Un décès qui derange: Les non dits de l'affaire Bibi Ngota

Un décès qui derange: Les non dits de l'affaire Bibi Ngota
DOUALA - 27 AVR. 2010
© ARTHUR G. BAKANDE | Dikalo
 
La mort de notre confrère Bibi Ngota va davantage discréditer sur le plan international l'image d'un régime accusé de violer les droits de l'homme et qui éprouve des difficultés pour gérer les activités nuisibles de la diaspora camerounaise à l'étranger.

La mort de notre confrère Bibi Ngota va davantage discréditer sur le plan international l'image d'un régime accusé de violer les droits de l'homme et qui éprouve des difficultés pour gérer les activités nuisibles de la diaspora camerounaise à l'étranger. En récupérant ce dossier, Paul Biya tient à ce qui s'est exactement passé à la prison centrale de Kondengui.

1.- C'est le directeur du courrier présidentiel M. Obam qui a porté plainte contre les trois journalistes sous le couvert du ministre d'Etat, secrétaire général de la présidence de la République M. Laurent Esso. Dans cette plainte, il parle de «faux en écriture publique et authentique» portant atteinte à honorabilité d'une personnalité de la République.


2.- Dans le dossier oui a été transmis au parquet pour l’ouverture d’une information judiciaire, le protocole d’interview adressé à M. Laurent Esso n'y figure pas comme pièce à conviction. C'est uniquement l'acte considéré comme «un faux» qui a été transmis. Or, ce protocole d'interview prouve que les accusés venaient avec l'intention de recouper une information comme l'exige la déontologie professionnelle. Avaient-ils l'expertise scientifique pour savoir que la signature, le cachet et le timbre étaient faux ? Il y avait donc une volonté manifeste de sévir par tous les moyens. Cette situation reflète les dangers du journalisme d'investigation dans un pays où des ultraconservateurs, qui n'aident pas le chef de l'Etat dans l'exécution de ses missions, ont une conception erronée de la liberté de presse.

Le journaliste qui recherche une vérité, au nom du droit d'informer, court à tout moment le risque d'être considéré comme un maître chanteur, s'il a en face de lui un gestionnaire aux abois, qui n'a plus que pour seule ligne de défense l'usage abusif des pouvoirs que lui confère sa fonction.


3.- Tout a été mis en œuvre pour empêcher une comparution libre des accusés. La qualification de l'infraction a été verrouillée. Le «faux en écriture publique» est classée au chapitre du crime par le code pénal camerounais et son auteur encourt une peine d'emprisonnement ferme allant de 10 à 20 ans. Même à ce niveau, rien ne prouve que Bibi Ngota fût l'auteur de ce faux acte. L'enquête devait suivre son cours normal jusqu’a l'établissement des responsabilités suivi des arrestations. Pourquoi est-on allé très vite ? Y avait-il vraiment une urgence.


4.- Bibi Ngota a été trahi par des confrères qui n'ont pas été en mesure de protéger leurs sources d'information. Le premier journaliste qui a été arrêté a commis la maladresse de citer Bibi Ngota comme étant celui qui lui aurait remis le document incriminé. C'est une faute professionnelle très lourde qui pose un réel problème d'ordre général: celui du journaliste et la protection de ses sources



30/04/2010
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