser jusqu’ aujourd’hui.
Quand vous dites que cette gérontocratie continue à vous écraser jusqu’aujourd’hui, parlant de la jeunesse cela me permet d’ouvrir une parenthèse. Vous n’êtes pas au Cameroun depuis près de 17 ans M. TALLA. Pensez-vous être en mesure de parler au nom de la jeunesse camerounaise ?
Je reste jeune et je suis camerounais. Ce n’est
pas par ma volonté que je suis hors du Cameroun. Je suis imprégné des
réalités quotidiennes du Cameroun en général et de sa jeunesse en
particulier.
Il ne faut pas être au Cameroun pour savoir que la majorité des jeunes
sont en chômage, il ne faut pas être au Cameroun pour savoir que la
pauvreté à entraînée la débauche, une débauche qui a été amplifiée ces
dernières années.
Nous avons de jeunes enfants qui se prostituent dans nos rues
aujourd’hui, nous les retrouvons dans le grand banditisme. Certains
étudiants sont devenus des hors la loi.
Revenons si vous le permettez sur le parlement. Où est ce que cette lutte vous a mené ?
Je dirai que nous avons fait une revendication qui était noble, et à travers cela, nous avons essayés d’éclairer les consciences. Sachez que si l’opposition de l’époque a pu ébranler le pouvoir en place c’était grâce à nous, étudiants. Je vous le dis sans ambages.
Cela m’amène à poser la question suivante : Est-ce que vous étudiants n’étiez pas manipulés par les leaders de l’opposition de l’époque ; je ne voudrai pas les citer mais vous les reconnaissez sans doute.
Je dirai que le mouvement de masse des étudiants était initié et gérer par les étudiants
Mais récupéré par les politiciens...
Non ils ont voulu récupérer. Bref quelques uns d‘entre nous de nous ont été récupérés.
Lesquels
Je préfère ne pas m’attarder là-dessus parce que ce n’est pas le moment de créer des polémiques. Nous devons plutôt penser à l’avenir et non tenir des propos qui vont diviser. Nous avons commencé le parlement le 2avril, et le 3avril, nous avons créé une coalition avec les autres segments de la jeunesse camerounaise. Sous ma houlette, nous avons rencontrés les sauveteurs du marché central qui ont accepté de rentrer dans la danse. Les négociations furent menées en pleine nuit faut le noter. Car nous étions traqués par la police, l’armée et la gendarmerie. Certains responsable avaient donné l’ordre de m’emmener mort ou vif c’est le cas du général ASSO je ne le cache pas. Personnellement, il voulait ma mort. Le 7 avril, nous avons rencontrés le syndicat des taximen c’est ce qui a provoqué la grève des taximen le 8 avril à Yaoundé.
Ce que je ne comprends pas c’est que vous vous êtes étudiants. Vous organisez des mouvements pour protester contre vos conditions de vie au sein des campus. Mais qu’est ce qui motivait votre rencontre avec les sauveteurs et les taximen ; que recherchiez- vous ?
Je vous ai dis qu’au départ c’était des revendications académiques qui n’ont pas eu de solutions adéquates. Alors pour atteindre nos objectifs il nous fallait coopérer avec les autres organisations même non académiques afin de contraindre le pouvoir public à donner suite à nos revendications. Nous étions devenus une force grâce à cette coalition.
Aviez-vous des ambitions politiques à l’époque ?
Non, j’étais étudiant, j‘avais pas d‘ambitions politiques. Même s’il y avait changement, nous autre n’attendions que l’amélioration de nos conditions de vie dans les campus et les cités. Je ne m’attendais pas à être ministre. Nous voulions une nouvelle donne politique, une espace d’expression et de liberté qui puisse permettre à la jeunesse d’éclore et de participer au développement du pays. C’est tout ce qu’on voulait. Les membres du parlement étaient aussi libres d’adhérer au parti politique de leur choix. D’ailleurs certains membres étaient adhérant du RDPC, d’autre du SDF. Le parlement était une organisation inclusive.
Le parlement n’était t-il pas une organisation tribale ?
D‘aucuns ont même dits à l’époque que c’était une histoire des bamiléké je dis non, ce n’était pas une organisation tribaliste. Je peux vous citer entre autre EYOG, NJOCK qui était secrétaire général, MBALLA qui était membre du bureau, c’était tous les camerounais. Cela n’a jamais été l’affaire des bamiléké. Ce sont les gens du pouvoir qui ont voulu diaboliser le parlement en créant ce mot Anglo-Bamiléké. Notre objectif était de changer les choses pour le bien être de tous les camerounais musulmans comme chrétiens, du Sud à l’ouest en passant par le nord et l’Est. C’était cela, notre leitmotiv.
