Un couple conduit aux urgences, une femme enceinte de cinq mois et sa fillette de quatre ans sont encore sous les décombres tandis que d'innombrables dégâts matériels sont à déplorer.
Ndjondo Divine Junior a été conduit d'urgence à l'hôpital Laquintinie de Douala. Il s'est évanoui après le lourd choc qu'il a subi depuis qu'il est rentré de son travail de nuit, ce 17 juillet 2013. A son retour, il n'a plus retrouvé sa maison, écrasée après la chute d'un immeuble R+6 voisin ; pis encore, sa femme enceinte de 5 mois et sa fille de 4 ans n'ont toujours pas été extirpées des décombres. Un couple a quant à lui été secouru à temps conduit aux urgences hospitalières par des pompiers et des volontaires.
Mme veuve Eboa, elle aussi, n'a plus de toit. A part son salon qui a été épargné, tout le reste de sa maison a été aplati. M. Essame quant à lui a vu tout un pan de sa résidence détruite et plusieurs de ses résidents sombrer dans un traumatisme sans précédent. Ils sont ainsi nombreux à avoir été réveillés à 4h00 du matin par ce qui s'apparentait à une explosion accompagnée d'un tremblement de terre. A la rue Mermoz où est survenu le drame, toutes les populations sont dans la désolation et le choc.
Des témoins racontent que « à 4 heures on ne voyait rien. La poussière qui a été soulevée après l'écrasement des maisons était si grande qu'elle a noyé tout le quartier. » Des voitures pourtant situées à plus de 60 mètres de l'immeuble étaient couvertes de poussières et de débris ; fait attestant de la gravité de l'impact. Plusieurs maisons ont été partiellement ou totalement détruites par une partie d'un immeuble R+6 construit avec la plus haute négligence et le plus grand manque de professionnalisme qui soit.
Un immeuble hors norme en cause
Les forces policières, les sapeurs-pompiers et le sous-préfet de l'arrondissement de Douala 1er Jean Marc Ekoa Mbarga se sont enquis de la situation et le constat est effroyablement alarmant. Des habitants de ce quartier laissent comprendre que cet immeuble qui appartiendrait à un certain M. Noumbissie n'est pas dans les normes. Plusieurs preuves attestent ce fait : l'immeuble R+6 repose sur une fondation d'1,35 mètre avec des fers de 6 de diamètre. En plus, plusieurs fissures visibles sur les murs ont été rebouchées au fil du temps avec du ciment. Par ailleurs, l'immeuble qui est pourtant visiblement incliné sur un pan et encore inachevé, pourvoyait déjà des chambres ou studios en location.
Toutes ces irrégularités ont pourtant été signalées aux autorités compétentes qui n'ont pas réagi à temps. « J'ai contacté la CUD par écrit afin qu'elle vienne faire le constat, mais elle ne s'est pas présentée. J'ai même saisi mon avocat afin qu'il engage une procédure visant à interdire l'avancée de ce chantier car un immeuble de six étages construit sur une fondation d'un mètre ne pouvait que mettre mes résidents en danger », explique M. Essame, propriétaire de la Résidence Essame. Le sieur Noumbissie, propriétaire de ce chef d'œuvre non-conforme, serait d'après certaines indiscrétions à l'Ouest où il battrait campagne pour la prochaine élection législative...
Tout est à (re)faire...
C'est donc une rue Mermoz plongée dans la consternation qui attend de pied ferme le propriétaire de l'immeuble-tueur. D'après un sapeur-pompier retrouvé sur le lieu en matinée, l'on attendait encore l'autorisation signée de la Communauté Urbaine de Douala pour commencer le déblayage et la fouille des décombres. Pour les sinistrés et/ou victimes, les maisons détruites en une nuit demanderont pourtant des années encore pour renaître de leurs cendres. « Je suis là depuis ce matin, je n'ai même pas encore mangé [...] Tout ce que j'avais comme argent est resté dans les débris de la maison », a déclaré une sinistrée qui se trouvait dans son salon lorsque l'effondrement s'est produit. D'autres ont préféré trouver refuge chez des proches et surtout chez Dieu.