Torture : Un employé licencié pour avoir écrit au ministre

Cameroun - Torture : Un employé licencié pour avoir écrit au ministreVictor Nsempeng ne fait plus partie des effectifs de la Société Exploitation des Parcs à Bois du Cameroun (SEPBC). Son sort a été unilatéralement décidé par ses supérieurs hiérarchiques après que ce dernier ait saisi le ministre du travail et de la sécurité sociale pour revendiquer ses droits sociaux bafoués.

Le ciel vient de s’abattre sur la tête du sieur Nsempeng Victor. Celui qui travaillait comme Grutier et était délégué du personnel au sein de la société d’exploitation des parcs à bois du Cameroun, une filiale du français du groupe français Bolloré vit un calvaire auquel, il s’attendait le moins. En effet, après avoir saisi le ministre du travail et de la sécurité sociale en date du 23 août 2012 dans une lettre ouverte dont l’objet était «sollicitation de votre concours pour jouissance de droits de victime d’AT suite à obstructions par la SEPBC», est devenu subitement une épine dans les chaussures de ses chefs.

Du moins sa vie professionnelle a commencé à devenir un fardeau pour eux. Dans la lettre à problème, il faisait état des tortures dues aux abus de pouvoir dont il est victime au sein l’entreprise incriminée. Il notifiait au ministre, les accidents de travail dont il a été victime et que l’employeur a refusé d‘assumer ses responsabilités, niant de fait avec la complicité du médecin de l’entreprise la qualification de ses accidents de travail. Des quatre accidents que M. Nsempeng a subis en plein travail à la SEPBC, un seul a été déclaré à la CNPS, bien qu’il ait produit toutes les preuves justificatives pour l’ensemble.

Dans cette lettre, il signale également les frustrations dont il a été victime. Au rang de celle-ci , le refus de déclaration d’un accident de travail à la Cnps, l’injonction à cette entreprise qui gère les droits sociaux au Cameroun à ne pas remplir ses fonctions et l’usurpation des prérogatives de la Cnps relatives à l’examen, à l’appréciation et à la gestion des risques professionnels. Après réception du courrier portant tous ces griefs, le 26 septembre 2012, le ministre sous le couvert de son secrétaire général transmettra les dossiers de cette affaire à la délégation du travail et de la sécurité sociale du littoral.

Le début du malheur

Rendu sur à la délégation régional du travail pour la suite, les collaborateurs de Grégoire Owana, dans le Littoral, ont déclaré ne jamais avoir reçu un tel courrier malgré la présentation de la copie par le concerné. Dans une lettre datée du 11 novembre 2012, le directeur de la SEPBC saisira la direction régionale du travail et de la sécurité sociale du littoral avec un objet suicidaire «demande d’autorisation de licenciement du délégué du personnel Nsempeng Victor». La réponse de ladite délégation tombée dix huit jours plus tard, demande un délai supplémentaire «pour parachever l’enquête en cours», lit-on dans un document dont nous gardons la copie.

Finalement, le 11 janvier 2013, la société est notifiée du licenciement du délégué du personnel Nsempeng Victor avec cette fois pour motif « incompatibilité d’humeur et collaboration difficile ». Commencent alors les menaces et les intimidations de tous ordres. De réunions pour l’obliger à signer un protocole de licenciement avec « des termes barbares et non fondés », nous ditil. « Je ne savais pas pourquoi je vais être licencié. Le directeur général adjoint, monsieur Monthé Léopold s’est investi personnellement pour me faire partir comme un bandit de grand chemin, défiant même l’autorité. Dans un sadisme sans pareil et en complicité avec ses collaborateurs, ils ont calculé je ne sais comment mes droits et m’ont remis ce qu’ils voulaient. J’ai même approché le Pca sans suite.

Tous m’ont condamné d’avoir porté l’affaire à monsieur le ministre alors que c’était la dernière solution après que j’ai tout tenté au sein de l’entreprise pour qu’on déclare mes accidents simplement», relate-il. Suite donc à ce licenciement dont il juge abusif, l’infortuné saisi le directeur général de l’entreprise pour exiger le paiement de ses différents droits. Ce sera peine perdue. Il va alors se retourner vers le Pca de la structure Dandjouma Aoudou, qui lui avait promis son aide pour un dénouement heureux de cette affaire. «Là encore le discours a changé. Ce dernier ne reconnait plus les propos qu’il avait tenus le 15 janvier 2013 devant témoin».

Incohérence parfaite

Dans la lettre de licenciement qui est parvenue à la délégation régionale du travail et de la sécurité sociale du Littoral, la raison évoquée est «incompatibilité d’humeur, cohabitation et collaboration difficiles ». Ce qui est de l’avis de l’employé licencié, est un prétexte. Dans la mesure où, durant les vingt ans mis dans cette entreprise, il n’a été fait l’objet d’aucun blâme, d’aucune demande d’explication. Au contraire, son amour et son dévouement au travail lui vaudront sans cesse des promotions jusqu’au jour qu’il décide de saisir le ministre du travail et de la sécurité social pour revendiquer ses droits sociaux.

Face à cette torture qui n’est qu’une maigre illustration du malheur a-ton appris après enquêtes, des employés de la société d’exploitation des parcs à bois du Cameroun, Victor Nsempeng a une nouvelle fois saisi le 16 février 2013, le ministre du travail et de la sécurité sociale. Dans cette nouvelle correspondance, il exige que lui soit reversée la somme de 10 614 675 Fcfa, représentant les indemnités des trois accidents de travail non déclarés à la Cnps par la SEPBC et qui ont suffisamment dégradé sa santé. Il réclame aussi des primes de rendement qui ont été tranchées lorsqu’il était encore de service, sans oublier les dommages et intérêts. En attendant la réaction du ministre, ce père de famille qui se retrouve aujourd’hui sans emploi et avec une santé détériorée, et des piles de dettes, réfléchit déjà sur les prochaines étapes pour rentrer dans ses droits. Affaire à suivre…

© La Nouvelle Expression : Vivien Tonfack


24/02/2013
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