Au sein de l’établissement, des enseignants soupçonnent des responsables de vouloir couvrir les membres du réseau.
Campus de l’université de Dschang, lundi 22 juillet 2013. Au département de Langues étrangères appliquées (Lea), le reporter est presque esquivé. Des accusations de « trafic et de vente de notes à grande échelle » y ont fait leur lit depuis quelques jours. « Lors des examens de la session de septembre 2012, une unité d’enseignement se vendait à 10 000 F.Cfa, par l’intermédiaire de deux étudiants rabatteurs pour le compte d’un enseignant bien identifié à ce jour. Une fois au courant, les autorités de la faculté ont constitué une commission de vérification des procès verbaux des examens de septembre 2012. Cette vérification a permis de découvrir une falsification des notes à grande échelle, surtout pour le cycle de master.
Quelques cas aussi ont été identifiés au cycle de licence. Il se trouve que depuis plusieurs mois que les rapports ont été déposés, il y a comme une volonté des autorités de la faculté des Lettres de dissimuler l’affaire », lit-on dans une dénonciation parvenue au Jour. L’on apprend aussi qu’une étudiante qui n’arrivait pas à valider quatre unités de valeur depuis 2005, a subitement réussi et obtenu un relevé de notes. Au début, presque personne n’a voulu confirmer ou infirmer cette information.
Le doyen de la faculté, le Pr Charles Robert Dimi, a refusé de parler en l’absence d’une autorisation écrite du recteur. Mais il a reconnu l’existence d’une commission de vérification des procès verbaux (Pv). Pour lui, le dossier prend du temps à cause de la dispersion des mis en cause et des témoins et, surtout, de la qualité des sanctions qui pourraient être prises par sa hiérarchie : retrait éventuel des diplômes et sanctions administratives.
Le dossier devrait être transmis au rectorat dès le rétablissement du chef du département de Lea, actuellement malade. Le Pr Esaïe Djomo, rencontré sur son lit d’hôpital, insiste sur les preuves. « Des irrégularités ont été constatées dans les Pv et ont été immédiatement corrigées dans la filière sciences du langage, littératures et cultures », soutient-il. Toutefois, il a refusé de livrer des statistiques sur l’ampleur du problème.
Des enseignants évoquent plusieurs dizaines des cas, y compris au cycle de licence. « Le phénomène du trafic des notes n’est pas nouveau à l’université. Généralement, les enseignants changent leurs propres notes. C’est le spectre qui a inquiété cette fois », accuse l’un d’eux. En l’absence du Pr Esaïe Djomo, à l’époque parti en mission, c’est le Pr Jean-Jacques Rousseau Tandia Mouaffou qui assurait l’intérim. « Il est difficile de savoir qui a exactement fait quoi, assure le Pr Esaïe Djomo. Les résultats circulent dans une chaîne qui intègre le jury, la cellule informatique et le département. Tous ces gens ont été entendus.
L’université a la latitude de retirer un diplôme délivré à tort. » Créé à l’ouverture de l’université de Dschang, le département de Lea compte environ 2°000 étudiants répartis dans six filières : les lettres bilingues (français et anglais), les lettres trilingues (avec l’italien et l’espagnol), les lettres d’expression anglaise et française. Il a délivré les premiers masters en 2009 et les premiers doctorats sont attendus en 2014. Nombre d’étudiants sont des travailleurs, qui ne peuvent pas assister normalement aux cours, mais veulent valider à tout prix leurs unités d’enseignement.