YOUWIN2018

La chaleureuse poignée de main entre le président de la République et le leader de l’opposition avait été longtemps souhaitée et attendue. Avant même l’annonce de la tenue du cinquantenaire.

«Monsieur Ni John Fru Ndi, je suis heureux de te voir ». Cette phrase prononcée en anglais, par le président Paul Biya, le vendredi 10 décembre 2010, jour de la célébration de la journée internationale des droits de l’homme, restera à jamais gravée dans l’esprit des Camerounais. C’est ce jour que le président Paul Biya, en séjour prolongé dans la ville de Bamenda, a choisi pour accorder des audiences avec dans les rangs des personnes à recevoir, le leader de l’opposition camerounaise. Un fait inédit depuis l’avènement du multipartisme au Cameroun depuis 1990.

Le déclic de cette rencontre historique entre le président Paul Biya, par ailleurs président national du Rdpc qui a vu le jour à Bamenda le 24 mars 1985, a commencé avec la sortie de ce dernier sur le plateau de la chaîne de télévision France 24 en 2007. Pendant l’entretien, le président Biya, répondant à une question de journaliste, avait laissé entendre que qu’il avait envoyé une invitation à John Fru Ndi qui n’avait pas honoré le rendez-vous. Une déclaration qui avait mis Fru Ndi dans tous ses états. A la presse nationale, le chairman du Social democratic front (Sdf) avait laissé entendre que le président Biya s’est trompé, pour ne pas dire « a menti ». C’est au lendemain de cette sortie médiatique de Paul Biya en France que Ni John Fru Ndi révèlera qu’il avait pris soin d’écrire à monsieur Biya dans le but d’être reçu en audience. Une lettre qui d’après lui était restée sans suite.
 

Avec l’annonce de la tenue du cinquantenaire dans le chef lieu de la région du Nord-Ouest, Bamenda, qui a également vu la naissance le 26 mais 1990 du Social democratic front, soldée par le décès de 6 militants dudit parti, « piétinés par balles », avait annoncé le gouvernement, beaucoup de personnes avaient vu en cette célébration un tournant décisif pour une rencontre entre Paul Biya et Fru Ndi. Pour un même évènement, la célébration du cinquantenaire des forces armées, on a enregistré 3 dates. Les 29 et 30 novembre, les 7 et 8, puis les 8 et 9 décembre. Ce qui n’a en rien entamé la sérénité de John Fru Ndi qui avait annoncé depuis qu’il invite à son domicile à Ntarinkon le président Biya pour un dîner pendant son séjour à Bamenda. Le 8 décembre, les deux hommes ont mangé ensemble à la maison du parti de Bamenda même si ce n’était pas sur une même table.

Dans une interview exclusive accordée à La Nouvelle Expression, et publiée le jour même de la cérémonie, John Fru Ndi avait déclaré qu’il est disposé à rencontrer le président Biya à Bamenda. Ce qui traduisait sa volonté pour une ouverture du dialogue politique au Cameroun. L’arrivée, à 10 heures, du Chairman à la place des fêtes de Bamenda, au Commercial Avenue, avait été beaucoup saluée par des observateurs de la scène politique camerounaise. Il était entouré des députés et autres membres du bureau national du Sdf. En plus des banderoles de son parti qui flottaient également dans la ville, au milieu de celles du Rdpc, souhaitant la bienvenue au président de la République, John Fru Ndi avait mobilisé des milliers de ses militants, habillés aux couleurs vert et blanc et munis des fanions du parti. Cela a duré pendant tout le séjour de Paul Biya à Bamenda.
 

Quelques jours auparavant, le cabinet civil de la présidence de la République, à en croire des confidences, avait appelé le Chairman pour lui faire part de ce que le chef de l’Etat devait le recevoir à Bamenda. Par la suite, c’était deux autres appels du gouverneur du Nord-Ouest, Abakar Ahamat, pour confirmation. Contre toute attente, la première audience du 8 décembre à 16 heures n’a pas eu lieu. Certaines informations avaient même circulé à Bamenda, faisant état de ce que le Chairman devait donner un point de presse pour expliquer pourquoi cette rencontre historique n’a pas eu lieu. Mais ce n’était qu’un canular. Le lendemain, date programmée pour le retour du président Biya, les mêmes rumeurs, sans fondement, ont fait état d’une audience à 10 heures, puis à 16 heures avant le départ du président. Ce dernier décidera, contre toute attente de passer une nuit supplémentaire dans sa seconde ville. Jusque tard dans la nuit, Fru Ndi et ses proches étaient loin de savoir que cette audience devait finalement avoir lieu. Ce qui fut fait. Après près de 3 heures d’attente, l’historique poignée de main entre le président Biya et Ni John Fru Ndi, aura finalement lieu à 13h30. Une image qui a fait le tour du monde et consacre le début du dialogue politique, entre le régime en place et l’opposition