Une République de corrompus

YAOUNDE - 07 DEC. 2012
© Lucien EMBOM | Cameroon-Info.Net

Le classement 2011 de l’indice de la corruption dans le monde publié par TRANSPERENCY INTERNATIONAL soulève une myriade de passions.

L’organisation non gouvernementale dont nombre de pays africains refusent l’existence, a une fois de plus démontré que la corruption est loin d’être effacée des catalogues de la médiocrité. Même si la corruption n’est pas l’apanage des Africains, notre contient est presque la plaque tournante de cette pratique qui selon les experts constitue un obstacle au développement. Bien qu’étant un phénomène hérité de la colonisation, les Etats du continent noir se sont appropriés le label mieux que les colonisateurs. Parmi les bons élèves de la corruption, le Cameroun notre chère patrie fait figure de géant. Malgré la mise sur pied des institutions comme la Commission Nationale Anti-Corruption (CONAC), l’Agence Nationale d’Investigation Financière (ANIF) et le Conseil Supérieur de l’Etat (CONSUPE) ; l’hémorragie est loin de cesser. La corruption est devenue presqu’une religion sinon le sport favori des cadres de l’administration camerounaise. Ceux-ci n’hésitent pas à saper des projets porteurs si leurs désirs ne sont pas assouvis.

Tous les ministères et entreprises publiques sont gangrenés par la magouille au point où les services sont presque gelés. Pour toute opération il faut mettre la main à la poche sinon la machine se grippe. Le recrutement des 25000 jeunes diplômés à la Fonction Publique n’a pas dérogé à la règle. Des gens pour être recrutés ont fait feu de tout bois dans le but de figurer parmi les recrues. Des faux diplômes ont été mis dans les curricula vitae par des postulants avides de gloire. D’ailleurs le ministre Emmanuel Bondé, qui était en charge de ce recrutement spécial l’avait reconnu au cours d’une sortie médiatique organisée à l’Ecole Nationale de l’Administration et de la Magistrature (ENAM). Pendant cette communication gouvernementale qui s’est déroulée l’année dernière, c’est-à-dire en 2011 ; le MINFOPRA a dit que les coupables ne s’exposaient à aucune poursuite judiciaire. Un confrère a reconnu là, l’incapacité des gouvernants à châtier les faussaires. Sommes- nous dans une République des corrompus ? Toujours est-il que les personnes mises en cause continuent de dormir tranquillement dans le lit de la corruption.

L’entrée dans les grandes écoles, le recrutement au sein de l’armée, la police, la gendarmerie, la douane, le personnel de prison et bien d’autres corps obéit au diktat de la corruption. Les investisseurs étrangers se brûlent les ailes dans le ciel de la corruption qui le plus souvent ne fait pas de cadeau. Bon nombre d’entreprises ne parviennent pas à s’installer sur notre terre à cause de cette araignée qu’on appelle corruption. Le Cameroun en Afrique Centrale met en valeur son statut de nation la plus corrompue, N’en déplaise à ceux qui continuent de dire que notre pays se porte bien. Les systèmes éducatif et sanitaire est le plus touché par la magouille. Figurez-vous qu’à l’université, des étudiants décrochent des grades sans fouler les amphithéâtres. En dehors du système des notes sexuellement transmissibles qui fonctionnent à merveille, d’autres mécanismes sont mis sur pied pour valider les années académiques. Le trafic d’influence, le tribalisme, le népotisme et le favoritisme. Dans les hôpitaux publics comme Laquintinie à Douala, et l’Hôpital Central de Yaoundé les soins ne sont accordés qu’à ceux savent délier la bourse.

Dans les transports, c’est le même cliché. La délivrance des documents tels les agréments, les permis de conduire et autres est gouverné par la corruption. Le Cameroun a encore du chemin à faire en qui concerne la lutte contre la corruption.


08/12/2012
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