Tricherie - Lancement de parti: Un nid de bandits politiques débusqué. Kamto en flagrant délit de banditisme
YAOUNDÉ - 17 Aout 2012
© Michel Tafou | La Météo
Sous le prétexte d'une conférence de presse ordinaire, se cachait une entourloupe orchestrée par quelques citoyens aux intentions floues.
© Michel Tafou | La Météo
Sous le prétexte d'une conférence de presse ordinaire, se cachait une entourloupe orchestrée par quelques citoyens aux intentions floues.
Le jeu de cache-cache a fini par dévoiler la face hideuse d'un grand bluff. Depuis lundi dernier, l'opinion publique nationale et internationale s'est fait l'écho d'une nouvelle atteinte aux libertés au Cameroun. Ce sentiment a été savamment entretenu par certains hommes politiques dits de l'opposition, habitués à la dissimulation comme s'ils avaient des choses sur la conscience. Lorsqu'il convie le public et les médias à sa conférence de presse du 13 août à Yaoundé, Alain Fogue Tedom s'appuie sur un récépissé de déclaration de manifestation publique à lui délivré le 08 courant, par le sous-préfet de Yaoundé Ille, Albert Mekondane Obounou. Ce document autorise en effet le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) à tenir une conférence de presse à l'hôtel Hilton. «Monsieur Alain Fogue Tedom s'engage à agir dans le strict respect de l'ordre public et à répondre de tout incident qui en découlerait. Il ne changera, en aucun cas, ni la date, ni le lieu, ni l'objet de sa déclaration», peut-on lire dans le récépissé. Déjà, quelques semaines plus tôt (le 03 juillet 2012), Alain rogue, dont il apparait clairement aujourd'hui qu'il est le bras séculier d'une logique de banditisme administratif, juridique et politique, déposait auprès du ministre de l'Administration territoriale et de la Décentralisation (Minatd) un avis portant changement de dénomination de son parti. Ainsi, le Mouvement républicain populaire (Mrp) se rhabillait en Mrc. Dès le 02 août, le chef du département ministériel, René Emmanuel Sadi, prenait acte de cette mutation. Jusque-là, personne n'avait fait attention à l'entourloupe, les autorités lui accordant la présomption d'honnêteté. C'est donc logiquement le Mrc qui tient sa conférence de presse, avec, tout aussi logiquement, pour principal point à l'ordre du jour l'annonce du changement de dénomination. Mais, au sein de la préfectorale, quelques indiscrétions commencent à filtrer. Des notes d'information circulent, faisant état d'une sorte de meeting d'une coalition de partis politiques. Dans le département du Mfoundi, il est de tradition que le préfet Jean-Claude Tsila tienne une réunion de coordination (ou de sécurité) tous les lundis à partir de 09 heures, en son cabinet. Ce conclave, avec les responsables des forces de sécurité de la capitale, rassemble les 07 sous-préfets que compte ledit département, et le round-up se fait habituellement dans un ordre croissant. Ce 13 août 2012, c'est curieusement le chef de terre de Yaoundé Ille qui est le premier interpellé. L'hôtel Hilton, lieu annoncé pour la conférence de presse du Mrc, est sous son territoire de compétence. L'ancien préfet du Nyong et Mfoumou, fort d'informations de première main, interpelle Albert Mekondane Obounou sur l'état des informations y relatives à son niveau. Des échanges qui s'ensuivront, il apparaitra une tentative de détournement de l'objet du récépissé de déclaration de manifestation publique. Les appréhensions de l'autorité administrative vont se vérifier quelques minutes plus tard lorsque, rendu sur le site de la conférence de presse, M. Mekondane Obounou se retrouve en face de quelques leaders d'opinion, de la société civile et de partis politiques. Au premier rang desquels Ayah Paul Abine, député démissionnaire du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir) et candidat à la dernière élection présidentielle. Sans oublier Saint Eloi Bidoung, qui a récemment tenté de briguer la présidence du parti dominant et, surtout, le ténébreux Maurice Kamto, qui avait claqué la porte du gouvernement fin novembre 2011 et qui semble de plus en plus démangé par les appétits pour la magistrature suprême. Face à ce cas flagrant de détournement d'objet d'une manifestation publique dûment déclarée et autorisée, le sous-préfet de Yaoundé Ille n'avait plus qu'à prendre ses responsabilités. Il a ainsi décidé d'interdire