Transfèrement. Marafa H. Yaya refuse de quitter Kondengui
L’ex-ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation a opposé une fin de non recevoir aux éléments du Groupement polyvalent d’intervention de la gendarmerie nationale (Gpign) venus à la prison mardi pour le conduire chez le juge. L’entourage de l’ex Minatd stigmatise « l’échec d’une manœuvre visant à le transférer » aux casernes du Sed.
Les bérets rouges venus à la prison centrale de Kondengui, mardi 22 mai 2012, avec un ordre d’extraction concernant le détenu Marafa Hamidou Yaya, sont repartis sans l’ex-ministre d’Etat. Et pour cause, ce dernier a estimé qu’au vu du motif de la convocation du juge d’instruction qui sous-tend le dit ordre d’extraction et portant sur l’examen de sa demande de relaxe, sa présence n’est pas indispensable. Aussi, a-t-il choisi de rester dans sa cellule en confiant le soin de la diligence de l’affaire à ses avocats. Suite à ce refus et à quelques échanges téléphoniques, les gendarmes ont dû quitter la prison de Kondengui sans demander leur reste. La cause ? Au téléphone, un des interlocuteurs du chef d’équipe leur a suggéré de quitter les lieux sans grands bruits, si « le ministre résiste », afin d’éviter un scandale, confie au Messager, une source militaire.
Quant à la «demande de relaxe pure et simple », elle-même qui s’appuie -selon les avocats de Marafa Hamidou Yaya- sur le peu de cas fait du respect du Code de procédure pénale, le jour de son inculpation et de sa mise en détention, elle n’a pas prospéré. Du coup, dans l’entourage familial de ce prince de Garoua on comprend mal le déploiement du Gpign pour lui servir d’escorte alors que dans le schéma classique de ce type de procédure, la présence du demandeur n’est pas requise. Les pro-Marafa y voient alors une simple manœuvre visant à le faire quitter sa cellule de Kondengui pour les casernes du secrétariat d’Etat à la Défense (Sed) via le cabinet du juge d’instruction. Même dans les rangs de la gendarmerie, cette thèse est sérieusement répandue. Quelques éléments de ce corps de l’armée camerounaise confient d’ailleurs sous anonymat qu’ils « étaient logistiquement prêts à conduire l’ex-Minatd dans la cellule spéciale déjà entièrement aménagée au Sed [selon la description faite par Le Messager dans son édition N° 3160 du mardi 22 mai 2012, ndlr] après son audition prévue chez le juge d’instruction ».
Faux. Rétorquent quelques responsables de l’administration pénitentiaire en poste à la prison de Kondengui. «C’est vrai qu’il est prévu que Marafa et d’autres prisonniers de luxe soient transférés au Sed. Mais on n’a pas besoin de subterfuge pour le faire. Si les gendarmes étaient venus l’extraire pour le Sed, ils l’auraient fait. Souvenez-vous que le professeur Edzoa y avait été ramené une fois de force après un mois et demi d’hospitalisation », commente dans cette veine, un intendant de prison bien connu dans l’univers carcéral de Kondengui, comme rodé aux micmacs de l’opération Epervier. Pourtant, d’autres observateurs croient dur comme fer à une opération manquée ; causée peut-être par le tollé suscité par la presse après l’annonce du transfèrement de Marafa et autre Ephraïm Inoni. Lequel tollé justifierait alors les hésitations du régime de Yaoundé relativement au choix de la méthode et du timing du transfert de Marafa et Cie au Sed… Une affaire de temps finalement !
Rodrigue N. TONGUE