L’ex Sg/Pr s’indigne de l’accusation de détournement de six véhicules appartenant à l’Etat du Cameroun.
L’on tire vers la fin des débats dans l’affaire Etat du Cameroun contre
Titus Edzoa. Hier, le Tribunal a abordé le dernier volet des accusations
portées à l’encontre de l’ancien secrétaire général de la présidence de
la République.
Celui-ci est relatif à la rétention de six
véhicules de l’Etat du Cameroun, dont cinq étaient des dons de la
Corée-du Sud pour l’organisation du 32è sommet de l’Organisation de
l’Unité africaine (Oua). Un événement qui s’est tenu au Cameroun du 1er
au 7 juillet 1996, et dont Titus Edzoa assurait la présidence du comité
d’organisation mis en place pour la circonstance.
En effet, il est reproché à Titus Edzoa d’avoir retenu frauduleusement
une ambulance, deux voitures de marque Ssangyong, deux camions de
ramassage d’ordures et une voiture de marque Nissan Bluebird. Et Titus
Edzoa de citer le philosophe Arthur Schopenhauer « Si la vie est une
tragédie dans son sens, elle est une comédie dans le détail ». L’ex
Sg/Pr estime alors que cette accusation ne mérite pas (contrairement aux
précédentes accusations) « une spéculation intellectuelle particulière
». Car, dit-il, « cette accusation, c’est du bonbon caramélisé. C’est
du superfétatoire ». L’ancien candidat à la présidentielle de 1997
révèle alors qu’il n’a jamais eu de voitures de service lorsqu’il a
occupé les fonctions de ministre chargé de mission à la présidence de la
République, puis, celle de ministre de l’Enseignement supérieur,
ensuite celle de secrétaire général de la Présidence de la République et
plus tard celle de ministre de la Santé publique.
Nissan Bluebird
La seule voiture de l’Etat dont il a bénéficié, c’est la «
fameuse » Nissan Bluebird immatriculée Ce 093 F. « Cette voiture m’a été
donnée par le directeur du Cabinet civil lorsque j’étais conseiller
spécial à la présidence de la République. » L’ex Sg/Pr affirme que c’est
cette Nissan qui lui servait de véhicule pendant huit ans. Accusé
d’avoir détourné 40 véhicules de marque Laguna, une commission rogatoire
a été mise en place. « Alors que j’étais déjà déféré au Sed, cette
commission rogatoire a envoyé deux énormes grues à mon domicile pour
récupérer les 40 Laguna. Mais la pêche a été peu fructueuse. Ils n’ont
trouvé que la fameuse Nissan, un vieux tacot sur cale ». Titus Edzoa
ironise. « Deux mois plus tard, on a retrouvé la Nissan dans un garage à
Mvog-Ada. Et je me retrouve dans un Tribunal pour parler de ce genre de
choses », s’indigne-t-il. Quid des autres véhicules ?
Titus Edzoa explique que l’ambulance, don de l’ambassade de Corée pour «
l’organisation ad hoc du sommet de l’Oua », n’était pas un matériel de
la présidence de la République. Ainsi, le 18 juin 1996, deux semaines
avant le sommet, cette ambulance a été octroyée à l’hôpital général de
Yaoundé, pour honorer à sa fonction d’ambulance et assurer la sécurité
médicale pendant le sommet. Lors de la cross examination menée par le
parquet, l’accusé précise à ce sujet qu’il a choisi l’hôpital général
car, « c’est l’hôpital de référence de Yaoundé ». Non sans rappeler
qu’en tant que chef de service de chirurgie médical dans cet hôpital, il
connaissait ses besoins.
Quant aux deux camions de ramassage d’ordures,
toujours des dons de la Corée pour le sommet de l’Oua, Titus Edzoa
affirme que les deux camions ont été remis à la mairie de Yaoundé III,
le 27 août 1996, deux semaines après le sommet de l’Oua. « Madame la
présidente, vous pensez vraiment que ce sont des véhicules de ramassage
d’ordures que je vais voler alors que, par ailleurs, on m’accuse d’avoir
volé des milliards ? »
Le procureur de la République, lui, affirme que c’est un seul camion qui
a été remis à la mairie de Yaoundé III, à en croire la déposition du
maire d’alors. Et les deux « Sssanyong » ? Ces voitures ont été mises à
la disposition du président du comité d’organisation du sommet de l’Oua,
Titus Edzoa. « Elles sont restées en ma possession après le sommet en
attente de la clôture du procès-verbal du sommet tel que prévu par le
décret organisant le Cno ». Le procureur bondit et affirme qu’un de ces
véhicules a été accordé à M. Bayiya, pour les déplacements en vue de la
préparation de la campagne présidentielle. « Je ne veux pas m’étendre
sur cet aspect », lui a rétorqué l’ex Sg/Pr.