Tournée administrative à l’Ouest: Des milliardaires et maires esquivent le gouverneur

DOUALA - 13 Juillet 2012
© Guy Modeste DZUDIE | Le Messager

Les conflits d'autorité, querelles intertribales, absences des élites huppées et bien d'autres sujets ont meublé la semaine dernière, la tournée du patron de la région de l'Ouest.

«Ce n'est pas un gouverneur quel qu'il soit qui va se permettre de ne pas respecter tout ce que je représente, et m'écrire n'importe quelle lettre. Le ministre en charge de la tutelle me respecte, le président de la République respecte mes idées.» Sans doute à cause de ces deux phrases extraites d'une lettre commise au mois de juin dernier par Adamou Ndam Njoya, maire de Foumban, ministre plénipotentiaire de classe exceptionnelle et président national de l'Union démocratique du Cameroun (Udc), parti majoritaire dans le département du Noun, que la tournée de prise de contact du gouverneur de la région de l'Ouest, Bakari Midjiyawa, entamée le mercredi 03 juillet à Bafang, chef-lieu du département du Haut-Nkam, a connu une tournure particulière à l'étape du Noun, le 10 juillet dernier à Foumban. Contre toute attente donc, le discours de bienvenue qui devrait être prononcé à l'endroit du patron de la région a été plutôt prononcé par Njankouo Lamere, président de la section du Rassemblement démocratique du peuple camerounais dans le Noun-Centre et ancien ministre délégué auprès du ministre de l'Economie et des finances (Minefi).

Intervenant au nom des populations et des élites intérieures et extérieures du département du Noun, ce dernier a profité de cette tribune offerte, contre les usages protocolaires, pour régler des comptes à Adamou Ndam Njoya. Evitant de citer nommément l'édile de la ville de Foumban, le chef local du Rdpc l'a accusé d'avoir tenu des «propos irrévérencieux» à l'endroit du gouverneur de la région de l'Ouest. «Des propos que nous déplorons. Nous voulons vous assurer, monsieur le gouverneur, ces propos n'engagent que son auteur», se disculpe-t-il. Tout en ajoutant que la majorité des populations du Noun sont attachées au respect des valeurs de la République. Précisons en effet que la lettre du maire de Foumban faisait suite à une demande d'explication à lui adressée ainsi qu'autres élus locaux de la région par le gouverneur Bakari Midjiyawa suite à leur non participation au défilé du 20 dernier dans le cadre du respect des partis de l'opposition appartenant au G7 et signataire de la déclaration de Foumban le 14 mai 2012. «Quand vous écrivez: «...Elu de toutes les populations de votre commune» ce n'est pas exact. En effet je suis élu par les populations électrices ayant combattu pour s'inscrire sur les listes électorales, pour avoir leurs cartes d'électeur et qui, après ce parcours de combattant, ont cru au programme et aux méthodes du parti politique qui a présenté ma candidature; ce sont ces mêmes populations qui, bravant les menaces sans désemparer, ont veillé dans les bureaux de vote pour que le verdict des urnes ne soit pas faussé. Une fois élu ainsi et dans ces conditions, comme maire, je suis celui de toutes les populations», écrivait Adamou Ndam Njoya à l'adresse du patron de la région de l'Ouest.

Non sans manquer de préciser: «Comme maire de tout le monde, nous avons, à ce titre, fait tout ce qui était de notre devoir, en décaissant les fonds de la commune prévus pour ce faire, pour cette fête nationale, comme on l'a toujours fait; et ce n'est pas le préfet du département du Noun qui vous dira le contraire. La veille encore, la mairie a fourni des matériaux et dépêché des ouvriers, à la résidence du préfet, pour mettre en état les espaces de festivité», concluait le premier magistrat de la cité des arts. Lors de son intervention, Bakari Midjiyawa ne s'est pas penché directement sur cette question. Il a globalement invité les uns et les autres à œuvrer pour la «paix et cohésion sociale» et l'aboutissement des chantiers retenus dans le cadre de la politique des grandes ambitions à l'instar de la construction du stade Omnisport de Koukekong à Bafoussam. Notons qu'à la veille de cette tournée, l'état-major de l'Udc, à travers un communiqué transmis par courriel à notre rédaction, envisageait déjà une ambiance pas gaie. Tout en prévenant que les élus (maires, députés et conseillers municipaux) de cette formation politique n'avaient pas été associés à l'organisation de l'étape de Foumban. «L'accueil du gouverneur sera assuré par le préfet, les sous préfets, une élite Rdpc en lieu et place du maire (soi disant représentant des populations)... Le discours de bienvenue sera lu par le «porte parole» des populations....», annonçait la cellule de communication de cette formation politique. Ce qui fait que, ayant reçu une invitation en dernière minute, le maire de Foumban n'a pas cru bon être présent au lieu des cérémonies. De même que les autres élus et militants de son parti.

Soulignons aussi qu'à Bandjoun, le 07 juillet passé, le milliardaire maire Victor Fotso, en séjour hors du pays, était absent à la tournée de prise de contact du gouverneur. Tout comme son homologue de Bayangam, André Sohaing. Dans les Hauts-plateaux, le 04 juillet dernier, Samuel Djonou, le nouveau maire de Baham, n'a pas répondu présent, à cause d'une «indisponibilité». Lors de l'étape du Haut-Nkam, le milliardaire maire de Bana, Joseph Kadji Defosso et son confrère Gabriel Mbomgnim de Bandja ont aussi brillé par l'absence. A l'instar des autres milliardaires comme Pascal Monkam et Claude Njuimo Monthé, élites du coin. Des absences qui, bien que justifiées, ont été perçues comme des signes de boycott. Une manière de dire que l'acceptation de l'autorité du nouveau gouverneur de la région de l'Ouest ne sera pas facile?




15/07/2012
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