Thierry Atangana: « J'espère sortir de prison vendredi ou au plus tard lundi »


Michel Thierry Atangana«...L'intervention de l'ONU a forcément influencé Paul Biya, estime Michel Atangana. Mais la mobilisation du président François Hollande en ma faveur a également joué. Il a notamment écrit en janvier une lettre au ton très ferme » a déclaré Michel Tierry Atangana

Le franco-camerounais, détenu depuis 1996 au Cameroun dans des conditions dénoncées par l'ONU, pourrait être enfin libéré. Le président Paul Biya a pris le 18 février un décret de remise de peine qui le concerne directement. Michel Atangana s'est confié depuis sa cellule par téléphone à L'Express.
 
La voix est toujours aussi ferme. Mais pour la première fois, il y perce beaucoup d'espoir. "Cette fois je crois vraiment que c'est en bonne voie", a déclaré Michel Atangana à l'Express.fr de sa cellule où il est maintenu à l'isolement. Depuis 1997, date de son incarcération au Cameroun dans des conditions rocambolesques, le franco-camerounais n'avait jamais autant cru à une libération rapide. "Demain c'est un jour de fête nationale, dit-il, mais j'espère sortir de prison vendredi ou au plus tard lundi".

Un décret signé du président Paul Biya, le 18 février 2014, est à l'origine de ce rebondissement trop longtemps attendu. L'alinea 5 de l'article premier du document semble avoir été écrit sur mesure pour Michel Atangana. Il prévoit "une remise totale de la peine à purger en faveur des personnes condamnées à une peine d'emprisonnement à temps pour détournement de fonds public, et dont le séjour en milieu carcéral, en raison des condamnations intervenues pour des infractions de même nature, est supérieure à dix ans". Ce descriptif répond trait pour trait à la situation du prisonnier français, condamné d'abord en 1997, à l'issue d'un procès nocturne et sans l'assistance d'un avocat. Il lui était alors reproché d'avoir dérobé de l'argent à l'Etat, sans qu'aucune preuve matérielle de ces accusations ne soit apportée. Il avait été puni de 20 ans d'emprisonnement et incarcéré dans les sous-sols du ministère de la défense.

La prise de position émanant de la seule et unique autorité au Cameroun, Paul Biya, parait bien être un pas décisif vers la remise en liberté. "La radio nationale a confirmé, jeudi soir, ce décret. Et on m'a tout de suite dit que j'étais directement concerné" reprend Michel Atangana. Prudent, ce dernier préfére tout de même attendre d'avoir quitté la prison pour se laisser aller au soulagement et à la joie. "Peut-être vais-je faire un passage à l'ambassade de France, poursuit-il, mais j'espère très vite être à Paris et vivre enfin le terme de cette situation totalement anormale".

Mobilisation très forte à Paris

Comment expliquer ce retournement du pouvoir à Yaounde, alors qu'il y a quelques semaines encore, le sort du détenu semblait scellé. Il venait d'être condamné une seconde fois et pour les mêmes faits -, à vingt années supplémentaires d'emprisonnement. 

Le haut commissariat aux droits de l'homme a exigé du Cameroun, le 6 février, "la libération immédiate" du Français, et "une indemnisation" pour ses dix-sept années de détention. Cette déclaration publique de l'organisation internationale a eu beaucoup de retentissement au Cameroun. "Elle a forcément influencé Paul Biya, estime Michel Atangana. Mais la mobilisation du président François Hollande en ma faveur a également joué. Il a notamment écrit en janvier une lettre au ton très ferme" à son homologue camerounais.

A Paris, la mobilisation a également été très forte par l'intermédiaire de l'avocat Eric Dupond-Moretti et du comité de soutien au prisonnier. "Toutes les conditions sont enfin réunies pour qu'il soit libéré sans délai", estime son président, Dominique Sopo, toutefois retenu par un reste de prudence. "Il faut rester vigilant. Par le passé quelques annonces spectaculaires n'ont pas toujours été suivi d'effet". Du fond de sa cellule, Michel Atangana pense à tous ceux qui l'ont aidé. "Chaque phrase m'a donné envie de continuer le combat". Il espère pouvoir bientôt les remercier de vive voix.

L'express




20/02/2014
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