un rassemblement qui s'apparentait à une manœuvre séditieuse. A preuve, la "déclaration officielle" projetée du Mrc, dont votre journal a pu obtenir copie, contient des accents d'appel à l'insurrection. Celle-ci fait état de «l'urgence à mobiliser et à mettre en mouvement l'ensemble des forces vives et des bonnes volontés du pays et de la diaspora». Un autre passage souligne, clairement, le complot ourdi par le sicaire Alain Fogue et ses commanditaires qui les éloigne du simple Mrc: «Nous, partis politiques, organisations et personnalités de la société civile, hommes, femmes et jeunes issus de divers horizons socioculturels, linguistiques et professionnels, avons d'un commun accord, et dans un élan patriotique, décidé de fusionner nos structures et nos capacités, pour créer un grand parti politique(…)» A la fin, le Mrc, qui on le voit n'est donc plus ce parti présidé par Alain Fogue Tedom, appelle solennellement et bruyamment «toutes les Camerounaises, tous les Camerounais à la mobilisation». Et le Mrc de préciser que «Nous devons quitter nos peurs ! Nous devons surmonter nos égoïsmes! Nous devons dépasser les diktats du fatalisme! Unissons et agissons!». Le brûlot est signé d'un certain «président de la Coordination provisoire du Mrc», dont le nom ne figure étrangement point au bas du document. Oubli ou omission volontaire? Ainsi, le Mrc a cessé d'être un parti politique légalisé, pour devenir une "Coalition" à la tête de laquelle trône un mystérieux président de la "Coordination provisoire". Cherchez le hâbleur! Kamto, came to who? Jamais, sans doute, parturition politique n'aura été entourée d'autant de mystère depuis le retour du Cameroun au multipartisme, en fin 1990. Ainsi que nous le révélions lundi dernier, le rendez-vous du Mrc au Hilton préparait l'intronisation à Bafoussam de Maurice Kamto à la tête d'un regroupement de micro-partis politiques en mal de légitimité. Déjà auteur d'une trouble adresse au «peuple», au lendemain de son coup d'éclat, l'universitaire a depuis lors, hésité entre la démarche formelle et un plan de dissimulation. Dans le premier cas, il doit se plier aux formalités administratives et légales. M. Kamto semble en être incapable. Ou alors, c'est un fieffé anarchiste. Le deuxième cas de figure, par contre, semble coller à son tempérament de personnage fourbe et hypocrite. Il se sent plus à l'aise dans la dissimulation. D'où sa propension à mystifier les choses les plus ordinaires. C'est cet homme qui aspire à diriger le Cameroun. Agrégé de droit, celui qui claqua la porte du gouvernement en fin novembre dernier n'ignore rien des conditions de création dune formation politique au Cameroun. Il sait, mieux que quiconque, qu'il n'est plus besoin d'aller au maquis pour s'exprimer. Mais, il se vautre dans une logique des plus ridicules, finissant par réduire un "combat" qu'il veut légitime à une guérilla. Lui qui soutint le candidat Fru Ndi à l'élection présidentielle de 1992 s'est éloigné d’une certaine opposition, qu'il considère aujourd'hui comme "corrompue". Il préfère jouer les maitres chiens à la tête d'une organisation hétéroclite où il apparaitra comme la seule lumière. Hier, mercredi à 11h, le même Kamto et ses amis ont persisté dans le complot. Ils ont ainsi convié des médias partenaires dans un cabinet d'avocats à Yaoundé Vlè, où ils comptaient expliquer leurs motivations. Comme lundi dernier, le préfet et le sous-préfet les ont une fois de plus débusqués. Jean Claude Tsila leur a alors, comme l'autre fois, demandé de solliciter ouvertement des autorisations de manifestation(s) publique(s) en bonne et due forme, comme cela se fait dans un Etat de droit. Le "président" Kamto va-t-il enfin accepter de se plier à ces exigences pleines de bon sens? De deux choses l'une: ou il ne sait pas ce qu'il fait, ou il cherche la bagarre pour se présenter en martyr de la démocratie. Maurice Kamto, qui croit en sa popularité due aux huit années passées au gouvernement, et en sa grande intelligence, avait-il besoin d'aller se calfeutrer derrière des faux semblants pour son entrée sur la scène politique? Après le grossier ratage du Hilton, après l'autre initiative tout aussi maladroite d'hier, ses prochaines actions risquent davantage de plomber le minimum de crédit qui lui restait au sein de l'opinion publique. Il l'aura bien cherché. |
|