Thierry Michel Atangana: Un personnage à origine multiple
Pourquoi tant de controverses autour de la personnalité de Thierry Michel Atangana ? « Quand on veut noyer son chien, on l’accuse de rage ». Cette déclaration d’un proche de Thierry Atangana traduit à suffisance tout le mystère qui est entretenu autour de ce dernier. Lorsqu’il est arrêté en 1997, nombreuses sont les histoires qui se racontent sur sa personne. « C’est quelqu’un qui a été appelé en Arabie Saoudite par sa sœur qui épousait un pétrodollar. Celle-ci l’a aidé à porter beaucoup d’argent et à s’enfuir. Et comme il ne pouvait entrer avec cet argent au Cameroun sans être inquiété, il a été aidé par Titus Edzoa à qui il a promis financer les activités politiques pour l’élection présidentielle de 1997. Sa sœur a été assassinée par ce Saoudien qui n’a pas digéré le coup », pouvait-on entendre raconter. Pour d’autres, la version est toute autre. « Il a retrouvé sa sœur en France, elle qui habitait avec un de leurs oncles impliqués dans les affaires. Ce dernier a traité une affaire avec un Juif qui est venu lui remettre le fruit de la transaction. N’ayant pas trouvé cet oncle, il a laissé le paquet. Thierry et sa sœur s’en sont accaparés et lui, a été chargé de revenir au Cameroun sécuriser cet argent. Son oncle n’a pas pu admettre cela et a décidé s’en prendre à sa nièce et l’a assassinée ». Pour d’autres encore, Thierry Atangana n’est pas natif de Nsimeyong, un quartier de la ville de Yaoundé. « Il est le fils du Sultan Mbombo Njoya. C’est d’ailleurs pourquoi Jean Fochivé l’a aidé à entrer avec tout l’argent qu’il a volé chez les Blancs ». D’aucuns ont encore remis en doute sa « prétendue » nationalité française.
Autant de choses qui permettent aujourd’hui de se poser la question de savoir ce qui se passe réellement et pourquoi Thierry Michel Atangana fait-il si peur. A tort ou à raison, les détracteurs ont voulu entretenir l’image selon laquelle l’ancien président du COPISUR est très dangereux. Il faut démontrer d’éventuelles connexions avec les réseaux mafieux pour laisser croire au prince d’Etoudi que c’est vraiment lui qui voulait déstabiliser son régime. Tout laisse croire que certaines personnes s’en servent pour régler leurs comptes au président du COPISUR. Au sein du comité, certains croyaient que les lignes de crédit signifiaient que les liquidités étaient déjà disponibles. Il fallait donc « crucifier » Thierry Atangana afin de rester gérer ce budget « appétissant » de plus de 332 milliards de F Cfa.
Appétits et vengeance
C’est le cas avec le vice-président du comité, Dieudonné Ambassa Zang qui a toujours estimé que la place de président lui revenait de plein droit. « A la suite de cette note, Monsieur le Secrétaire général de la présidence de la République (SGPR), le Pr Joseph Owona, qui partageait mon point de vue, m’a fait venir dans son cabinet et m’a fait comprendre que, compte tenu de mon expérience, il s’attendait plutôt à ce que je puisse présider ce comité et a fait des propositions dans ce sens au Chef de l’Etat. Au reçu de cette note sur laquelle il y avait les propositions de Monsieur le secrétaire général, le Chef de l’Etat a plutôt demandé que soit suivie la proposition de l’entreprise Jean Lefèbvre », disait Ambassa Zang dans une note adressée au Sgpr. Et un autre, Mapouna, ancien Secrétaire particulier de Titus Edzoa, de continuer « Je connaissais le Pr Edzoa 20 ans avant lorsque j’introduis à ses côtés Atangana Thierry. Mais malheureusement un an plus tard, je suis substitué par lui auprès de mon patron, et au-delà, auprès de la famille de celui-ci. .. J’en veux à Atangana Thierry pour cela. Et aujourd’hui, je regrette de l’avoir introduit auprès de Titus Edzoa ». Au niveau de la présidence de la République, il faut régler des comptes à quelqu’un qui a fini par faire « ombrage ». « Ce comité s’est donc mis à fonctionner en dehors de ma division bien que s’occupant des activités qui statutairement relevait de ma compétence… Je tiens à préciser que tout cela n’a été rendu possible qu’avec la complicité de monsieur le Secrétaire général de la présidence de la République…J’ai également réalisé que M. Atangana Abega Michel Thierry pouvait même mettre mes collaborateurs en mission sans que mon avis soit requis », soulignait lors des enquêtes Tikela Kemonne Dodou, alors chef de la Division des affaires économiques de la présidence de la République. Il en est de même du ministre des travaux publics de l’époque, Jean Baptiste Bokam, qui voyait d’un mauvais œil que des travaux de construction de route lui soient ôtés.