Aujourd’hui, avec un plus de recul pouvez vous dire que le parlement à atteint ses objectifs ?
Je peux dire oui car nous avons quand ‘même éclairé les consciences avec le parlement, les gens sont allés de village en village expliquer aux parents la nécessité de changer en votant pour les forces du changement pendant les consultations électorales de l’époque. Nous pilotions le train du changement mais les politiciens nous ont trahis. Dans le train que nous avons pris en avril, il y avait des patriotes convaincus, mais aussi pleins d’opportunistes affamés.
Ce serait beaucoup mieux de préciser ceux qui vous ont trahis M. TALLA
KODOCK par exemple a participé avec nous aux
réunions chez Feu DIKA AKWA à Douala, à l’époque vous avez connu sont
fameux adage qui disait ‘’au lieu de se noyer, il vaut mieux
s’accrocher même à un serpent’’. C’est aussi grâce à nos luttes que M.
Biya à accordé l’amnistie aux prisonniers politiques parmi lesquels le
fameux Dakolé Daîssala, qui ensuite a trahit tout un peuple en
s’alliant au régime pour lui donner la majorité qui l’a permis d’être
majoritaire à l’assemblée nationale.
Je vous rappelle qu’on souffre encore aujourd’hui de cette trahison
car, c’était le tournant décisif de l’histoire politique du Cameroun,
un premier ministre issu de l’opposition majoritaire à l’assemblée
nationale, après les élections de 1992.
Vous avez aussi cet opportuniste qui aujourd’hui est ministre de la
communication M. Issa TCHIROMA BAKARRY lui aussi c’est un traître, nous
étions ensembles à l’époque. Il fait partir des gens que les étudiants
ont aidés à amnistier, mais écoutez les discours et le ton qu’il a
aujourd’hui, bref la liste est longue. Certains même qui étaient
radicaux à l’époque ont été retournés. Je ne voudrai pas dire que toute
l’opposition de l’époque est pourri mais plutôt qu’elle était pleine
des personnes qui ne cherchaient que leur intérêt. Il y a d’ailleurs
beaucoup qui aujourd’hui se sont ralliés au pouvoir RDPC au nom de la
majorité présidentielle.
Malgré cette rage que vous aviez de changer la politique et les conditions de vie des Camerounais, votre mouvement s’est éclaté. On a vu des gens comme Ngoufack Akedi et autres retournés. Que s’est il passé ?
Je dois rectifier que tout ceux que vous citez là
n’ont jamais été membres du parlement mais, plutôt de l’Autodéfense qui
était en majorité constitué des non favoris aux élections et que
l’administration voulais nous imposer comme délégués.
Mani Blaise qui fut président de l’Autodéfense était auparavant membre
du bureau de Reforme et c’est avec lui que nous avons battu campagne.
Pendant cette période de crise électorale, il a assisté à une réunion
et a accepté de représenter Reforme au bureau consensuel que
l’administration voulait nous imposer, alors qu’il n’était pas
mandaté. Nous l’avons exclu et il a rejoint l’autodéfense.
Ils n’ont jamais été membre du parlement. Il est bien vrai que par la
suite et pour des raisons obscures, certains leaders de l’opposition
comme KODOCK ont infiltré le mouvement par la fibre tribale. Ainsi,
certains de nos membres d’origine Bassa sont allés rejoindre les rangs
de l’UPC.
Le pouvoir a nommé comme chancelier Mr Emmanuel AGBO TABBI qui à son
tour a retourné les membres anglophones. Tout cela a fragilisé le
parlement et ralentit la hargne de vaincre qu’avait le groupe. Sans
oublier que cela devenait aussi long et fatiguant car, étudiant de
notre état nous n’avions pas les moyens de tenir aussi longtemps.
En plus nous étions traqués de part et d’autre de la république par l’armée et la police.
L’autre grande cause fut l’exclusion à vie de toutes les institutions
académiques camerounaises 17 leaders estudiantins parmi lesquels
moi-même par décret du ministre de l’enseignement supérieur de
l’époque, Le PR Titus EDZOA.
La plupart d‘entre nous avons pris le chemin de l’exil. Plusieurs sont d‘ailleurs ici aux Etats – unis.
Nous reviendrons ultérieurement avec la deuxième partie de cet entretien consacrée aux circonstances de l’exil de M. Corantin Talla ainsi que son regard sur le Cameroun d'aujourd’hui, plus de 15 ans après son départ.