Thomas N´kono: » Mon image,je l´ai travaillée pendant 40 ans de carrière »

Cameroun/Thomas N´kono: » Mon image,je l´ai travaillée pendant 40 ans de carrière »Dans un entretien à bâtons rompus avec nos confrères de RTS à Yaoundé, l´ancien dernier rempart des lions indomptables ne fait pas dans la langue de bois qui l´a toujours caractérisé. Tour à tour, il compatit au décés de Louis Paul Mdédé, présente le projet ASPIRE CAMEROUN dont il est le nouveau responsable, mais  ne porte pas de gants lorsqu´il évoque sa rivalité sportive et ancienne avec ses anciens coéquipiers, gardiens de l´équipe nationale du Cameroun. C´est un "Tommy" pas humble que le grand public découvre à la lecture de cette entretien retranscrit par nos soins.

Le Cameroun, la crise, l´atmosphère, comment trouvez-vous tout cela?

La crise existe partout, même en Europe. C´est normal qu´elle se fasse beaucoup plus ressentir dans nos pays. Mais malheureusement ou heureusement, il faut essayer d´aller de l´avant, essayer d´être optimiste.

Le football se meurt au Cameroun. Vous les anciens footballeurs, ne vous inquiétez pas?

C´est normal que nous soyons inquiets. C´est quelque chose que nous avons construit; cela n´a pas été l´œuvre d´un seul jour. Il a fallu qu´on fasse des sacrifices; il a fallu par exemple, ceux qui ont participé avec  moi dans les championnats des années passées, qu´on puisse voyager dans des conditions qui n´étaient pas humaines. Mais heureusement, on a réussi malgré tout ce qu´il y a eu á jouer á un haut rendement.

Prenant la parole à la suite de l´entretien de Jean-Paul Akono en évacuation sanitaire à Paris...

Oui "Tommy" vous savez ce que c´est qu´un malaise cardiaque?

Dieu merci, je n´ai pas encore eu cette possibilité de savoir ce que c´est; j´ai vécu beaucoup de cas. Effectivement, c´est un malaise qui aujourd´hui touche beaucoup de sportifs. De là mon appel  à tous les docteurs, à tous ceux qui veillent surtout sur la santé du football amateur, parce qu´il faut bien le dire, c´est là où touche le véritable malaise, parce que, au départ des championnats, beaucoup de nos jeunes joueurs ne sont pas suivis.

Donc, il faut qu´on fasse très attention parce que délivrer un certificat médical sans vraiment être sûr du diagnostic qu´on donne parfois peut recevoir parfois des coups beaucoup plus difficiles.

Aspire revient au Cameroun et c´est grâce à vous...

Oui, grâce à la volonté aussi du Qatar et celle de la fédération, parce que même si on tire sur la fédération, c´est la fédération qui était là, qui a aussi donné son appui pour que ASPIRE revienne au Cameroun. Il faut dire les choses d´une manière claire.

Comment cela s´organise-t-il sur le terrain. IL parait qu´il y a 3 camerounais qui vont être retenus sans conditions pour suivre une formation dans le cadre de ce projet ASPIRE.

Le projet ASPIRE, comme vous le savez, commence en 2007 dans tout le monde entier. Nous ne sommes pas seulement les camerounais; il y a des ghanéens, des maliens, des sénégalais, des nigérians. Donc le Cameroun ne fait que faire  partie des pays qui sont élus pour être dans ce projet. Il est composé de coordinateurs, qui sont bénévoles, il faut bien le dire, qui viennent donner un coup de main à ASPIRE dans ce projet qui est beaucoup plus humanitaire parce que quand nous voyons d´où sortent les joueurs,  comment ils vivent et comment ils arrivent à la fin, à être bacheliers par exemple, vraiment il faut qu´on dise que c´est un projet qui aide beaucoup plus á nos jeunes frères que tout ce qu´on a pu être dire autour de ce projet.

On se souvient que c´est carrément l´image du Cameroun qui a été ternie avec ce projet. Comment avez-vous fait pour que le Qatar redonne confiance au Cameroun?

