Transport aérien: Les avions chinois embarrassent CAMAIR-CO
YAOUNDE, 27 mars 2013
© PIERRE CÉLESTIN ATANGANA | Correspondance
Au lancement du plan de développement de la compagnie aérienne nationale CAMAIR-CO le 21 mars dernier à Douala, la Direction Générale de cette entreprise a indiqué qu'elle entend acquérir de nouveaux appareils. Dans son programme d'achat d'aéronefs, la compagnie annonce qu'elle va acheter 26 avions à l'horizon 2018. Parmi ces avions, six seront consacrés uniquement au fret.
Déjà en 2014, la compagnie aérienne nationale recevra deux Boeings 787 Dreamliner dont la commande a été passée en 2012. Ce qui va enrichir la flotte de cette compagnie dans laquelle le Gouvernement compte injecter des avions chinois de type MA 60 et dont l'achat a été conclu de source proche du dossier.
Seulement au cours de la rencontre entre la Direction Générale de CAMAIR-CO et la presse vendredi dernier, les responsables sont restés muets au sujet de l'arrivée ou non de ces avions. En fait, au sein de la compagnie aérienne, l'arrivée des avions chinois ne pose pas un problème, mais c'est leur exploitation qui ne recueille pas l'assentiment de la nouvelle équipe dirigeante de l'entreprise. Aussi ne font-ils pas partie du plan de développement de l'entreprise du nouveau Directeur Général. «Quand nous indiquons que nous allons acquérir 26 aéronefs, il est évident que ces avions ne font pas partie de notre plan de développement. Les avions chinois ont déjà été achetés par le Gouvernement, c'est embarrassant pour nous parce que pour acquérir des avions, il y a des procédures ; donc en ce moment on y travaille. Mais pour CAMAIR-CO, c'est l'exploitation de ces avions qui pose des problèmes», explique un cadre proche du dossier au sein de cette entreprise.
Des sources internes à CAMAIR-CO indiquent que la nouvelle équipe dirigeante de la compagnie n'accorde aucun crédit à ces avions MA 60. D'après des sources internes à l'Autorité Aéronautique, le cockpit de ces aéronefs chinois serait exigu et ne pourrait pas accueillir de grands gabarits. Au-delà de cet aspect, les MA 60 ne présentent aucune garantie en matière de certification.
Toutes les démarches engagées par les autorités de l'aéronautique civile en direction du fabricant chinois sont restées vaines. Les fabricants chinois résistent- à mettre les documents de l'appareil à la disposition des autorités camerounaises en vue d'engager le processus de certification. «Ces avions ont des manuels en chinois, nous leur avons demandé de traduire ces manuels en anglais afin qu'on prenne connaissance des paramètres des appareils, mais les Chinois résistent depuis; nous sommes passés par l'Organisation de l'Aviation Civile Internationale (OACI) pour qu'elle serve d'interface entre nous et les fabricants, ils ne parviennent toujours pas à le faire», indique une source proche du dossier.
Au-delà des difficultés de collaboration avec le fabricant, plusieurs étapes rentrant dans le processus d'acquisition d'aéronef ont été ignorées par les Chinois. «Lorsqu'une compagnie aérienne passe la commande d'un avion auprès d'un avionneur, elle certifie toutes les étapes de sa fabrication qui vont de la partie technique à l'habillage intérieur en passant par la peinture. C'est-à-dire que la compagnie, à travers les experts de l'aviation civile du pays acquéreur, est invitée à chaque étape à venir approuver les plans de départ; et le même processus de certification s'étend au niveau du centre de maintenance qui va s'occuper de la prise en charge des pannes des appareils ainsi que des équipages. Mais dans le cas des avions chinois, rien de tout ça n'a été respecté», indique un cadre de l'Autorité Aéronautique.
D'après des sources proches du dossier, les avions MA 60 n'ont jamais fait l'objet de certification de la part des autorités camerounaises. «La délégation camerounaise qui est partie en Chine n'a pas certifié les MA 60. Elle a trouvé des avions déjà peints aux couleurs du Cameroun ; du coup ça pose un problème de réglementation parce que ces avions sont destinés au transport des passagers en provenance de divers pays du monde», souligne une source proche du dossier. Reste la question du coût qui semble elle aussi constituer une pomme de discorde dans cette opération.
Ces avions, selon plusieurs compagnies aériennes, coûtaient 11,8 millions d'euros soit un peu plus 7, 7 milliards de FCFA. Aujourd'hui, le prix est passé à 6,3 milliards de FCFA. Du coup, même avec les anciens prix, la facture s'élèvera à un peu plus de 20 milliards de FCFA pour les trois avions. Or, il se trouve qu'un de ces aéronefs ait été offert par la Chine et que le Cameroun entend les acheter à plus de 30 milliards de FCFA.
A CAMAIR-CO, on indique que le moment venu, «on verra à quoi ces avions seront destinés, peut-être à l'exploitation des lignes intérieures ou à autre chose. On va décider de ce qu'on va en faire». Des sources proches du dossier indiquent que si le Cameroun utilise ces avions pour une exploitation même interne, il va intégrer la liste noire de l'Union Européenne.
source: mutations
© PIERRE CÉLESTIN ATANGANA | Correspondance
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depuis des mois pour venir doper la flotte de la compagnie, les MA 60
acquis par le Gouvernement restent attendus et leur exploitation
questionnée.
