En dépit des humiliations, des divisions et spoliations excessives que le peuple d’Um Nyobé a connues sous le long régime destructeur de Paul Biya, notre vaillant et extraordinaire peuple a su faire montre d’une retenue, d’une bonté et d’un sacrifice sans pareil. Ces qualités constituent une de ses marques particulières et peuvent pousser certains esprits à croire qu’il est plutôt peureux et passif. Erreur.
En même temps que nous compatissons aux sévices et
douleurs qu’a subis ce peuple, il y a lieu ici de saluer la grandeur
qu’il y a en lui. Toutefois, devant l’égoïsme quasi aveugle de M. Biya
doublé d’un manque de patriotisme indiscutable, il se montre clairement
jour après jour que le peuple camerounais finira certainement par ronger
tout simplement son frein.
En franchissant ces dernières années le Rubicon, Paul Biya se met en
situation très embarrassante et inquiétante. Paul Biya pourrait ne pas
échapper à la fin de règne très amère qui si souvent accompagne tant de
dictateurs.
Et pourtant, il a bien eu le temps de disposer, de
se retirer du pouvoir sans grands ennuis et sans que son pays plonge
dans un bordel indescriptible. Dans son talent de bon disciple de
Machiavel, il excelle et choisit de ne rien laisser de bon debout au
Cameroun, et c’est là où il précipite sa chute tragique.
Mis à part les nombreux crimes économiques, les massacres et assassinats
qui sont à son compte au Cameroun, il apert que M. Biya et sa famille
ont d’autres menaces (et des plus sérieuses et à craindre) qui les
épient au quotidien : les grains de vengeance et de haine qu’ils ont
semés dans tant de cœurs.
Devant le mauvais système qu’il a reçu des mains de son prédécesseur et l’a verrouillé et rendu infernal tel un bon diable, des pressions d’ici et d’ailleurs se sont abattues sur lui pour qu’il le soigne de ses multiples maux parmi lesquels la corruption.
Mais le premier faux et corrompu des Camerounais
qu’est M. Biya bien que déjà disqualifié pour conduire une telle
mission, a sauté avec enthousiasme sur l’occasion et en a fait un
assommoir politique de distraction, de protection de son pouvoir égoïste
et de persécution de ses serviteurs. Les mesures et filets qu’il tend
aident davantage à comprendre le biyaïsme et exhalent des effluves de
règlements de comptes politiques où le chasseur et les gibiers se
trouvent à maintes reprises tous pris dans les filets.
Les cris et appels qui en émanent sont souvent si poignants et leurs
senteurs pleines d’innocence que des oreilles et cœurs longtemps
rebelles à ceux-là leur ouvrent très chichement la porte de pitié pour
un instant, puis se disent : « Qu’étaient-ils allés faire chez le diable
s’ils étaient pour ce peuple martyrisé ? » avant de la refermer très
rapidement.
Quand des gens arrêtés et punis pour des crimes se tournent et révèlent
que ce qu’on dit être en leur possession a échoué dans les mains du chef
de l’Etat, quand de grandes personnes crient comme des gamins que le
chef de l’Etat savait tout de ce qu’on leur reproche, ou que les
instructions sont venues de lui, quand la « justice » punit et le terme
du châtiment s’épuise sans que les fautifs recouvrent la liberté :
Son fils médiocre et voyou pilleur des richesses
nationales, Franc Biya, qu’on a même parfois soupçonné d’être préparé
pour diriger le Cameroun après lui ne pourra pas s’aventurer sur ce
chemin, parce que les maladresses obséquieuses politiques de son père de
ces derniers jours le place désormais sur des pentes ardues du
ressentiment et d’insécurité.
Et si par défi et aveuglement habituels M. Biya s’entêtait d’imposer son
fils au peuple camerounais, dans des assauts vindicatifs les ennemis
politiques de son père de plus en plus nombreux le déchiquèteraient et
l’écraseraient de leurs cornes de rancœurs tels des buffles enragés qui
s’abattent contre un lionceau en souvenir de toutes les douleurs et
peines que ses parents leur ont causées.
Certains Camerounais accordent à M. Biya des pouvoirs occultes capables
de le protéger contre tout. Ah, qu’elles sont malheureuses et pitoyables
les bouches qui crachent ces paroles ! Que vaut M. Biya dans l’histoire
des Forts de ce monde ? Des Forts qui ont fini par craquer comme un
branchage au passage de la vraie tornade ! Misérable être dans la nuit
perdu qui croit tout sentir, tout entendre, tout comprendre, tout voir
et prévoir ! Il ignore que quand arrive son heure, c’est son heure et
rien que son heure.
Nous ne pouvons plus douter du calvaire de M. Biya. L’insécurité est désormais sous chaque pas qu’il marque. L’insécurité le suit désormais partout. Il n’est en sécurité ni chez lui a Mvomeka ni a Yaoundé. Désormais il n’est plus en sécurité même au Palais présidentiel. Même dans son lit, il est en insécurité. D’ici trois mois, trouver M. Biya encore assis sur sa posture d’orgueil et de défi habituelle relèverait du miracle.