Des militantes pro-marafa s’insurgent contre Yaou Aissatou, l’envoyée du comité central du parti au pouvoir. Pour cause : la Dg de la Sni a profité de la tribune du séminaire pour « enfoncer » l’ex Minatd détenu au Sed.
Samedi 2 juin dernier, la permanence du parti Rdpc de Garoua a brûlé sous la flamme colérique de Hadja Hawa. Cette militante engagée du Rdpc dans la Benoué n’a pas du tout apprécié que la présidente de séance, Yaou Aissatou par ailleurs Dg de la Société nationale d’investissement (Sni) et présidente nationale de l’Organisation des femmes du Rdpc (Ofrdpc) lui intime l’ordre de sortir de la salle des travaux.
« Pourquoi on nous a invitées à venir si c’était pour nous mettre à la porte ? », a riposté la militante courroucée ; avant de suggérer manifestement par ironie, une traduction pour les locuteurs de la langue locale, le fulfuldé. Elle recevra en retour une gifle bien appliquée, servie à l’improviste par la sœur cadette de Yaou Aissatou. Cette dernière n’aurait pas à son tour apprécié qu’une « simple » militante fasse ainsi obstruction à une décision « raisonnable » de celle que d’aucunes considèrent ici comme leur « mère du parti».
Les heurts entre les deux militantes du Rdpc vont ensuite dégénérer en rixe quasi-générale, plongeant la salle des travaux dans un brouhaha sans précédent. Il y a eu de l’électricité dans l’air. Tout se passe sous le regard médusé du préfet de la Bénoué et d’une brochette d’élites dont le recteur Bouba Oumarou de l’Université de Yaoundé I ; le lamido de Rey Bouba… Des forces de sécurités débordées ont vainement tenté de rétablir l’ordre. Pendant ce temps, de l’extérieur, des militantes (Pro-Marafa) se donnent à cœur joie en spectacle, proférant toutes sortes de paroles peu militantes. Il en ressort notamment qu’elles étaient déjà très en colère depuis l’interpellation de Haman Adama.
Elles disent l’être davantage depuis l’arrestation de Marafa le 16 avril dernier. Les travaux de Garoua ont donc repris sans ces militantes, sommées de quitter le lieu du rassemblement. Leur exclusion du parti de Paul Biya est-elle scellée ? Rien n’est moins sûr.
Lutte contre la corruption, militantisme, loyauté…Ces mots qui en disent long sur l’actualité de l’heure ont été prononcés de façon générique, implicitement ou explicitement, lors des assises du Rdpc à Garoua (et Ngaoundéré). Comme si le Rpdc, parti majoritaire au pouvoir, en souffrait amèrement. S’agissant du cas Marafa, Yaou Aissatou n’a pas loupé l’occasion d’éclabousser le détenu au Sed. Selon la présidente de l’Ofrdpc, l’ex Minatd et Sg de la présidence de la République est responsable de ce qui lui arrive.
Elle invite par conséquent ses camarades du Nord à resserrer les rangs du Rdpc avec loyauté. Ces paroles fortes du Dg de la Sni n’en finissent décidément plus de faire jaser dans le Nord. Chacun y va de son commentaire. La presque totalité ne semble pas surpris par la position tranchée de Yaou Aissatou. « Cela fait bien des années qu’elle ne lui adressait même plus la parole. Ce n’est pas en prison qu’elle le soutiendra », susurre-t-on.