Union africaine: L'élection du président de la Commission en juin

YAOUNDÉ - 31 Janvier 2012
© Guy Ndzié Essomba | L'Actu

Les chefs d'Etat africains n'ont pas réussi à départager les deux candidats en lice lors de ce sommet africain.

Le sommet de l'Union africaine n’est pas parvenu hier à Addis-Abeba à élire un président pour son organe-clé, la Commission. Les chefs d'Etat se sont divisés à peu près à égalité entre le Gabonais Jean Ping et la sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma. Quatre tours de scrutin ont exposé les lignes de fracture entre l'Afrique anglophone et francophone, australe et occidentale; meme Si les dirigeants africains s'efforcent de minimiser la portée de ces divisions. Ce 18e sommet, le premier depuis la chute du libyen Mouammar Kadhafi, figure historique même si controversée de l'organisation, se termine ainsi de facon inattendue. "Aucun des deux candidats en lice ne l'a emporté", a indiqué à la presse le president de la Zambie, Michael Sata, et "la prochaine élection aura lieu en juin", au prochain sommet de l'UA.


Jean Ping, 69 ans, en poste depuis 2008, a pourtant devancé légèrement sa concurrente l'ancienne ministre sud-africaine des Affaires etrangeres et ex-épouse du président Jacob Zuma lors des trois premiers tours (28 voix contre 25, 27/26, 29/24 voix), selon des sources concordantes. Mme Dlamini-Zuma, 63 ans, actuelle ministre de l’interieur, a été alors contrainte, par le règlement, de retirer sa candidature. Mais M. Ping, pourtant seul en lice, n'a pas atteint la majorité des deux-tiers requise. II a obtenu au quatrieme tour 32 voix, et 20 bulletins blancs, à quatre voix de la majorité qualifiée exigée. En attendant le prochain sommet, la presidence de la Commission sera assurée par intérim par son actuel vice-président, le Kenyan Erastus Mwencha.


Crises à répétition

A l'annonce de l'echec de M. Ping, une dizaine de membres de la délégation sud-africaine ont dansé de joie pendant plusieurs minutes dans les couloirs de l’hémicycle,a constaté un journaliste de l'AFP. Cet enthousiasme illustre l’àpreté de la campagne, meme si le president ivoirien Alassane Ouattara a assuré que "le continent n'etait pas divisé". "Ce sont les règles qui sont à revoir, il faut introduire la democratie dans notre union", a-t-il poursuivi, en référence apparente à la majorite des 2/3.

L'Afrique du Sud, locomotive économique du continent aux ambitions régionales affichées, avait mené une campagne intense pour imposer Nkosazana Dlamini-Zuma. "Je crois que nous pouvons faire davantage pour que l'Union africaine s'acquitte du mandat qui lui a été donné", indiquait Mme Dlamini-Zuma dans sa profession de foi dans une critique à peine voilée de son adversaire. Les diplomates sud-africains reprochent en privé à Jean Ping de ne pas avoir réussi à faire entendre la voix de l'Afrique dans les crises à répétition depuis un an sur le continent, en particulier lors de la rebellion en Libye qui a chassé du pouvoir, avec le soutien militaire aerien de l'Otan, Mouammar Kadhafi.

Beaucoup plus discret dans sa campagne, M. Ping misait visiblement sur l’inquiétude de nombre de pays, dont les plus petits, face à une possible hégémonie sud-africaine sur l'organisation.

Dimanche, les chefs d'Etat avaient élu sans peine le nouveau president de l'UA pour I’année à venir, une fonction celle-là largement symbolique, en la personne du président beninois, Thomas Boni Yayi. II prend le relais du chef d'Etat equato,-guinéen Teodoro Obiang Nguema. Le splendide nouveau siege offert par la Chine pour 200 millions de dollars inauguré samedi dernier ne dispose donc pas d'une nouvelle équipe élue pour y sieger et diriger au quotidien cette organisation reunissant 54 pays et représentant un milliard d'habitants.





31/01/2012
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