Ukraine,Les 298 passagers probablement tués par un missile sol-air: tiré par qui?
Le crash de l'avion malaisien transportant 298 personnes dans une zone ravagée par la guerre civile en Ukraine suscitait vendredi la consternation de la communauté internationale, Washington appelant à une enquête "sans entrave" alors que des experts américains avançaient le tir d'un missile.
Après le crash d'un Boeing 777 de la Malaysia Airlines qui a coûté la vie à ses 298 passagers dans le ciel de l'est de l'Ukraine en proie à une véritable guerre entre l'armée ukrainienne et des milices séparatistes prorusses, le président américain Barack Obama a réclamé une enquête "rapide" et "sans entraves", lors d'une conversation téléphonique avec le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, dont le pays comptait 154 ressortissants à bord. Washington est prêt à fournir "de l'aide immédiate en faveur d'une enquête internationale rapide, complète, crédible et sans entraves" en Ukraine, a assuré M. Obama. Pour cela, les Etats-Unis appellent "toutes les parties concernées (la Russie, les séparatistes prorusses et l'Ukraine) à un cessez-le-feu immédiat".
Parmi les victimes, on compte cinq Belges. L'un de ces cinq Belges serait Benoît Chardome qui était manager d'un club de sports, de divertissement et de détente à Bali.
Les séparatistes prorusses sont d'accord pour permettre à des enquêteurs internationaux un accès sûr et sans entraves au site du crash aérien en Ukraine, a annoncé ce matin ll'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe). Lors d'une visioconférence du "groupe de contact" sur l'Ukraine (OSCE, Ukraine, Russie) qui s'est tenu avec la participation des insurgés, ces derniers ont accepté d'offrir "un accès sûr (...) à une commission nationale d'enquête, comprenant des enquêteurs internationaux", a indiqué l'OSCE dans un communiqué.
Les deux boîtes noires ont été retrouvées. La première l'avait été jeudi par les milices prorusses. La seconde a été retrouvée ce matin.
Un missile sol-air tiré par qui ?
Des experts des services de renseignement américains estiment que le
Boeing 777 de Malaysia Airlines, parti d'Amsterdam pour Kuala Lumpur, a
été abattu par un missile sol-air dont l'origine reste cependant encore
incertaine. Les experts étudient leurs données pour savoir si l'engin a
été tiré par les séparatistes prorusses, selon un responsable sous
couvert de l'anonymat.
La nécessité que toutes les preuves sur les lieux du crash restent en place
Plus tôt jeudi, M. Obama avait appelé son homologue ukrainien, le
président récemment élu Petro Porochenko, et les deux hommes avaient
souligné que "toutes les preuves sur les lieux du crash" devaient rester
en place jusqu'à ce que les enquêteurs internationaux "soient en mesure
d'examiner tous les aspects de cette tragédie". Les autorités de Kiev
et les rebelles se sont immédiatement accusés d'être à l'origine d'un
tir supposé avoir causé la catastrophe, sans qu'aucun élément matériel
ne permette d'en attribuer solidement le responsabilité.
Le Canada pointe la responsabilité russe parce que le pays est à la source du conflit dans la région
Le Canada a pointé la responsabilité russe. "Nous ne savons pas
encore qui est responsable de cette attaque, mais nous continuons de
condamner les actes d'agression militaire perpétrés par la Russie ainsi
que l'occupation illégale de l'Ukraine (...) à la source du conflit
actuel dans la région", a déclaré le Premier ministre Stephen Harper
dans un communiqué.
De nombreux passagers se rendaient à une conférence sur le sida
Plusieurs des passagers étaient en route vers l'Australie, via Kuala
Lumpur, pour participer à la conférence internationale sur le sida, qui
se tient tous les deux ans, ont indiqué vendredi les organisateurs.
L'édition 2014 a lieu à Melbourne et démarre dimanche. "Mes pensées et
mes prières vont aux familles de ceux qui ont disparu tragiquement à
bord du vol MH17. Beaucoup de passagers étaient en route pour la
conférence AIDS2014 ici à Melbourne", a écrit sur son compte Twitter
Michel Sidibe, directeur d'Onusida, le programme qui coordonne l'action
des agence de l'Onu pour lutter contre la pandémie. Parmi eux, le
chercheur néerlandais Joep Lange, figure internationale de la lutte
contre le sida.
