Transhumance : Le Dzongangate

 

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Le président de la Dynamique a eu des contacts avec le Rdpc pour son retour au sein du parti. Le secret est dehors.

 

C’est le délire sur les réseaux sociaux au sujet de ce qu’on pourrait qualifier d’Affaire Dzongang-Rdpc. Deux notes, toutes destinées à la « très haute attention » du président de la République, l’une signée de Jean Nkueté, secrétaire général du Comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) et l’autre de Peter Agbor Tabi, secrétaire général adjoint à la présidence de la République ont mis le feu aux poudres. « Faut-il encore faire confiance à un homme politique au Cameroun », s’interroge un internaute. Un autre, sur un ton catastrophiste renchérit : « On va tout voir dans ce pays !».

 

Dans le premier document cité, signé le 6 juillet 2015 et rendu public en exclusivité lundi dans les colonnes du journal Intégration, le Sg du Rdpc écrit : « J’ai l’honneur de porter très respectueusement à la haute connaissance du président national que dans le cadre de ses multiples contacts avec les responsables des partis alliés et non alliés et pour faire face efficacement au vide créé à Douala par le décès de la présidente Foning Françoise, j’ai cru devoir engager depuis quelque temps, en concertation avec les [sic] personnalités telles que le maire Fotso Victor, messieurs Ngouchingue Sylvestre, Monkam Pascal et le conseiller Sindjou [sic] Luc, des entretiens avec M. Ndzogang [sic] dans le but de le ramener au Rdpc et si possible avant le lancement des opérations de renouvellement des organes de base ».

 

Jean Nkueté ajoute : « C’est ainsi qu’au cours de l’audience que je lui ai accordée le matin du 3 juillet 2015, M. Ndzogang [sic] m’a finalement confirmé qu’il accepte de rejoindre nos rangs sans conditions et de manière irréversible pour tenir compte de la nouvelle dynamique impulsée par le Rdpc dans le pays d’une part, et de grands enjeux qui sollicitent le Cameroun dans son unité et la paix, d’autre part ».  

 

Joker

Les deux parties ont, apprend-on, arrêté la forme de la présentation de la nouvelle à leurs différents partisans. Vers la fin de la correspondance, le patron administratif du Rdpc indique au président national, qu’il « sera régulièrement informé de l’évolution de la situation, la nécessité de contenir et de neutraliser l’activisme des personnes incontrôlables comme messieurs Nitcheu [sic] à Douala, Kouemo [sic] à Bafang et Maurice Kamto dans les Hauts plateaux, pour ne citer que ceux-là, s’imposant avec urgence ».

 

Pour sa part, Peter Agbor Tabi, dans une note au sujet du « retour de Monsieur Albert Ndzongang au sein du Rdpc » adressée au chef de l’Etat, fait deux observations : « le retour au Rdpc d’un dissident bruyant est toujours une bonne nouvelle et le secrétaire général du Rdpc mérite des félicitations pour cette action d’éclat. Toutefois, pour trouver un remplaçant à Mme Foning Françoise, il serait malséant de laisser de côté ». Agbor Tabi enfonce le clou : « il nous semble difficile que des militants fidèles et dévoués acceptent subitement le leadership et qui ne revient qu’en raison de nombreux déboires subis dans l’opposition ». Avant de suggérer que les concertations pour trouver le remplaçant de Françoise Foning se fassent au sein du Rdpc, à Douala, « en liaison avec les autorités administratives », car bien qu’originaire de l’Ouest, c’est à Douala que Mme Foning qu’elle s’est façonnée.

 

 

Joint au téléphone hier, Albert Dzongang n’a aucun doute sur l’authenticité des deux documents mis en circulation dans les réseaux sociaux, en dépit des approximations qui s’y trouvent. Le président de La Dynamique confirme qu’il a été reçu par le Sg du Rdpc et à la présidence de la République et que des négociations ont bel et bien eu lieu pour le ramener au Rdpc. Pour lui, les fuites organisées sur ces conciliabules prouvent que « la République est dans la rue. Ça montre avec quelle légèreté les affaires confidentielles du pays sont gérées. De là à ce qu’on se retrouve avec des informations stratégiques sur la place publique, il n y a qu’un pas qui sera bientôt franchi », regrette-t-il.

Sur l’opportunité de regagner les rangs du Rdpc, il indique que l’opposition a échoué, ceux qui s’y trouvent ne « cherchent qu’à manger ». M. Dzongang dit avoir quitté le Rdpc parce qu’il n’était pas d’accord avec des options de ce parti et qu’aujourd’hui il est pour le retour au parti unique, « que ce soit le Rdpc ou le Sdf ».

 

Côté Rdpc, l’information sur les contacts pris avec Albert Dzongang n’est ni confirmée, ni infirmée. Jean Fabien Monkam, conseiller réputé influent auprès de Jean Nkueté fait savoir qu’il n’est pas au courant de cette affaire. « Je consacre le plus clair de mon temps aux opérations de renouvellement des organes de base du Rdpc. Au sein du cabinet du secrétaire général, il y a une répartition des tâches. Je n’ai pas connaissance d’un tel dossier. S’il y a du nouveau à ce sujet, je suis disposé à vous en parler ». Christophe Mien Zok, directeur des organes de presse, de l’information et de la propagande du Rdpc soutient pour sa part qu’il n’a suivi pareille affaire qu’à la revue de presse diffusée sur Canal 2 International et Sweet Fm. « Je n’en sais rien. Je ne peux donc pas m’aventurer à m’exprimer sur la question. Une réunion est prévue jeudi prochain au Palais des congrès, peut-être on en saura quelque chose à cette occasion ». En clair, l’affaire Dzongang-Rdpc ne fait que commencer. Après Aminatou Ahidjo, le parti au pouvoir est sur la piste d’un autre joker.

 

© Mutations : Georges Alain Boyomo


05/08/2015
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