Vous savez, j´ai travaillé mon image. Mon image, c´est une étiquette. Mon image, je l´ai travaillée pendant 40 ans de carrière. Je ne peux pas mettre mon image dans un projet qui va souiller mon pays, qui va souiller cette étiquette, parce  que mon étiquette n´a pas de prix; parce que c´est un produit qui pour moi doit être vendu tranquillement dans le monde entier.

"Tommy", vous avez dit que le projet ASPIRE a déjà commencé. Comment se manifeste-il sur le terrain?

Le projet ASPIRE, d´abord, il faut qu´on vous fasse confiance, qu´on vous donne à travers une société qui reçoit bien sûr de la fédération du Cameroun déjà une permission de pouvoir agir sur le territoire camerounais. Et à partir de là, nous plaçons des coordinateurs ; cette année par exemple, nous aurons 60 sites de là sortiront 10.000 jeunes joueurs. Dans chaque site se joueront 10 matches; de là viendront des scouts de l´Europe pour pouvoir évaluer les meilleurs.

Pour bien comprendre, les premiers scouts viendront au Cameroun pour retenir 50 meilleurs jeunes footballeurs; les seconds scouts retiendront un certain nombre et les derniers scouts retiendront les 3 meilleurs.

Parlez-nous des 03 joueurs déjà sélectionnés. Où se trouvent-ils actuellement?

Disons qu´ils sont 03 joueurs. J´ai eu le contact de monsieur Sonkeng qui est entrain de les faire partir pendant le mois d´août parce que, vu les relations que j´essaie de tisser avec la fédération le Qatar, le Cameroun vient de profiter d´un stage gratuit de deux semaines au niveau Qatar grâce à ces liens d´amitié qui lient ma société au Qatar.

Ce stage n´a rien à voir avec la suspension actuelle du Cameroun par la Fifa?

Le Cameroun est suspendu bien sûr, mais au niveau de la francophonie, cela ne sera pas le cas. Donc l´équipe A` juniors du Cameroun ira passer un stage gratuit de deux semaines au Qatar au mois d´août. Oui, ce sont des compétitions qui n´ont rien à voir avec la Fifa.

Dans ce projet ASPIRE, est ce que vous êtes à l´abri des pots de vin des parents qui viennent vous voir pour faire sélectionner leurs enfants?

Même pas ! Il n´est même pas question que je sois là. Même  si j´étais là, je ne fais même pas partie de ceux qui choisissent. Ce sont des européens qui viennent faire le travail comme des professionnels. Ils ne connaissent même pas les joueurs; ils choisissent juste  ceux qui ont du talent et à partir de là, il ya 50 joueurs qui sont choisis et qui jouent une finale à Yaoundé.

D´ailleurs, je profite de cela pour rappeler à notre fédération ou à la direction technique nationale qu´ils soient  prêts parce qu´au mois d´octobre, pendant 04 jours, il y aura la finale nationale  au Cameroun des 50 meilleurs jeunes joueurs du Cameroun. Donc même si on sélectionnait 03 joueurs, il resterait 47 sur 10.000 qui pourraient apporter aux équipes nationales cadettes, etc..Donc il va falloir que la DTN ou nos entraineurs soient prêts pour être là pour, pour pouvoir choisir les meilleurs talents de notre football.

Décidemment, Tommy vous ne vous lassez pas. Il ya quelques semaines vous étiez entrain d´initier la première édition du Gaokeeper Day » d´ Idriss Carlos Kameni.

Mon obligation est de donner. Moi, je suis quelqu´un du terrain. C´est vrai que beaucoup veulent être dans les bureaux. Ma vocation est celle-là. Ma vocation, c´est transmettre; je l´ai choisie et c´est là où je me sens heureux et j´espère que cela va durer longtemps.

Au sujet du décès de Louis Paul Mfédé

Louis Paul Mfédé est parti; on va l´enterrer la semaine prochaine. Vous à votre niveau, qu´est ce que vous avez fait?