Au lancement du plan de développement de la compagnie aérienne nationale CAMAIR-CO le 21 mars dernier à Douala, la Direction Générale de cette entreprise a indiqué qu'elle entend acquérir de nouveaux appareils. Dans son programme d'achat d'aéronefs, la compagnie annonce qu'elle va acheter 26 avions à l'horizon 2018. Parmi ces avions, six seront consacrés uniquement au fret.
Déjà en 2014, la compagnie aérienne nationale recevra deux Boeings 787 Dreamliner dont la commande a été passée en 2012. Ce qui va enrichir la flotte de cette compagnie dans laquelle le Gouvernement compte injecter des avions chinois de type MA 60 et dont l'achat a été conclu de source proche du dossier.
Seulement au cours de la rencontre entre la Direction Générale de CAMAIR-CO et la presse vendredi dernier, les responsables sont restés muets au sujet de l'arrivée ou non de ces avions. En fait, au sein de la compagnie aérienne, l'arrivée des avions chinois ne pose pas un problème, mais c'est leur exploitation qui ne recueille pas l'assentiment de la nouvelle équipe dirigeante de l'entreprise. Aussi ne font-ils pas partie du plan de développement de l'entreprise du nouveau Directeur Général. «Quand nous indiquons que nous allons acquérir 26 aéronefs, il est évident que ces avions ne font pas partie de notre plan de développement. Les avions chinois ont déjà été achetés par le Gouvernement, c'est embarrassant pour nous parce que pour acquérir des avions, il y a des procédures ; donc en ce moment on y travaille. Mais pour CAMAIR-CO, c'est l'exploitation de ces avions qui pose des problèmes», explique un cadre proche du dossier au sein de cette entreprise.
Des sources internes à CAMAIR-CO indiquent que la nouvelle équipe dirigeante de la compagnie n'accorde aucun crédit à ces avions MA 60. D'après des sources internes à l'Autorité Aéronautique, le cockpit de ces aéronefs chinois serait exigu et ne pourrait pas accueillir de grands gabarits. Au-delà de cet aspect, les MA 60 ne présentent aucune garantie en matière de certification.
Toutes les démarches engagées par les autorités de l'aéronautique civile en direction du fabricant chinois sont restées vaines. Les fabricants chinois résistent- à mettre les documents de l'appareil à la disposition des autorités camerounaises en vue d'engager le processus de certification. «Ces avions ont des manuels en chinois, nous leur avons demandé de traduire ces manuels en anglais afin qu'on prenne connaissance des paramètres des appareils, mais les Chinois résistent depuis; nous sommes passés par l'Organisation de l'Aviation Civile Internationale (OACI) pour qu'elle serve d'interface entre nous et les fabricants, ils ne parviennent toujours pas à le faire», indique une source proche du dossier.
Au-delà des difficultés de collaboration avec le fabricant, plusieurs étapes rentrant dans le processus d'acquisition d'aéronef ont été ignorées par les Chinois. «Lorsqu'une compagnie aérienne passe la commande d'un avion auprès d'un avionneur, elle certifie toutes les étapes de sa fabrication qui vont de la partie technique à l'habillage intérieur en passant par la peinture. C'est-à-dire que la compagnie, à travers les experts de l'aviation civile du pays acquéreur, est invitée à chaque étape à venir approuver les plans de départ; et le même processus de certification s'étend au niveau du centre de maintenance qui va s'occuper de la prise en charge des pannes des appareils ainsi que des équipages. Mais dans le cas des avions chinois, rien de tout ça n'a été respecté», indique un cadre de l'Autorité Aéronautique.
D'après des sources proches du dossier, les avions MA 60 n'ont jamais fait l'objet de certification de la part des autorités camerounaises. «La délégation camerounaise qui est partie en Chine n'a pas certifié les MA 60. Elle a trouvé des avions déjà peints aux couleurs du Cameroun ; du coup ça pose un problème de réglementation parce que ces avions sont destinés au transport des passagers en provenance de divers pays du monde», souligne une source proche du dossier. Reste la question du coût qui semble elle aussi constituer une pomme de discorde dans cette opération.
Ces avions, selon plusieurs compagnies aériennes, coûtaient 11,8 millions d'euros soit un peu plus 7, 7 milliards de FCFA. Aujourd'hui, le prix est passé à 6,3 milliards de FCFA. Du coup, même avec les anciens prix, la facture s'élèvera à un peu plus de 20 milliards de FCFA pour les trois avions. Or, il se trouve qu'un de ces aéronefs ait été offert par la Chine et que le Cameroun entend les acheter à plus de 30 milliards de FCFA.
A CAMAIR-CO, on indique que le moment venu, «on verra à quoi ces avions seront destinés, peut-être à l'exploitation des lignes intérieures ou à autre chose. On va décider de ce qu'on va en faire». Des sources proches du dossier indiquent que si le Cameroun utilise ces avions pour une exploitation même interne, il va intégrer la liste noire de l'Union Européenne.
source: mutations