Une méthode efficace, mais lente : trancher le nerf de la guerre

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Une méthode efficace, mais lente : trancher le nerf de la guerre
(La Libre 27/12/2010)


L’un après l’autre, les organismes financiers rejettent la signa ture de Laurent Gbagbo pour représenter la Côte-d’Ivoire.
On ne l’appelle pas pour rien "le nerf de la guerre" : l’argent, ou plutôt sa pénurie, sera-t-elle l’arme qui viendra à bout de Laurent Gbagbo ?

L’une après l’autre, les sources de financement de la clique Gbagbo se tarissent ou s’apprêtent à le faire, ce qui devrait affecter la loyauté de ses soldats.

C’est la Chambre de Commerce de Côte-d’Ivoire qui avait donné le "la", dès la mi-décembre, soit peu après le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite électorale, en recommandant à ses membres de ne plus acquitter d’impôts. Une position courageuse car elle met les entreprises qui suivraient cette recommandation à la merci des milices de voyous de Gbagbo.

Ancien directeur adjoint du Fonds monétaire international (FMI), Alassane Ouattara, le vainqueur de la présidentielle, n’a pas manqué de tabler sur "le nerf de la guerre". Il a demandé aux gouvernements concernés d’user de leur poids en faveur de l’adoption de sanctions financières contre le "Président" autoproclamé qui refuse de rendre le pouvoir.

Il y a une dizaine de jours, l’Union européenne a décidé des sanctions ciblées (gel des avoirs et refus de visas) contre une vingtaine de personnes, dont Laurent et Simone Gbagbo.

Mercredi dernier, la Banque mondiale a annoncé avoir gelé 800 millions de dollars de financements destinés à la Côte-d’Ivoire. Jeudi, enfin, lors d’une session extraordinaire à Bissau, le Conseil des ministres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a demandé à la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’ouest (BCEAO) de couper l’accès de Laurent Gbagbo aux comptes de la Côte-d’Ivoire. C’est là une décision essentielle car tous les Etats de la région ont un compte en devises dans cette banque, par où passent toutes les opérations avec le FMI, avec les bailleurs de fonds (par exemple, l’aide publique au développement), avec l’extérieur en général (ressources tirées de l’import/export, taxes sur les revenus du cacao, du pétrole, etc.). "C’est une énorme partie du budget", a expliqué à l’AFP un expert financier.

De fait, la mesure n’a pas manqué de faire réagir Laurent Gbagbo, dont l’équipe a rejeté vendredi la décision de l’UEMOA comme "illégale (NdlR : logique puisque M. Gbagbo se considère comme le chef de l’Etat) et manifestement hors de sa compétence", le Conseil des ministres de l’UEMOA ayant, aux yeux de l’équipe Gbagbo, "outrepassé ses prérogatives statutaires en s’ingérant dans les affaires intérieures d’un Etat membre".



Cependant, durant ses dix années de règne - commencées à l’issue des élections irrégulières de 2000 et prolongées durant cinq ans à partir de 2005 pour cause de guerre civile - Laurent Gbagbo aurait accumulé d’importantes ressources financières et pourra donc résister quelque temps en y puisant.

De même, son armée garde la maîtrise du port d’Abidjan, par où sort l’essentiel des exportations de cacao, dont la Côte-d’Ivoire est première productrice mondiale et dont les prix internationaux ont augmenté d’environ 10 % depuis l’éclatement de la crise, début décembre. Il peut ainsi accroître sa capacité de résistance.



Marie-France Cros

Mis en ligne le 27/12/2010

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27/12/2010
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