Université de Douala: Un cadre de la direction des affaires financières à New-Bell
Godefroy Métogo, chef service du budget à la direction des affaires financières (DAF) de l’Université de Douala séjourne depuis le début de cette année dans une des cellules de la prison centrale de Douala. On reproche à ce dernier la distraction des fonds publics, quelque temps après le passage d’une mission du Contrôle supérieur de l’Etat au sein de cette Université. D’abord arrêté le 22 décembre 2009 pour un détournement de quatre millions (4.000.000) Fcfa, Godefroy Métogo passera quatre nuits blanches à la brigade de recherches de Ndogbati. C’est quand il avouera son crime qu’il sera remis en liberté contre promesse de remboursement. Un gendarme de cette brigade témoigne sous anonymat. «On lui a remis quatre millions pour qu’il les transforme en bons de carburant à donner aux différents responsables. Quelques jours après, il simule un vol dans son bureau. Après enquête, on n’a constaté aucun signe de violence ni sur la porte centrale ni sur son tiroir. Après exploitation, il a avoué son forfait.
Croyant ses malheurs achevés, il sera de nouveau arrêté en début d’année, lorsque le Messager annonçait «L’Epervier plane au-dessus de l’Université de Douala». En dehors de ces quatre millions, d’autres enquêtes approfondies des fins limiers de la gendarmerie nationale le rendront responsable de plusieurs autres forfaits. Les réponses aux questions des gendarmes pendant l’interrogatoire sont contradictoires avec la réalité. A la question «combien gagnez-vous par mois ?». Il répond : «cent soixante mille francs Cfa après évacuation des impôts». «Etes-vous locataire?». «Non j’ai construit une petite baraque où je vis». Parlant de «petite baraque», les gendarmes sont restés interdits devant l’imposante villa qui se présentait à leurs yeux au quartier Nyalla, dans le troisième arrondissement de la métropole économique. «La seule barrière, d’après un responsable de l’Université, peut construire une grande maison. Le luxe qu’il y a chez lui dépasse ce que j’ai vu chez le recteur. Le guéridon est placé sur une boule de cristal et a une valeur de huit cent mille francs. Il a également d’autres biens et un grand bar situé à cinq cent mètres de sa maison. C’est le repère des ressortissants Béti de Douala. C’est un homme qui s’est sucré sur le dos de l’Université car son seul petit salaire ne pouvait pas lui permettre d’avoir autant de biens»
Questionnements
Avant d’atterrir à la direction des affaires financières, il a fait ses beaux jours à l’agence comptable de la même Université. C’est pendant son séjour au sein de l’agence comptable que l’Université de Douala a accusé une perte de cinq cent millions (500.000.000) Fcfa. C’est ce détournement qu’on lui attribue qui fit de lui un nouveau riche. Lorsque le pot aux roses a été découvert, Marius Békolo, le neveu du recteur qui est cité dans cette «maffia» a été affecté à la faculté des sciences comme chef de division. Des questions se posent à l’Université : Comment un simple agent qui est loin de jouir des prérogatives de l’agent comptable peut-il s’enrichir de la sorte ? Qui a jusque là protégé Godefroy Métogo ?
A l’Université de Douala, les langues se délient. «Il n’est qu’un bouc émissaire qu’on a livré à la Justice pour contenter l’opinion, dit un enseignant. Les vrais bandits sont ailleurs. Sinon comment comprendre qu’il n’a pas été inquiété lorsque les 500 millions ont miraculeusement disparu des caisses de l’Université». Si les agents de cette institution universitaire le reconnaissent comme le bras séculier de certains cadres supérieurs de l’Université de Douala, beaucoup le désignent également comme l’homme à tout faire aussi bien à l’agence comptable qu’à la direction des affaires financières. «Avec le Contrôle supérieur qui a séjourné ici, il fallait que quelqu’un paie car trop d’argent a disparu en un laps de temps. Surtout que l’argent facile l’a rendu fou, c’est peut-être comme ça que la hiérarchie l’a lâché». Un prestataire de services enfonce le clou : «Il a passé du temps à détourner notre argent. Après le travail livré et l’ordre de paiement sorti, il déchirait le dossier sans payer. Et il nous disait d’attendre, que l’argent n’est pas encore arrivé. Beaucoup sont morts sans toucher à leur argent. Nous nous sommes plaints à sa hiérarchie sans succès. Il avait le parapluie et les godasses».
Grand déballage
Même le personnel permanent n’échappera pas à l’esprit gargantuesque du protégé de Marius Békolo. « Si l’Epervier va à son terme, beaucoup d’autres personnes seront internées à New Bell.» De la prison de New Bell où il est interné, Godefroy Métogo promet un grand déballage si les responsables de l’Université ne font rien pour le libérer. De sources introduites, ce dernier qui se dit innocent, aurait avancé le nom de certaines personnes qui seront interpelées dans les tout prochains jours. En choisissant de briser la loi de l’omerta, Godefroy Métogo entend ainsi dénoncer ses complices. A l’Université de Douala, malgré l’installation des directeurs des Instituts des beaux arts (Nkongsamba) et des Sciences halieutiques (Yabassi), la cérémonie d’adoubement des trois nouveaux agrégés et l’installation hier lundi 25 janvier 2010 des nouveaux responsables, ce n’est pas la grande sérénité. Chacun des responsables ayant de près ou de loin géré un pan de budget de l’Université pouvant être interpelé à tout moment. L’Epervier est vraiment entré dans le campus.
Par Le messager Mardi 26 Janvier 2010
Etame Kouoh (Cp)