Malgré l’avancée de la technologie informatique dans le monde et son introduction dans les programmes scolaires au Cameroun, les responsables chargé d’organiser la prochaine élection présidentielle n’ont pas jugé nécessaire d’informatiser le processus électoral pour dissiper les inquiétudes qu’ils inspirent, relativement aux fraudes électorales.
Suivant le parallélisme de forme, les camerounais et camerounaises se rendront aux urnes au mois d’octobre prochain pour élire leur futur président de la République; car dans ce pays d’Afrique centrale peuplé de près de 20 millions d’âmes, la dernière élection présidentielle a eu lieu en octobre 2004. Le compte à rebours est donc lancé pour les candidats qui s’apprêtent à solliciter les voix de leurs concitoyens pour briguer un mandat de 7 ans à la tête de l’État en cas de récolte de la majorité des suffrages exprimés. À leur tour, les électeurs se rendront dans les différents bureaux de vote pour s’acquitter d’un devoir citoyen et de citoyen.
Mais la grande équation qu’est cette importante échéance électorale maintient ses inconnues qui se conjuguent en termes, de bourrage d’urnes, de vote multiple, de décomptage fantaisiste des voix… Autant de problèmes qui pouvaient être résorbés par l’informatisation du processus électoral. A duex mois de cette élection qui permettra au Cameroun soit de faire son entrée dans le cercle sans cesse élargi des nations démocratiques, soit de se maintenir dans son siège peu enviable de «République bananière», les faits semblent militer pour la dernière hypothèse. Lundi 25 juillet dernier, Samuel Fonkam Azu et Mohamadou Sani Tanimou, respectivement président du Conseil électoral d’Elections Cameroon et directeur général des élections ont rassuré lors de la deuxième assemblée extraordinaire que l’organe chargé de conduire le processus électoral au Cameroun se déploie suffisamment pour des élections libres et transparentes dans le pays.
Dans la foulée, les deux hommes ont communiqué le nombre de personnes inscrites sur les listes électorales qui s’élève à 7 millions, à 3 mois de l’échéance. Loin de rassurer les observateurs avertis et autres spécialistes des questions électorales au Cameroun, ce nombre relativement croissant des inscriptions est source d’inquiétude. Car un nouveau nom inscrit est synonyme d’un nouveau vote qui échappe à tout autre contrôle que celui du parti au pouvoir par le truchement de son appendice dénommé Elecam.
Un organe qui reste constitué des membres du parti au pouvoir qui ont été appelé à prononcer un discours laconique pour «démissionner»du Rdpc dans lequel il militent depuis la création, pour certains. Le peuple croyait que Paul Biya qui soutenait dans l’un de ses discours : « l’analphabète du 21e siècle sera celui qui ne saura pas manipuler l’outil informatique » prêchera par l’exemple, en informatisant le processus électoral au lieu d’ « informatiser le fichierélectoral» tel que l’évoque actuellement Elecam pour se gargariser. Il n’est pas superflu de reprendre les spécialistes du droit et de la science politique. Selon ces exégètes des normes, une élection est une opération qui permet à un gouverné de choisir ses gouvernants; c’est-à-dire un moyen par lequel un membre d’une communauté donnée participe à la gestion de cette dernière.
Le décompte des voix devrait aussi se faire automatiquement après le scrutin par les mêmes outils technologiques. Ce qui accélérerait la proclamation des résultats et délivrerait les citoyens de la longue et anxieuse attente à laquelle les a habituées les différentes structures jusqu’ici chargées d’organiser les élections au Cameroun. Que lon se comprenne bien: l’informatisation du système électoral n’est pas une panacée au sempiternel problème des fraudes électorales entretenues avec entrain par le Rdpc. Les méthodes mises sur pied par ce parti pour se maintenir au pouvoir sont suffisamment solides pour ne pas se faire ébranler par un gadget technologique. Exemple. Il y a juste quelques années, le gouvernement camerounais lançait à grand renfort de publicité, le fameux projet Sigipes, Informatisation du Système Intégré de Gestion informatique du personnel de l’État et de la solde. Un projet qui devait permettre d’assainir les finances publiques et mettre un terme aux irrégularités telles que les perceptions de double salaire, les grossissements des salaires de certains fonctionnaires…Aujourd’hui, ce projet est resté au niveau des « bonnes intentions ». Bilan des courses : les Camerounais ont su jongler avec le système.
Et le ministère des Finances continue à débourser des milliards pour payer au mieux des fonctionnaires décédés et au pire des « travailleurs » qui n’ont jamais rendu le moindre service à l’État camerounais parce que fictifs. Ce dévoiement du Sigipes ne saurait battre en brèche les bienfaits de la technologie qui est devenue la compagne incontournable de toute société qui veut émerger. Tout comme il serait aberrant d’exhorter les camerounais à apprendre l’informatique et en même temps refuser de leur faire goûter à ses délices sur le plan électoral.