Tragédie aux Pays-Bas: 154 passagers étaient néerlandais
Outre les 154 Néerlandais à bord, l'avion transportait 43 Malaisiens
(dont 15 membres d'équipage), 27 Australiens, 12 Indonésiens, 9
Britanniques, 4 Allemands, 5 Belges, 3 Philippins, un Canadien, selon le
dernier décompte fourni par Malaysia Airlines vendredi matin. La
nationalité des autres passagers est en cours de vérification. Le
président français François Hollande a affirmé jeudi soir que "plusieurs
Français pourraient avoir été" dans l'avion.
Des corps éparpillés au milieu des bagages
Sur le lieu du crash, où gisent éparpillés un grand nombre de corps,
aucun signe d'éventuels survivants n'était visible jeudi soir, selon des
journalistes de l'AFP. Des morceaux du fuselage déchiqueté, dont la
queue de l'appareil avec le logo de Malaysia Airlines, ainsi que des
bagages, étaient disséminés sur une vaste zone autour du village de
Grabove, dans la région de Donetsk (est de l'Ukraine).
L'avion abattu par erreur par les rebelles prorusses ?
Des messages affichés - et parfois rapidement enlevés - sur des sites
internet rebelles et des conversations interceptées par les services de
sécurité ukrainiens laissent penser que l'appareil a pu être abattu par
erreur par les rebelles, qui l'auraient pris pour un avion militaire
ukrainien. Si jamais cette hypothèse, à traiter avec prudence, dans le
contexte d'une virulente guerre de propagande et de désinformation, se
confirmait, la position des séparatistes et de leur allié Vladimir
Poutine se trouverait considérablement affaiblie face à la communauté
internationale. Mais, pour le président russe, c'est l'Ukraine qui
"porte la responsabilité de cette terrible tragédie".
L'action de Malaysia Airlines plonge à la Bourse de Kuala Lumpur
Les marchés financiers européens et américains ont décroché jeudi
après l'annonce du crash, intervenue pendant la nuit en Asie, les
investisseurs craignant les conséquences d'une nette escalade des
tensions dans cette région en crise et ses conséquences sur l'économie
mondiale. Vendredi, c'était au tour des Bourses asiatiques de reculer
nettement. L'action de Malaysia Airlines, elle, plongeait de près de 20%
à la Bourse de Kuala Lumpur (la capitale de la Malaisie). C'est le
deuxième appareil perdu en quatre mois par la compagnie, après le MH370
mystérieusement disparu le 8 mars alors qu'il se rendait à Pékin.
Qui a abattu l'avion? Voici les différentes hypothèses
Qui a abattu l'avion malaisien avec près de 300 personnes à son bord qui s'est écrasé jeudi dans l'est de l'Ukraine, où s'affrontent forces ukrainiennes et rebelles prorusses ?
Voici les différentes versions évoquées par les parties en conflit :
Le président ukrainien Petro Porochenko a déclaré qu'il s'agissait
d'un acte de terrorisme et que les forces armées ukrainiennes étaient
hors de cause.
Un conseiller du ministre ukrainien de l'Intérieur, Anton Gerachtchenko,
a affirmé que les rebelles avaient tiré un missile sol-air Bouk sur
l'avion malaisien à partir de la ville de Torez, à 10 km de l'endroit où
l'on a retrouvé ses débris. Sur les réseaux sociaux ont circulé des
extraits de conversation entre des rebelles qui disent avoir détruit
l'avion. Mais il est compliqué de vérifier l'authenticité de ses
extraits, l'armée ukrainienne et les rebelles prorusses se livrant une
véritable guerre de désinformation depuis le début du conflit.
Le "Premier ministre" de la "République de Donetsk" autoproclamée,
Alexandre Borodai, a affirmé que les forces ukrainiennes avaient abattu
l'avion.
Les dirigeants de l'autre région séparatiste, la "République de
Lougansk", ont été plus précis, affirmant que l'appareil malaisien a été
abattu par un avion de chasse ukrainien, lui-même abattu un peu plus
tard par les rebelles.
La thèse la plus extraordinaire a été avancée par une source anonyme au sein de l'agence fédérale russe du transport aérien Rossaviatsia cité par l'agence russe de presse Interfax : l'appareil malaisien a été abattu par un missile sol-air ukrainien ou un missile tiré par un avion qui pensait toucher l'avion du président Vladimir Poutine qui revenait à peu près au moment du sommet des BRICS à Brasilia.