Une révolte par les réseaux sociaux est-elle possible au Cameroun ?


Cameroon, Une révolte par les réseaux sociaux est-elle possible au Cameroun ?Le 17 décembre 2010 un vendeur de fruits et légumes Tunisien Mohamed Bouazizi se faisait confisquer sa marchandise par les autorités car, celui-ci ne disposait pas d’une autorisation officielle. Seul revenu d’une famille de 7 personnes Mohamed s’immole par le feu et meurt  en janvier 2011.

Mohamed Bouazizi est le point de départ de la révolution arabe, qui s’étend et touche la Libye, la Syrie, le Maroc, l’Algérie, le Yémen ainsi que l’Arabie Saoudite.

Le printemps Arabe a conduit en Tunisie Ben Ali à quitter le pouvoir après 23 ans de règne. L’Egypte a fait tomber Moubarak au pouvoir depuis 30 ans; Au Maroc, le roi Mohamed VI a mis en place des réformes constitutionnelles qui ont apaisé les foules. L’Arabie Saoudite a également calmé les foules en mettant en place les aides sociales.

En Algérie, Bouteflika a également  mis en place des réformes en particulier pour les femmes afin que celles-ci aient un plus grand accès à l’assemblée. Les contestations en Libye ont conduit à la mort de Kadhafi au pouvoir depuis 42 ans. Les Syriens quant à eux poursuivent encore leur lutte depuis quatre ans.

Si l’appellation de printemps Arabe trouve son origine en 1848 lors des révoltes du printemps des peuples en Europe, le printemps Arabe est en rupture avec toutes les autres révoltes et révolutions qu’a connues le monde jusqu’ici. En effet elle doit sa propagation au monde virtuel qu’internet a mobilisé grâce aux réseaux sociaux. Pour cette raison, le printemps des peuples est également appelé la « Révolution 2.0 ». Dans les pays où la liberté d’expression est surveillée, contrôlée et punie, les réseaux sociaux tel que FB, Twitter ont permis de coordonner et de rassembler des masses considérables en peu de temps. Contrairement aux tv et radios contrôlées par le pouvoir les réseaux sociaux ont permis de faire circuler les informations en évitant la censure.

Encouragés à poser des questions lors du sommet que tenait Kofi Annan en Suisse le 4 juin sur les jeunes et leur souhait à l’aube de la fin des objectifs du millénaire nous avons posé via les réseaux la question suivante :
« Pensez-vous que les révolutions comme celles du printemps des peuples sont les seules solutions pour les jeunes de vaincre un régime qui les opprime? »
Sans réponse, nous avons creusé et nous avons tenté de savoir si ce phénomène aurait pu et  pourrait se produire au Cameroun.

Les Camerounais ont la réputation de peu manifester et pour cause la démocrature (un régime à l’apparence d’une démocratie) en place depuis 1982 tenue par Paul Biya, empêche par une répression sévère toutes possibilités au peuple de protester. En 1990 lors du « mouvement des villes mortes », soutenu par son indéfectible allié, la France, Paul Biya a par la ruse et les armes empêchés tout oppositions massivement soutenues par le peuple de s’unir.  

Plus récemment en 2008, les Camerounais se sont révoltés contre la cherté de la vie et pour une révision de la constitution. Depuis 1990, le Cameroun n’avait plus connu de révoltes d’une telle ampleur. Là encore le sphinx (surnom que donnent les Camerounais à Paul Biya) au lieu de privilégier le dialogue a mis face aux manifestants, comme à son habitude, les forces armées.  Pour empêcher que les informations ne soient relayées, la chaine de télévision Equinoxe TV et la radio Magic FM dont les idées sont proches de l’opposition avaient été fermées jusqu’à nouvel ordre par Jean-Pierre Biyiti bi Essam Ministre de la communication. 

En ce qui concerne les réseaux sociaux, contrairement à la révolution Arabe, l’accès à internet au Cameroun est assez limité dans la mesure où internet est un luxe. Le nombre d’utilisateur du réseau Facebook s’élève à 564 400 personnes soit, 2,5 % de la population Camerounaise.  Sur les 54 pays que compte l’Afrique, le Cameroun se classe en 18ème position loin derrière l’Égypte en première position avec 13 810 420 utilisateurs soit 16% de sa population.

De plus les réseaux sont susceptibles d’être censurés. Par exemple le réseau social Twitter accusait le 7 mars 2011 le gouvernement Camerounais et notamment la société de télécommunications MTN Cameroun d’avoir  suspendu son service permettant d’utiliser Twitter via SMS. Georges Mpoudi, responsable de l’information chez MTN  tweetait le jour de la suspension : “la suspension de SMSTweets fait suite à un ordre du gouvernement pour des “raisons de sécurité”. Nous ne pouvons en dire davantage ».

Ce 28 juillet 2014 le Cameroun entrera à nouveau en  grève générale. 12 centrales syndicales des travailleurs du Cameroun ont déposé un préavis de grève dans les services du Premier ministre camerounais, Philémon Yang. Si certains se posent la question d’un éventuel 28 mai 2008 bis sur les réseaux comme l’a fait l’artiste Hermann Kenfack, on est loin de cette révolution tant attendue de la part des camerounais depuis l’indépendance et loin de pouvoir mobiliser les foules comme l’ont fait les Africains du Nord.

© Source : Cameroun Lumière


28/07/2014
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