Un autre film qui dérange ? Pour avoir produit et réalisé un long métrage portant sur la dictature et le musèlement de la presse dans les pays africains, Richard Djiff et toute son équipe reçoivent depuis quelques jours, des messages anonymes leur intimant l’ordre de suspendre la diffusion de ce film.
Le jeune cinéaste Richard Djiff, a été révélé au public à travers des «petits films» à succès tels : «chez nous les gosses», «le touriste»… Depuis quelques jours, il a peur pour sa vie. Dans la nuit du vendredi à samedi, il a reçu un curieux message dont la teneur est la suivante : «votre film est belliqueux, il devient dangereux pour la paix sociale. Restez dans vos vidéos clubs. Vous le passez dans les ménages, vous le payerez cher. Ou alors vous êtes aussi immortels ? », Peut-on lire dans la boîte de réception de son téléphone.
Le Sms anonyme est suivi par un autre moins long et plus incisif : « M. Fouofie Djimeli Richard (son nom à l’état civil Ndlr) et Cie, votre longévité nous cause aussi un problème. Creusez votre tombe. Vous y arriverez avant ». Suffisant pour inquiéter le destinataire. Surtout que ce dernier message a également été expédié à André Bang, Jacobin Yaro et Alain Bomo Bomo, tous acteurs du dernier film de Richard Djiff intitulé « 139…les derniers prédateurs ». Lequel met en lumière la difficulté de la pratique du journalisme dans des Etats dictateurs d’Afrique et salue par ailleurs le courage des hommes de presse qui sont morts dans l’exercice de leur fonction.
A en croire le réalisateur, c’est justement à cause de ce long métrage dont l’avant-première a été projetée samedi 10 mars 2013 à Douala Bercy, que le réalisateur est aujourd’hui pris pour cible. Richard Djiff se rappelle d’ailleurs qu’il y a une semaine, lorsqu’il distribuait des dépliants en rapport avec la projection dudit film au marché Mokolo, « des hommes en civil m’ont approché et m’ont intimé l’ordre d’arrêter de projeter ces films délinquants qui font obstacle aux efforts de paix que fournit au quotidien le président Biya. Sinon, ma vie en dépendra ». Une mise en garde qui a complètement désarçonné le jeune cinéaste qui a peur que ses jours soient désormais comptés à cause d’un film traitant des brimades et des incarcérations répétées des journalistes, en l’occurrence le chantre de la liberté de la presse Pius Njawé.
Autorisation
En fait, c’est une investigation journalistique dans un pays imaginaire en Afrique nommé le « Chimpanz». Deux journalistes enquêtent sur un régime pour percer le mythe de l’immortalité du président, son excellentissime Grand Papa Ndem ; un tyran qui a fait 139 ans au pouvoir et qui se fait passer pour le tigre immortel. Ses agissements, ses discours et son imprévisibilité sont révélateurs d’un sadisme sans scrupule. En face, l’opposant Nirien le Rebelle s’affirme comme un prédateur violent, narcissique, lâche, et traître. Après Douala, le film a été projeté hier dimanche 17 mars pour le public de Yaoundé.
Auteur : Richard Djiff ;
Titre : 139…les derniers prédateurs ; Genre : Fiction ; Durée : 1h 29 mn ; Format : Dv Cam ; Ratio : 4/3