Tractations: Paul Biya choisit déjà ses Hommes pour le Sénat

DOUALA - 04 MARS 2013
© Rodrigue N. TONGUE | Le Messager

Le président national du parti au pouvoir vient de dévoiler les modalités à remplir par ses camarades qui aspirent à siéger à la chambre haute du parlement camerounais. Le chef de l’Etat a également fait le choix des hommes chargés de conduire les investitures dans sa famille politique.

Ça y est. La date fatidique pour les militants du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) qui compte environ 90% de conseillers municipaux, constituant le collège électoral de l’élection des tout-premiers sénateurs de l’histoire des institutions de l’Etat camerounais est donc connue. Au plus tard, jeudi 7 mars 2013 en effet, ceux des militants du « parti du flambeau » pouvant justifier qu’ils cotisent régulièrement depuis 5 ans devraient se réunir avec six de leurs camarades remplissant la même condition et résidant dans la même région, pour établir une liste de candidature, à la candidature du parti, assortie d’une liste de suppléants de chacun des 7 candidats titulaires.

Cette liste comme toutes les autres éventuellement parvenues à « la commission régionale de réception d’analyse et d’évaluation des candidatures » instituée dans le chef-lieu de région le 1er mars 2013 sera largement examinée. La commission régionale choisira ainsi au plus, 3 listes « classées par ordre de préférences sans panache » qui seront envoyées au plus tard le samedi 9 mars 2013 à la commission centrale de supervision présidée par Jean Nkuété, le secrétaire général du Comité central du Rdpc. Laquelle commission vérifie la conformité des dossiers, la synthèse des candidatures et transmet lesdites listes ou retranche quelques unes avant de les transmettre à « l’attention » de la commission nationale d’investiture des candidatures qui, elle, devrait rendre sa copie autour du 12 mars. Le délai de réception des candidatures par Elecam étant fixé au 14 mars 2013.


Forces

La circulaire et les notes de Paul Biya datées du 1er mars 2013 qui encadrent ces opérations fixent l’opinion sur les personnalités qui constituent l’artère centrale dans le processus de désignation des premiers sénateurs camerounais. Car le jeu étant biaisé par la convocation du collège électoral avant les municipales et donc sans tenir compte de la nouvelle carte politique -profondément modifiée par de nouvelles forces politiques et de nouveaux entrepreneurs de la politique- les investitures au sein du Rdpc donneront une idée à 90% du visage réel du sénat et ce, plus d’un mois avant le scrutin proprement dit.

En tête de ces personnalités-encrage, figure Paul Biya lui-même qui, à la fois président de la République et président national est maître du calendrier politique et par aberration, maître de la technostructure du parti dominant. Juste après lui, on retrouve Jean Nkuété, qui ès qualité de secrétaire général du Comité central du Rdpc, est rapporteur de la commission nationale d’investiture des candidatures et président de la commission centrale de supervision en vue des investitures. Plus accessible que Paul Biya, il sera jusqu’au 14 mars, l’homme le plus courtisé de la République, sans doute, en raison de la majorité obèse du Rdpc. Cet homme « presque » faiseur de sénateur sera secondé au niveau central d’hommes-liges du président comme Grégoire Owona, Hamadjoda Hadjoudji, Amadou Ali, Laurent Esso et Yaou Aïssatou, tous des hommes et femmes d’appareils voire de cabinet, généralement présentés comme dernier rideau de fer politique du chef de l’Etat.


Artificiers

Autour d’eux, figurent comme membres de la commission centrale de supervision, Ibrahim Talba Malla, Madeleine Tchuenté, Ndong Soumhet, Jean-Louis Beh Mengue, Simon Achidi Achu, Joseph Dion Ngouté ou encore Louis-Philipe Tsitsol Meke. Et comme il s’agit de sénatoriales qui sont en principe l’expression de la volonté des collectivités décentralisées, le Rdpc s’est appuyé sur certaines personnalités qui d’habitude, règnent en maître dans leur région d’origine.

Seule nouveauté, le parti au pouvoir a choisi de les envoyer loin de leur terroir comme président, vice-présidents ou membres des commissions régionales déjà chargées depuis vendredi dernier, de tamiser au niveau régional selon des critères édictés par le sommet. On retrouve parmi ceux-là, Jean Baptiste Bokam, Bell Luc René ; Halim Hayatou dans l’Adamaoua ; Ebenezer Njoh Mouelle, Edouard Akame Mfoumou dans le Centre ; Youssouf Adjidja Alim et Emmanuel Nzeté à l’Est ; Louis Paul Motazé, Etamè Massoma et Benjamin Amama dans l’Extrême-Nord ; Zacharie Perevet au Littoral ; James Onobiono et Nguiamba Nloutsiri au Nord ; Agbor Tabi au Nord-Ouest ; Abba Sadou à l’Ouest ; Niat Marcel Njifenji, Ahmadou Tidjani et Amadou Vamoulké au Sud et au Sud-Ouest, le presque inamovible Francis Nkwain secondé par Ama Tutu Muna.

Sur ces listes « d’organisateurs » des investitures au sein du parti politique qui raflera sans doute la mise parce que son président s’est refusé à tout consensus sur le calendrier électoral, on ne retrouve pas les noms de Cavaye Yéguié Djibril, Augustin Kontchou Kouomegni, Joseph Owona, le sultan Mbombo Njoya, Pokossi Doumbè, Thomas Tobbo Eyoum, Fon Angwafor III, Charles Salé, René Ze Nguele, Sali Daïrou, et autres Ayang Luc, qui figurent bien parmi les piliers régionaux du parti du 24 mars 1985. Devrait-on y voir la volonté du président national du Rdpc de positionner ces artificiers au Sénat ? On le saura en tout cas entre le 7 et 12 mars prochain.

Rodrigue N. TONGUE


Focal: Constitution des dossiers de candidatures à Elecam

- Une liste de 7 candidats titulaires assortie de 7 suppléants ;
- L’original du versement cautionnement d’un million par chacun des candidats titulaires conjointement avec leur suppléant (soit 7 millions au total pour la liste) ;
- Une déclaration de candidature pour chacun des titulaires et des suppléants de la liste ;
- Une déclaration sur l’honneur pour chacun des titulaires et des suppléants de la liste ;
- Une copie d’acte de naissance datant de moins de 3 mois pour chacun des titulaires et suppléants de la liste ;
- Un extrait de casier judiciaire datant de moins de 3 mois pour chacun des titulaires et suppléants de la liste ;
- Un certificat de nationalité pour chacun des titulaires et suppléants de la liste ;
- Un justificatif de possession d’une résidence dans la région pour chacun des titulaires et suppléants de la liste ;
- Une attestation d’inscription sur une liste électorale d’Elecam.

Synthèse de R. N. T.


04/03/2013
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