Transport aérien: Quand Air France lâche Camair-Co
Les passagers sont restés au sol pendant 48 h, Air France ayant « oublié » la roue de secours de sa rivale à Paris.
Mardi 23 août.
Une centaine de passagers attendaient d’embarquer de Yaoundé –Nsimalen à
bord de la compagnie nationale Camair-Co pour Paris via Douala. Après
avoir scruté vainement le ciel de Yaoundé dans l’espoir de voir l’avion
de service, le personnel d’assistance au sol de la compagnie se résout à
loger tous ses passagers déjà enregistrés, pour une nuitée au Mont Febé
hôtel de Yaoundé. Aux premières heures de la matinée, après un petit
déjeuner offert par la compagnie, les passagers seront de nouveau
emmenés à l’aéroport de Nsimalen où ils recevront enfin des agents
d’assistance au sol, des explications sur les raisons de ce retard de
plus de 24 heures : «Nos services techniques ont constaté que
les pneus du long courrier de la compagnie ne pouvaient plus supporter
un atterrissage sans renouvellement », explique un cadre.
«
Nous avons commandé en France un nouveau pneu qu’Air France avait
accepté de transporter dans son voyage de lundi. Cela devait nous
permettre de chausser l’avion et d’effectuer notre rotation avec
simplement quelques heures de retard. Curieusement, à l’arrivée du vol
de cette compagnie mardi dans la nuit à Douala, il nous a été annoncé
que notre colis avait été bel et bien réceptionné, mais qu’il avait été «oublié» à Roissy au départ d’Air France... !».
De peur que les passagers ne manifestent leur courroux, les forces
anti émeutes ont pris possession des aérogares de Nsimalen et de Douala
où la tension était perceptible auprès des passagers désemparés. Un
passager en colère, assis devant une tasse de café à l’aérogare de
Yaoundé, confie : «Hier soir, la compagnie nous a logés,
maintenant, tous les agents ont disparu, personne pour nous donner la
moindre information nouvelle sur notre prochain départ; nous sommes
abandonnés à nous mêmes».
Pneu
Comme pour «réparer» son «oubli»
de transporter le pneu de Camair-Co, Air France a offert à sa rivale de
transporter ses 165 passagers de Yaoundé et de Douala pour les
acheminer à Paris. Les responsables de la compagnie nationale ont
trouvét dans un premier temps l’offre intéressante, avant de se
rétracter quelques heures plus tard, préférant attendre l’arrivée du
pneu pour faire ensuite des rotations, acheminer leurs passagers dont
certains attendaient depuis 2 jours dans les aérogares de Paris, de
Douala et de Yaoundé. Le pneu est arrivé hier mercredi en fin de
matinée. Les passagers logés au Mont Febé pour ceux de Yaoundé, et à
l’hôtel Mercure pour ceux de Douala, ont pu embarquer tous furieux. Ce
vol enfin accompli était attendu à Roissy-Charles-de-Gaulle aux environs
de 23 heures. Quant aux premiers passagers en souffrance à Paris, ils
étaient attendus ce jour au Cameroun vers 6 heures du matin.
Selon
la direction commerciale de Camair-Co, un deuxième vol spécial au
départ de Douala et de Yaoundé pour l’Europe est programmé pour ce soir.
Les rotations normales dans cette direction ne reprendront que demain
vendredi. On reconnait qu’un avion, mieux qu’un véhicule, ne doit
prendre les airs que muni de ses roues de secours. Il peut advenir qu’on
n’ait pas prévu une roue de secours pour un véhicule ; mais pour un
avion, c’est un oubli inexplicable, tellement les check up sont
minutieux et fréquents pour ce qui est des avions. Ce n’est pas la
première fois pourtant que ce type défaillance qui n’est pas propre à
Camair-Co, lui arrive : il y a trois mois, la même carence avait été
constatée, occasionnant à la compagnie un retard de 24 heures sur ses
rotations et une énorme perte financière. Etant à ses débuts, de telles
défaillances qui se multiplient, sont très préjudiciables pour l’image
et pour la santé financière de cette jeune compagnie.
Xavier Messè