À mon niveau, j´ai essayé d´organiser ce que nous avons appellé le cercle d´amis de Louis Paul Mfédé. Donc nous avons fait de notre mieux. Nous essayons faire de cela au moins qu´on puisse noter notre présence parce que c´est vrai, il ya eu d´autres malheurs que, de par mes obligations professionnelles malheureusement, je ne pouvais pas être là. Mais vu que je suis au Cameroun, vu que j´étais là, il fallait bien que je puisse collaborer, que je puisse tenter de sortir quelque chose et j´espère que beaucoup de gens à travers adhéreront.

Tommy, quels souvenirs gardez-vous de Louis Paul Mfédé? Le meilleur surtout.

Le meilleur, c´est que c´est moi qui l´introduis à Figueras quand il vient en Espagne. Sa famille est restée chez moi pendant 1 mois. Donc c´est quelqu´un qui avait beaucoup de talent; un enfant vraiment très très gentil. Vous savez parfois, dans le sport et dans la vie, il faut avoir de la chance sur tous les points de vue. Mais Louis que j´ai connu, c´est quelqu´un de décidé, qui vraiment était professionnel, qui aimait ce qu´il faisait et malheureusement, malgré sa jeunesse, il est parti.

Concernant les lions indomptables, vous avez été sur le banc de touche. Aujourd´hui la Fifa nous a donné 3 points face au Togo. Croyez-vous que le Cameroun peut passer quand vous voyez l´équipe jouer actuellement?

Vous savez, il y a une chose qui est claire, moi je veux que tous nos jeunes frères puissent réfléchir dans la vie á travailler par des objectifs parce qu´une coupe du monde ne se prépare pas en 1 mois. Pour aller à une coupe du monde, il faut se préparer pendant 4 ans. Parfois chez nous on est surpris qu´on nous élimine. Il faut être préparé mentalement, physiquement. Donc mon souhait est que ceux qui veulent vraiment y aller, ils ont le temps de pouvoir y réfléchir et de se fixer un objectif.

En rapport avec les anciens lions indomptables qui réclament le paiement de leurs primes

Vous pensez que le Cameroun vous a donné par rapport à ce que vous donné au drapeau?

Moi, je donne au Cameroun, j´aimerais continuer à donner au Cameroun ce que j´ai appris. Donc, je ne demande pas que le Cameroun me remette ce que moi je lui ai donné. Moi j´ai toujours cherché à donner au Cameroun, c´est mon objectif.

Là où je me trouve aujourd´hui, je tente de transmettre. Si je peux donner un plus par rapport à ce que je suis, parce que´il ne faut pas l´oublier, il faut bien que je le dise, cela fait 15 ans que je suis dans le monde du football professionnel, entraineur des gardiens de buts et je suis le seul africain á ce que je sache dans ce monde.

Donc si j´y suis, c´est parce que j´ai peut-être un petit niveau. Donc il faut que beaucoup réfléchissent et se disent que peut-être qu´il y a quelqu´un, un camerounais, qui peut amener quelque chose par ce qu´il fait à l´étranger.

"Taclant Bell et Songo´o, ses anciens coéquipiers á l´équipe nationale du Cameroun"

À l´époque on parlait, si ce n´est pas Bell, c´est Thomas N´kono. À la sélection, si ce n´est pas N´kono, c´est Songo´o. Que´est ce qui faisait la particularité de thomas N´kono à cette époque?

On ne peut pas comparer le jour et la nuit.

Ce numéro 16, était-il volontaire ? L´avez-vous aimé ou bien, parce qu´on sait que le gardien, c´est le numéro 1

 
Le 16, je le prends parce que beaucoup de gens discutaient le 1. Donc j´ai dit, la chose la plus importante, c´est d´avoir un numéro et j´ai pris le 16. Le 16 représente les 7 jours (1+6=7) et les 7 jours de la semaine, il y a du travail.

© camer.be avec RTS (entretien) : Issa-Behalal (transcription)


09/07/2013
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